Burundi : au secours ! Au secours !

Burundi : au secours ! Au secours !

Le pays agonise dans tous les domaines. Le président déblatère à tout bout de champ et ceux qu’il a nommés acclament malgré eux. Tous les secteurs de la vie sont paralysés. Les Burundais manquent de tout. Des enfants du pays meurent dans une guerre qui n’est pas la leur. Et le président ne fait que distraire par des babillards. Quoi d’étonnant que le pays croule sous sa pire pénurie de carburant.(Opinion par Mahoro)

Le pays n’a pas de carburant. Donc, les moteurs ne tournent plus. La vie s’est presque arrêtée. Tenez ! Pas de bus pour transporter les citadins pour aller vaquer à leurs activités quotidiennes. Donc pas de production. Pas de carburant pour transporter les produits de première nécessité de l’intérieur du pays vers les villes. Conséquence : les gens doivent se mettre en files pour acheter du charbon de bois dont le prix a triplé, voire plus. Du jamais vu.

Sans l’or noir, pas de véhicules pour transporter quoi que ce soit, dans un pays qui vit principalement des articles importés. Pas de moyens de locomotion même pour les malades pour se rendre à l’hôpital. Eh oui, des agonisants doivent marcher ou crever à la maison. Même les hôpitaux ne peuvent pas conserver les médicaments ou soigner sans électricité. Pas de groupe électrogène dans un pays où, à peine les lampes s’allument qu’elles s’éteignent aussitôt, et encore. Le Burundi étant l’avant-dernier pays électrifié en Afrique. Pas de quoi être fier.

Un prêtre de la communauté des Pères Dominicains, bénit le cercueil du major Ernest Gashirahamwe (le tout premier haut gradé de l’armée burundaise à avoir péri au Nord-Kivu) au moment où ses anciens compagnons d’armes se prosternent avant son inhumation, le 16 novembre 2023 à Bujumbura

Impossible pour moi de montrer comment le manque de carburant paralyse tout et a plongé de plus belle le pays dans le gouffre.

Le sucre au goût amer

Secouée par des intempéries internes et externes, avachie par les années et malmenée par ses gérants, la Société sucrière du Moso (SOSUMO) n’a pas pu résister. Elle rend, lentement, mais sûrement, l’âme. Plus de production de sucre. Ceci signifie qu’il n’y aura plus de sucre dans le pays. Même les deux kilos que l’on obtenait après avoir montré le visa : le cahier de ménage témoignant qu’on est résident du coin, ne seront plus disponibles.

La cause ? « Trop de pluies qui empêchent les tracteurs de rouler, à cause de la boue ». Rémède ? « Inviter les commerçants à importer du sucre ». Mais, quel genre de dirigeants? Par quelle magie ces importateurs le feront ? Avec quelles devises ? Par quelle voie et quels engins ? Y a-t-il des camions, des bateaux ou des avions dont les moteurs tournent grâce au vent ou par l’eau de cette pluie spéciale qui semble ne tomber que dans les champs de cannes à sucre ?

N’est-ce pas cette même usine qui a été sauvée en 2012 sur le point de sombrer ? Une année après, miracle : l’usine a été classée parmi les mieux gérées en Afrique. Mais cela n’a pas empêché le limogeage du DG qui l’a sauvée, deux ans plus tard.

En 2018, qu’est-ce les braves députés votent comme loi en rapport avec l’usine ? Sa vente, au rabais : à peine 40 milliards de francs burundais, au profit des fossoyeurs de l’économie du pays. Donc, plus de sucre pour nos enfants ?

Une éducation nationale pour fabriquer des intellectuels incultes méchants

Sans revenir sur un système d’enseignement décrié pour ses programmes mal élaborés jusqu’à remplir de fautes d’orthographe les manuels scolaires, les enfants du pays sont sacrifiés aux griffes de l’aigle.

Appelés poussins de l’aigle depuis l’école maternelle, que peut-on en espérer comme produits ? Que devient un aiglon quand il grandit ? Un rapace. C’est ce rapace qui va étudier à l’université. Au lieu de fréquenter les cours, il va passer ses nuits, même ses jours, à racketter et molester ses camarades, ou même pire : les tuer.

