LES RÊVES DE BAREGEYA : quand les quotas ethniques caressent la corde sensible de l’ethnisme
Les opinions divergent au sujet des quotas ethniques dans les institutions. Malheureusement, le venin sort quand les langues se délient à ce propos. Mais c’est l’avis de François Xavier Ndaruzaniye qui pousse Baregeya à rêver d’un Burundi meilleur. Selon cet activiste, ce sont des Tutsi qui sont dans les services qui payent bien : les ONGs, les établissements qui ont beaucoup d’argent etc. Donc, il n’est pas encore temps de cesser de se référer aux quotas ethniques. Comme si demain il y aura équilibre ethnique partout.
Opinion par Mahoro, (SOS Médias Burundi)
___________________________________________
Je ne vois que des merveilles. De petits enfants faisant la parade militaire.
Ils sont suivis par des jeunes et des adultes. Tous marchent au pas rythmé comme de vrais soldats.
Comme ils sont fiers de marcher de la sorte.
Waouh! On danse à l’honneur d’un homme géant, et boitant. Apparemment c’est le commandant en chef. Il a le visage grave. Il regarde juste comment les cérémonies se déroulent.
Quand il prend la parole, tout le monde écoute comment il enseigne l’amour de la patrie, l’amour du prochain et le respect mutuel.
Par-dessus tout, ces jeunes apprennent les langues, les sciences, le civisme, etc. Quel homme providentiel!
Ces enfants portent des casquettes et des habits estampillés l’aigle. Tout le monde apprend. Ils sont très compétitifs en langues, en TIC, en sciences etc. Bravo à ce cher monsieur et son aigle.
Rêve et tais-toi !
Finalement c’est le pire cauchemar. Ces enfants sont appelés « Ibiswi vy’i’kona » (les poussins de l’aigle), les jeunes sont des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD). Paysans, étudiants et fonctionnaires sont assis ensemble, contraints d’assister à cette vision ignoble.
En longueur de journées, on leur enseigne des mensonges à caractère divisionniste en rapport avec l’histoire du Burundi. Une déformation sciemment ourdie avec le seul objectif de montrer comment les Hutu ont toujours été victimes de la méchanceté des Tutsi.
Quelques pauvres Tutsi sont dans ce groupe et suivent bien malgré eux.
Que deviennent ces gens?
Ces petits enfants qui passent beaucoup de temps à mémoriser les pas de parade militaire rentrent harassés. En classe, ils n’ont que ces pas en tête. Leur éducation scolaire en devient victime, même si, il faut le reconnaître, leurs enseignants ont également un savoir lacunaire.
Au secondaire comme à l’université, il est rare d’en voir de bons. La cause, les bêtises politiques qui leur sont inculquées les affectent.
Au lieu de revoir les notes, c’est le rassemblement pour le parti de l’aigle. Un lavage de cerveau savamment orchestré.
Au lieu de travailler dans les champs, ils sont envoyés dans les sentiers et rues « pour veiller » à la sécurité nationale où ils ne font que racketter les pauvres citoyens. Conséquence, la récolte est mauvaise et la grogne de la population ne fait que monter.
Pire encore, à l’université du Burundi, les autres étudiants font la recherche, révisent les notes mais nos Imbonerakure montent la garde. Ils tabassent qui ils veulent et volent ou violent.
A la fin de l’année, ils réussissent de force. Gare au professeur qui oserait leur coller un échec. D’ailleurs, le règlement académique est taillé sur mesure. Il est difficile, voire impossible d’échouer pour eux.
A ce moment, le gros des enfants, majoritairement des Tutsi, suivent convenablement leurs études. Enfin, presque. Certains sont même à l’étranger. Mais, ce ne sont pas que des Tutsi quand-même.
Compétitifs vraiment?
Comment alors, sur le marché du travail, des jeunes qui ont grandi dans ces conditions dès le bas âge, vont-ils convaincre?
Quel est ce chef d’entreprise qui va recruter un ingénieur avec un coefficient intellectuel proche de zéro?
Peut-on imaginer un hôpital privé recruter des techniciens médicaux qui ne sont même pas capables de faire une injection?

Sans le démontrer du matin au soir, même un Hutu qui met sur pied une usine aura besoin de techniciens compétents. Croyez-vous qu’à FOMI, Musumba Steel, Zion Hotel, Burundi Brewery, …., ils vont le recruter, juste parce que c’est un Imbonerakure?
Même Eagle Water a besoin d’un personnel compétent et qualifié, capable de faire avancer la boîte. S’il y a un Imbonerakure qui en a les capacités, il est bien sûr le bienvenu mais, très peu de ces Imbonerakure qui ont étudié au Burundi ont le niveau requis.
Néanmoins, la réalité est affligeante, puisque ces mêmes sociétés, hautement politisées au goût efdédéisant* , ne recrutent qu’en fonction de l’appartenance politique et, donc, le principal critère considéré et le statut de membre du parti de l’aigle.
Chers Hutu, réveillons-nous !
Du temps de la deuxième République, sous Bagaza, nous nous plaignions des fameux « U »et « I » pour distinguer les enfants hutu des tutsi lors du concours national. Ainsi les écoliers hutu étaient discriminés. Nous en sommes arrivés à qualifier cela de génocide intellectuel. Avec raison.
Chers Hutu, ne voyez-vous pas que nous creusons nous-mêmes notre propre gouffre?
Quand François Xavier Ndaruzaniye, président de la ligue des droits de l’homme Izere, dit qu’il n’est pas encore temps de ne pas considérer les quotas ethniques « parce que là où il y a du pognon, ce sont les Tutsis qui y travaillent, pensez-vous que nous serons engagés à cause du nez ? »
Qu’on cesse de nous manipuler. Même Révérien Ndikuriyo, patron du CNDD-FDD, ne recruterait un employé sans considérer un minimum de compétences.
Ce n’est pas parce qu’on chante pour lui plus qu’on ne le fait pour le président de la République qu’il le ferait.
Et d’ailleurs, l’Accord d’Arusha ne prévoit pas des quotas ethniques dans des services privés et les ONGs. Détrompez-vous !
Je sais que Ndikuriyo pense comme Ndaruzaniye, et c’est même son maître à penser, mais ces bêtises ne font que nous distraire. RÉVEILLEZ-VOUS!
About author
You might also like
Les rêves de Baregeya : Inflation sur inflation et perdition des cœurs
Ventre creux suite à la montée exponentielle des prix des denrées alimentaires, bref une misère totale des « vrais » Burundais, risque de faire déborder le vase. Dépassé par des
Opinion : une décision de condamnation à des peine lourdes et des amendes exorbitantes signifiée en différée pour des pris pour opposants « putschistes », pour quoi aujourd’hui?
Chaque chose a son temps disait Qohélet et chaque chose a sa raison d’être dans son temps. Une copie de l’expédition en forme exécutoire d’un arrêt RPS 100 rendu par
Burundi : des dirigeants vendeurs de chimères en parlant de l’agriculture
Le parti au pouvoir a lamentablement échoué en politique agricole. Les dignitaires se montrent modèles dans des projets agricoles, tous, ou presque, comme ils investissent et veulent tout rafler dans