Burundi : Agathon Rwasa demande l’autorisation d’organiser des assemblées régionales et un congrès ordinaire

Burundi : Agathon Rwasa demande l’autorisation d’organiser des assemblées régionales et un congrès ordinaire

Le président contesté du parti CNL (Congrès national pour la liberté) dit être préoccupé par la tenue de ces activités qui, peut-être vont amener à mettre fin aux problèmes que connaît son parti actuellement. Dans une conférence de presse animée ce jeudi à son domicile dans la ville commerciale Bujumbura (parce qu’il ne peut pas accéder à la permanence), Agathon Rwasa a demandé au ministre de l’intérieur de permettre à cette formation politique de « tenir un congrès ordinaire et d’autres assemblées ». (SOS Médias Burundi)

L’ancien chef rebelle Hutu a regretté que « le ministère nous a interdit d’organiser une retraite qui allait se tenir le 20 de ce mois d’août et a ordonné au parti de reporter cette activité pour une date ultérieure ».

Au cours de cette conférence de presse, Agathon Rwasa a annoncé la tenue d’un congrès du CNL très prochainement. Il a sollicité une facilitation du ministère en charge des affaires intérieures « pour de tels événements si importants pour le parti ».

Pour lui, une retraite pour tous les responsables du parti va sûrement leur permettre de régler les différends qui existent au sein de la principale formation politique d’opposition au Burundi.

Destitution à la tête du parti

Pour la première fois, il s’est exprimé sur le cas des dix membres du bureau politique qui ont récemment déclaré sa destitution et l’ont remplacé par Marie Immaculée Ntacobakimvuna.

« Nous déplorons l’attitude des dix dissidents qui, au lieu de bien lire les signes des temps, continuent à se comporter comme des irresponsables en menant des activités qui les dégradent et qui n’avancent en rien le parti CNL », a déploré le leader CNL contesté.

M.Rwasa a demandé aux militants du CNL de « rester solidaires et se préparer aux activités à venir ».

Martin Niteretse, ministre en charge des affaires intérieures

Le ministre Martin Niteretse en charge de la gestion des partis politiques dans la petite nation de l’Afrique de l’est n’a pas encore réagi à ces sollicitations.

Mesure décriée

Début juin cette année, M.Niteretse a suspendu toutes les activités du principal parti d’opposition au Burundi expliquant qu’il a voulu « éviter de probables confrontations entre militants du CNL », une formation politique qui traverse une crise interne depuis plusieurs mois.

Agathon Rwasa a toujours parlé de « décision illégale et unilatérale politiquement motivée pour favoriser le parti au pouvoir, le CNDD-FDD » pour lequel le ministre milite.

« Pour suspendre les activités d’un parti politique, il faut que ce parti soit responsable d’une infraction par rapport à la loi nationale », rétorque M.Rwasa. Ce qui n’est pas le cas pour le CNL, d’après l’ancien chef rebelle Hutu.

Pour le moment, seules les réunions organisées pour dénouer les tensions au sein du CNL sont autorisées.

Le CNL est la principale formation politique d’opposition dans la petite nation de l’Afrique de l’est. Son leader aujourd’hui contesté, Agathon Rwasa qui est un ancien chef rebelle des FNL (Forces nationales de libération) qui deviendra plus tard un parti politique avant d’être récupéré par certains de ses membres avec la complicité du parti présidentiel, est un opposant historique.

Plusieurs rapports des organisations de défense des droits humains burundaise et internationale ont souvent dénoncé les abus que subissent ses militants dont les assassinats,les disparitions forcées, les enlèvements, la torture et les emprisonnements illégaux.

Une pratique du CNDD-FDD ?

« Souvent, les partis politiques traversent des crises de gestion interne de temps en temps et c’est normal. Mais ce qui n’est pas normal, c’est que le gouvernement en profite pour récupérer une faction et affaiblir ainsi l’ensemble du parti », estime Carina Tertsakian, chercheuse associée à l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB).

Des militants du CNL dans un rassemblement
Des militants du CNL lors d’un rassemblement de leur parti

Elle parle d’ingérence politique qui a caractérisé plusieurs autres ministres en charge de la gestion des partis politiques dans le passé.

« Dans ce sens, l’ingérence du ministre de l’intérieur dans les affaires internes du CNL rappelle les interventions de ses prédécesseurs qui ont fini par diviser ou même détruire certains des partis d’opposition dans les années précédentes: les FNL à l’époque ainsi que l’Uprona , l’UPD et d’autres partis ont subi ce sort à plusieurs reprises. C’est le phénomène que l’on appelle parfois’ Nyakurisaton’ avec une faction proche du parti au pouvoir qui est reconnue par le gouvernement, et une autre faction qui est déclarée illégale ou non reconnue. Alors vu le parti pris du ministre de l’intérieur envers certains membres de la direction du CNL, il est fort probable que l’on assiste à un scénario semblable dans l’avenir proche », analyse-t-elle.

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Photo : Agathon Rwasa , leader CNL contesté

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