Photo de la semaine : vers une nouvelle détérioration des relations entre le Burundi et le Rwanda ?

Photo de la semaine : vers une nouvelle détérioration des relations entre le Burundi et le Rwanda ?

Le président Évariste Ndayishimiye a accusé vendredi dernier le Rwanda “d’entretenir et former les rebelles de Red Tabara à tuer des personnes âgées, des femmes enceintes et des enfants ». Il a affirmé qu’ils sont nourris, logés, hébergés et entretenus en termes de logistiques et moyens financiers par le pays qui les loge, le Rwanda. La porte-parole du gouvernement rwandais a dit dans un communiqué qu’il n’y a aucune vérité dans les propos du président Ndayishimiye. (SOS Médias Burundi)

Le 29 décembre 2023, le chef de l’État burundais a animé une conférence publique de fin d’année. Il est revenu sur les attaques du groupe armé Red Tabara qui a tué 20 civils le 22 décembre dernier à Gatumba non loin de la frontière avec la RDC, selon un communiqué du gouvernement burundais.

Il n’a pas raté sa cible. Le Rwanda est accusé d’entretenir le groupe armé qualifié de mouvement terroriste par les autorités burundaises.

« Nous connaissons où se trouve la tête de Red-Tabara. Cela fait deux ans que nous faisons des négociations pour qu’ils soient extradés afin d’être jugés ici car vous savez que ce sont eux-mêmes qui ont commis l’irréparable en 2015. Nous sommes très fâchés, je dirais que nous avons échoué, ils ne nous les ont pas livrés. Ces groupes sont hébergés, nourris et entretenus en termes de logistiques et moyens financiers par le pays qui les loge. C’est à côté au Rwanda », a accusé le président Neva.

Haine entre Burundais et Rwandais

Je conseillerais au Rwanda…si vous continuez d’entretenir quelqu’un qui tue des bébés, vous êtes en train de semer la haine entre citoyens burundais et rwandais. Ce n’est pas normal que tu nourris quelqu’un qui massacre des vieilles femmes et enfants et t’attendre à ce que les Burundais restent contents, a poursuivi M. Ndayishimiye.

Aucune revendication

Des journalistes ont voulu savoir si le chef de l’État burundais est prêt à écouter les rebelles.

« S’ils étaient de vrais politiciens, ils auraient cherché à entrer en contact avec le chef de l’État, un ministre, mais ils s’attaquent à de simples citoyens. Et s’ils voulaient renverser les institutions par armes, ils s’attaqueraient à l’armée et la police pour récupérer le pays. Mais ils font le contraire. Ils ne s’adonnent qu’aux massacres. C’est très honteux de voir des Burundais recourir à la violence encore aujourd’hui », a-t-il insisté.

Et d’enfoncer le clou.

« Ce ne sont pas des politiciens, ce sont des assassins, des terroristes, qu’ils nous disent comment ils peuvent oser tuer des enfants, massacrer des femmes enceintes, tuer un enfant de trois ans… ».

Le Rwanda les forme pour tuer

Le président burundais a proféré des allégations plus graves.

« Je conseille au Rwanda qui les forme militairement et d’ailleurs il les forme pour tuer, nous leur conseillons à les livrer à la justice burundaise pour que les Burundaises aient la paix », a-t-il souhaité.

“Aussi longtemps qu’ils ont un pays qui leur fournit des uniformes, les nourrit, les protège, les loge, les entretient , nous aurons des problèmes « , a-t-il insisté , prédisant un mauvais avenir pour le Rwanda.

Les relations entre les deux sœurs nations des Grands-Lacs d’Afrique se sont détériorées en 2015 suite à un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza cette année. Les autorités burundaises ont reproché au Rwanda d’avoir reçu des auteurs du coup d’État raté du printemps de la même année.

Dans un communiqué, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais a dit peu après l’annonce du président Neva « qu’il n’ya pas de vérité dans les propos du président Ndayishimiye ».

 » L’allégation du Président Burundais concernant le Rwanda est dénuée de toute véracité. Le gouvernement du Rwanda rejette les commentaires de S.E. Évariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi, selon lesquels le Rwanda soutiendrait des groupes rebelles armés burundais basés dans l’est de la RDC. Le Rwanda n’est associé, en aucune manière, à un quelconque groupe armé burundais », a-t-elle déclaré.

Il convient de rappeler que, dans un esprit de coopération mutuelle, le gouvernement rwandais a déjà remis, dans le cadre du mécanisme conjoint de vérification élargi (CIRGL-Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs), des combattants burundais qui avaient traversé illégalement la frontière rwandaise.

Le gouvernement rwandais demande instamment au gouvernement burundais de répondre à ses préoccupations par les voies diplomatiques, où elles peuvent être résolues à l’amiable, conclut le document.

Les relations entre le Burundi et le Rwanda s’étaient détendues après l’accession du président Ndayishimiye au pouvoir en juin 2020, ce qui a été matérialisé par la réouverture des frontières entre les deux sœurs nations des Grands-Lacs d’Afrique entre autres.

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Notre photo : les présidents Évariste Ndayishimiye et Paul Kagame se saluent en marge d’un sommet sur la crise congolaise, mai 2023 à Bujumbura, ville commerciale du Burundi

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