Tanzanie : 10 établissement scolaires fermés dans les camps de réfugiés burundais

Tanzanie : 10 établissement scolaires fermés dans les camps de réfugiés burundais

Des mesures qui tendent vers la fermeture des camps de réfugiés burundais en Tanzanie ne cessent de tomber. Après la fermeture des hôpitaux, c’est le tour des écoles. Les réfugiés n’en reviennent pas. (SOS Médias Burundi)

Dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie, des mesures draconiennes se prennent à longueur de journée. Tout concourt à la tourmante des réfugiés burundais qui s’attendent à la fermeture des camps de Nduta et Nyarugusu au plus tard avant la fin de cette année.

Le lundi 1er avril, 10 établissements scolaires ont été fermés. Au camp de Nyarugusu, il s’agit de cinq écoles érigées dans les zone 10 et 9 dont Safari, Jihudi et Ushindi. Plus de 4000 élèves et écoliers doivent abandonner l’école ou aller étudier dans la partie congolaise.

Au camp de Nduta, il s’agit des écoles fondamentales Nduta, Shukran, Undugu, l’école primaire Tumaini de la zone 17 ainsi que l’école maternelle Nuru de la zone 18.

« Même si les bulletins ont été distribués, les enfants et leurs parents ont été priés d’aller s’inscrire dans d’autres écoles qui restent fonctionnelles pour le troisième trimestre. Les enseignants pourront aussi être affectés ailleurs », ont expliqué les directeurs de ces établissements scolaires, sans donner plus de détails.

Près de 7 mille enfants, élèves et écoliers fréquentaient ces établissements du camp de Nduta.

« Comment est-ce qu’ils vont faire ? Réintégrer d’autres écoles qui vont aussi sans doute être fermées prochainement ? Quid des abandons et surpopulations scolaires ! Malheureusement, ces inquiétudes ne concernent que nous les Burundais ! Ces Tanzaniens se moquent de nous!», se lamentent des réfugiés qui dénoncent des « mesures contraignantes sévères ».

L’injonction de fermer ces établissements a été donnée par le gouverneur de la province Kigoma (nord-ouest de la Tanzanie ) où sont installés les deux sites.
Il a fait des tournées de sensibilisation « au rapatriement volontaire » qualifié de « purement et et simplement forcé », par les réfugiés burundais.

Une salle de classe fermée à Nyarugusu

Les ONG « IRC (International Rescue Committee) et Save the Children » qui gèrent ces établissements encore moins le HCR qui coordonne toutes les activités n’ont rien dit.

« On ne fait qu’appliquer la loi du pays, même si c’est contre notre gré ! », disent certains agents du HCR.

La fermeture des écoles s’ajoute à celle des structures sanitaires.
En tout, cinq hôpitaux et centres de santé ont déjà fermé leur porte à Nduta et à Nyarugusu depuis fin 2023.

Pour les réfugiés burundais, c’est le mauvais cauchemar qui s’annonce inévitablement.

« Sans doute que c’est la mise en application de l’annonce de la présidente tanzanienne ainsi que celle de la commission tripartite qui ont déclaré vouloir nous chasser des camps d’ici la fin de l’année. Mais tout au moins, ils devraient continuer à préserver nos droits à la santé et à l’éducation », disent des réfugiés tout en regrettant que « le HCR est devenu un acteur impuissant » face à ce qu’ils qualifient de violation grave des conventions relatives à la protection des réfugiés.

Un enfant d’une famille de réfugiés burundais, affecté par la fermeture des écoles en Tanzanie

Ils craignent le pire et appellent les activistes à plaider en leur faveur.

« Nous estimons que les vrais activistes de droits humains en Tanzanie devraient se saisir de cette question, par exemple la commission nationale des droits humains ainsi que des organisations sous régionales et internationales. Nous sommes à la merci des gens qui ne se soucient plus de nos droits. Nous en appelons au secours », laissent-ils entendre, faisant savoir que « les menaces sont sérieuses, nous serons chassés de force ».

Fin janvier dernier, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé sa ferme volonté de renvoyer dans leur pays d’origine les plus de 250.000 réfugiés présents sur le sol tanzanien. Si officiellement, ces réfugiés doivent partir volontairement, la pression sur eux est de plus en plus forte comme le soulignent des Burundais du camp de Nduta.

D’après les données du HCR, la Tanzanie compte plus de 130 mille réfugiés burundais, le camp de Nduta abritant à lui seul la moitié de ces Burundais.

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Photo : des élèves dans une cour d’une école d’enfants réfugiés burundais à Nduta

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