LES RÊVES DE BAREGEYA : la tablette de la honte
A plus de mille et une reprises, Baregeya a tenté de comprendre ce qui expliquerait la nevamania. Enfin, la réponse semble lui être donnée. C’est la fameuse tablette de marque chinoise Huawei qui a tout bloqué. La faute à l’ancien « Plus qu’honorable » Pascal Nyabenda » qui a dirigé le parti au pouvoir pendant quatre ans, avant d’en faire cinq à la tête de l’Assemblée nationale (2015-2020). Ouf ! Cette tablette va faire bouger les choses. Le pays va devenir la plus grande puissance. Baregeya se prend encore à rêver. (Opinion par Mahoro, SOS Médias Burundi)
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Tablette ! Tablette ! Tablette ! Je regarde ici et là, je ne vois qu’une tablette. Je suis dans le pays le plus digitalisé du monde, un pays « entabletté ». Il y a une seule tablette magique. Mais elle est partout. Je vois un homme avec une tablette en main. Un simple clic sur la tablette, tout le pays est électrifié, des lacs de carburant apparaissent.
En cliquant sur un autre bouton, médicaments, devises, autoroutes qui se construisent en un clin d’œil,…. Que des miracles ! Regardez-moi cette joie. La joie de la tablette magique, la tablette que peut contrôler tout un chacun dans le pays. Celui qui a faim n’a qu’à prononcer le mot « tablette », et la nourriture, les boissons, l’eau minérale, le lait et le miel, etc., défilent devant lui. Il est même difficile de choisir parce que tout semble si bon, et de toutes les façons, tout est bon au pays de la tablette.
Sans la tablette, rien ne marcherait dans ce paradis. Les citernes de carburant tariraient, plus de pluie, la famine attaquerait, bref, le pire s’installerait dans tout l’empire. Le peuple connaît la tablette, et vice- versa, à travers ses représentants. Sans cet outil, aucune bonne loi ne serait votée, la justice, non indispensable dans le pays le plus juste, deviendrait injuste. Tablette ! Ô tablette !
Un « traitre » a volé la tablette
Finalement Baregeya n’a pas le monopole du rêve. Désormais, tous les Burundais rêvent. Baregeya rêve de ce qui lui manque pour, ne fut-ce que survivre, mais les Burundais rêvent pour comprendre à quoi jouent les dirigeants burundais.
Tenez ! Le président de l’’Assemblée nationale vient de sortir une lettre accusant son prédécesseur de détournement d’une tablette, lui intimant l’ordre de remettre une tablette de marque chinoise Huawei, sous peine de se voir traduire en justice. Ladite lettre circule sur les réseaux sociaux et personne ne parvient à comprendre. Je tente de reproduire le contenu de la lettre mais mes doigts tremblent à chaque fois que j’essaie.
L’ancien président du CNDD-FDD, le premier à avoir terminé un mandat à la tête du parti de l’aigle, a même passé une année à diriger en même temps ce parti et la chambre basse du Parlement. En outre, c’est sous sa présidence que le parti a survécu à la fronde qui a conduit au putsch manqué de 2015, contre feu président Pierre Nkurunziza. Qui plus est, c’est sous la présidence de pascal Nyabenda que le parlement a voté en 2017 le retrait du Burundi de la Convention de Rome qui a mis en place la Cour Pénale Internationale (CPI).
Et dire qu’il est dit qu’il était présidentiable en 2020, c’est sous la présidence de cet ancien « très honorable » que le parlement burundais a voté des lois qui bafouent les droits de l’homme dans tous les sens du terme.
Cet homme très gros et de courte taille, que tout le monde craignait, qui s’est moqué de toute la communauté internationale, c’est lui qui a volé la tablette de l’Assemblée nationale.
Vers la fin de la fin du parti de l’aigle ?
Quelle honte ! Baregeya ne saurait pas ne pas rêver. La fameuse tablette ne coûte même pas deux millions de francs burundais (moins de 400 dollars américains). Comment le pauvre pouvait ne pas rêver après avoir entendu que le monsieur, multimilliardaire, a volé un petit rien, qui risque de le conduire devant les juges.
Sans doute, on dirait que cette tablette est la solution à tous les maux qui s’abattent sur le Burundi, et de fait, depuis l’arrivée d’Évariste Ndayishimiye au pouvoir, le chaos est presque total. Mais personne ne comprend de quelle tablette il s’agit. Espérons que cet outil contient le code magique pour pérenniser le parti du rapace au pouvoir. N’oublions pas que les gris-gris ne sont pas exclus chez ces hommes et ces femmes qui parlent de « Dieu » en le concrétisant par le mal.
Mentirais-je ? Non. Parmi les chefs d’accusation de l’ancien Premier ministre Alain Guillaume Bunyoni, figure la « tentative d’ensorceler le président Neva ».
Comment se fait-il que l’ancien numéro 2 du pays soit traité de la sorte ? Jusqu’à menacer de le traduire en justice pour une somme aussi minable ? Valait-il la peine que l’actuel « très honorable » agisse de la sorte envers un ancien « très honorable ». Remarquez les guillemets.
Rien d’étonnant, l’ancien homme fort est malmené depuis les élections sénatoriales, jusqu’à le sacrifier pour un opposant. Il a même affirmé, il y a quelques mois, qu’en politique, il y a beaucoup de pièges et de trahison.
Sans nous y consacrer longuement, il n’y a aucun doute que l’aigle bat inéluctablement de l’aile. Qui dit le contraire ? Un président comme Neva, un président de l’Assemblée qui écrit une telle lettre, pour ne dire que cela, une armée et une police qui grincent des dents, une population dans une misère extrême…. Bref, l’abcès non incisé finira par éclater. Tôt ou tard.
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