Burundi : les nouveaux tarifs fixés par les maisons d’assurance inquiètent l’association des transporteurs

Burundi : les nouveaux tarifs fixés par les maisons d’assurance inquiètent l’association des transporteurs

Des sanctions vont être prises à l’endroit des assureurs qui ne respectent pas les conditions d’actualisation du tarif minimum pour les véhicules à moteur. La déclaration est du secrétaire général de l’Agence de régulation et de contrôle des assurances (ARCA). L’Association des transporteurs du Burundi (ATRABU) crie au secours suite l’exagération observée dans la fixation de ces tarifs par les maisons d’assurance. La mise en application effective de la mesure a commencé le premier septembre 2023. (SOS Médias Burundi)

Joseph Butore, secrétaire général de l’ARCA, a indiqué au cours d’un point de presse dans la ville commerciale Bujumbura mercredi , que sur concertation avec les acteurs clés du secteur, ils ont conclu qu’il fallait augmenter de 44% le tarif minimum pour améliorer sensiblement le climat d’indemnisation par rapport à la branche automobile.

La mesure prise également a été d’exiger comme garantie, le payement d’une assurance annuelle avec possibilité de payer par tranches convenues entre le client et son assureur.

Joseph Butore a expliqué que cela va limiter le phénomène de transhumance de certains assurés qui font des tricheries en migrant vers une autre maison en cas de dégâts.

Ainsi donc, dans leur réorganisation, des manquements sont signalés du côté des assureurs comme l’a dit M.Butore : « il y a des assureurs qui ont appliqué le tarif minimum plus quelque chose au moment où ce quelque chose doit recevoir un visa de l’Agence de régulation et de contrôle des assurances. D’autres ont hésité à permettre aux assurés de payer la prime de façon échelonnée. »

L’ATRABU indique effectivement que les maisons d’assurance refusent le paiement par tranches et ont augmenté d une façon exagérée les tarifs jusque dans les 85%.

Le secrétaire général de l’association Charles Ntirampeba donne l’exemple d’ »un véhicule de transport type coaster de 35 places qui payait avant 932 000 francs burundais annuellement en 4 temps. Aujourd’hui, il paie plus de 1.700. 000 francs en totalité en une fois comme l’exigent les assureurs ».

« Pour nous c’est impossible », s’insurge-t-il.

Répercussions

Des conséquences ne manquent pas comme il l’a souligné, bientôt les propriétaires des véhicules ne vont plus payer les sommes demandées par manque de moyens et vont prendre des risques de non paiement des assurances tandis que d’autres préfèrent garder les véhicules à la maison.

« Malheureusement malgré l’augmentation des tarifs, on ne montre pas la nouvelle politique pour les sinistres, » s’indigne ce responsable au sein de l’ATRABU.

À ce sujet, l’autorité à la tête de l’ARCA tranquillise en disant qu’il n’y aura plus de retard dans le paiement des indemnisations.

Joseph Butore assure aussi que d’ ici une semaine, les choses reviendront à la normale car les concernés ont déjà reçu des instructions strictes y relatives et que ceux qui ne respectent pas cette décision s’expose à des sanctions.

Les transporteurs eux demandent de leur côté au gouvernement de surseoir à la mesure et prendre le temps d’étudier profondément la question.

L’ancienne tarification de ces assurances date de 2011, donc plus de dix ans.

« Toute chose a vu son prix augmenter dans notre pays depuis », a essayé de convaincre le secrétaire général de l’ARCA.

Encourager la corruption

Selon plusieurs chauffeurs de taxi, « le gouvernement vient de donner la chance aux policiers de roulage de collecter beaucoup d’argent ».

« Avec les nouveaux tarifs, personne ne sera capable de contracter une assurance. Nous serons emmenés à faire un deal avec les policiers de roulage en cas d’accident. Et une chose est claire : nous n’allions pas cesser de travailler. Les autorités vont trouver des stratégies et nous de notre côté, nous en trouverons d’autres afin de les contourner », ont expliqué des chauffeurs de taxi dans la capitale économique Bujumbura.

« Nous ne voyons plus la raison d’être des députés qui restent assis à Kigobe (siège de l’Assemblée nationale) alors que le gouvernement viole nos droits. Ils devraient démissionner », chargent-ils.

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Photo d’illustration : des files de taxis, des véhicules concernés par l’actualisation du tarif minimum d’assurance sur une station sans carburant dans la ville commerciale Bujumbura

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