Cibitoke : des rebelles rwandais dans la réserve naturelle de la Kibira

Des habitants riverains de la réserve de la Kibira signalent la présence de rebelles rwandais-FLN et des FDLR dans cette forêt. Ils ont été rejoints par des militaires burundais et des Imbonerakure. Des habitants s’interrogent et s’inquiètent d’une telle coalition.Le commandant en charge des opérations militaires parle de méprise des habitants qui ne savent pas faire la distinction entre des militaires et des rebelles.(SOS Médias Burundi)

Des témoins indiquent que des hommes armés parlant Kinyarwanda dans la réserve naturelle de la Kibira font peur aux habitants des collines Rutorero, Gafumbegeti, Gasebeyi et Ruhororo, Bumba, Ndora, Myave et Bihembe, respectivement des communes Mabayi et Bukinyana de la province Cibitoke (nord-ouest du Burundi).

Selon différents témoignages concordants fournis par des habitants riverains de la Kibira, ces rebelles rwandais qui se compteraient par centaines, accompagnés d’Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) et de militaires de la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) viennent de s’installer dans cette forêt en provenance de la RD Congo.

« Il s’agit bel et bien des rebelles- FLN et des Interahamwe- FDLR. Leur mission est de lancer des offensives sur le Rwanda pour conquérir ce pays à partir du sol burundais, leur nouvelle base arrière », indique un militaire sous couvert d’anonymat.

Un expert de l’histoire politique de la région des Grands-Lacs d’Afrique explique que la brouille diplomatique entre Kigali et Gitega explique en partie le soutien du pouvoir burundais aux rebelles contre son voisin du nord.

Pour ce spécialiste, dans ce contexte tendu entre les deux pays alimenté par la guerre du Congo qui oppose le gouvernement de Kinshasa au M23, le pouvoir de Gitega apporte un soutien militaire indéfectible à son grand voisin de l’ouest.

Entre- temps, les mouvements des rebelles contre Kigali appuyés en armes, munitions et ravitaillés par Gitega inquiètent les populations riveraines de la Kibira et la plupart de ces dernières s’apprêteraient à fuir en cas d’affrontement avec l’armée rwandaise.

Les mêmes populations demandent des explications sur la présence dans la Kibira de ce groupe lourdement armé et parlant Kinyarwanda.

Le gouverneur de Cibitoke tranquillise la population et affirme que la sécurité est bien assurée sur les différentes frontières terrestres y compris dans la Kibira tout près du Rwanda.

Cet administratif parle plutôt de confusion de certains habitants qui n’arrivent pas à bien distinguer des soldats de l’armée burundaise des hommes de groupes armés.

Même son de cloche du côté du commandant chargé des opérations militaires dans les 2 communes au niveau de la Kibira qui indique pour sa part que les mouvements observés ces derniers temps sont tout simplement des patrouilles de routine des soldats qui gardent la frontière avec le Rwanda dans cette partie de la Kibira.

Avant la nouvelle fermeture des frontières entre le Burundi et le Rwanda par les autorités burundaises, ces dernières avaient ordonné une traque des rebelles rwandais installés dans la Kibira. Le premier ministre Gervais Ndirakobuca, lui-même natif de Cibitoke était allé , l’an dernier jusqu’à menacer d’isoler les localités dont les ressortissants les soutiennent et tuer leurs collaborateurs.

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La réserve naturelle de la Kibira regorge de rebelles rwandais depuis plusieurs années.

À plusieurs reprises, avant la nouvelle crise diplomatique entre les deux sœurs nations des Grands-Lacs d’Afrique, les responsables sécuritaires des deux pays surtout ceux des provinces frontalières, se sont rencontrés pour parler d’une stratégie commune de lutte contre les groupes armés qui menacent les deux pays en se servant du territoire voisin. Cela a abouti à un échange de rebelles notamment.

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Photo : une partie de la Kibira où sont rapportés des hommes armés parlant Kinyarwanda, côté Cibitoke