Sans parler du secondaire, nous constatons ensemble que les enfants du pays ne veulent plus fréquenter l’université nationale. Pourtant, celle-ci porte le symbole de « Rumuri » (la chandelle, le flambeau) qui est censé éclairer la nation. Quoi de plus normal si les dirigeants actuels ne peuvent pas éclairer le pays ! Ceux qui ne sortent pas du maquis viennent de cette « rumuri » devenue terne, qui n’éclaire plus.

Exporter la guerre au lieu des marchandises

Les militaires burundais sont connus pour leur discipline. Tout le monde l’a constaté ces dernières années. Mais les amener combattre sur une terre qui n’est pas la leur, dans une guerre qui ne profite qu’à Neva, c’est une honte pour la nation.

Une station-service sans carburant à Cibitoke ( nord-ouest)

A vos ordres mon Général Major ! Vraiment ? Pourquoi la mort de ces fils dignes du pays envoyés combattre le M23 ? En quoi cette rébellion gêne le Burundi ? Pourquoi ce président hypocrite, excusez du peu, alors président du sommet des chefs d’Etats de l’EAC, a envoyé clandestinement des militaires burundais combattre en tenue des Congolais ? Qu’y a-t-il gagné ? Des fils du pays meurent et lui, que fait-il ? On le voit raconter ses bobards dans des conférences suivies par des béni-oui-oui.

Quelle mouche l’a piqué pour aller provoquer cette rébellion alors qu’il y en a une qui combat le Burundi déjà ? Le M23 a écrabouillé les Burundais. Si demain il s’allie aux mouvements rebelles burundais, qui veut parier si l’armée de Neva ferait le poids ! Voilà ce dont est capable Evariste Ndayishimiye et sa clique, comme si les maux qui s’abattent sur le Burundi ne suffisaient pas. Rien d’étonnant. Après près d’une décennie au maquis, les crépitements d’armes lui manqueraient-ils ?

Neva, never pour moi

M. le président, jusqu’où irez-vous ? Que voulez-vous au juste ? Pourquoi procédez-vous de la sorte ? Vous n’avez certainement aucune réponse. Vous avez trop pataugé depuis plus de 3 ans, maintenant vous risquez de couler dans cette rivière plus boueuse que les champs de la SOSUMO. Attention ! Vos bottes ne sont pas plus puissantes que les pneus des tracteurs qui s’embourbent dans la boue.

Vue partielle d’une file de gens à la recherche du charbon de bois dans la ville commerciale Bujumbura, décembre 2023

Comment se fait-il qu’un homme de votre âge passe trois heures à parler de tout et de rien. Vantant ses éloges sans résultats, se montrant spécialiste en tout, humiliant en public ceux qu’il a lui-même nommés ?

Tenez ! Vous avez transformé l’argent en papiers. Merci pour le résultat. Vous avez menti au peuple que le Burundi n’a pas besoin de dollars. Merci. Mais vous demandez à l’Occident de vous en envoyer ? Croyez-vous que ces Occidentaux sont dupes ? Vous avez passé cinq ans à les traiter de tous les noms d’oiseaux, jusqu’à prier votre dieu de les exterminer ! Maintenant, vous voulez quoi ?

Que l’on vous donne l’argent pour financer ces « élections » en vue ? Vous voulez des billets verts pour bien engraisser votre machine à tuer, afin d’éliminer les opposants déjà muselés ? Détrompez-vous !

Heureusement pour vous, la honte n’a pas de place en vous. Vos lapins vont uriner du carburant suffisant pour la nation et déféquer des minerais. Voilà le pays surpuissant de 2040 et 2060.

Cher Neva, toutes mes excuses car je me suis trop épanché, vous m’avez contaminé avec vos longs discours creux.

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Photo d’illustration : des citadins attendent un bus sur un parking du centre de Bujumbura, en vain, décembre 2023

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