30ème commémoration du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda : le Président rwandais remercie le Burundi pourtant grand absent

30ème commémoration du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda : le Président rwandais remercie le Burundi pourtant grand absent

Les commémorations officielles ont débuté ce dimanche 7 avril, jour du triste anniversaire du génocide qui a fait plus d’un million de Tutsis. Le discours de Paul Kagame est en même temps accusateur, réconfortant et reconnaissant. (SOS Médias Burundi)

Dans son discours, le président rwandais a encore une fois accusé la communauté internationale d’avoir tourné le dos contre les Tutsis rwandais, laissant et assistant les Rwandais mourir atrocement.

« C’est la communauté internationale qui nous a tous laissés tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté », a déclaré Paul Kagame lors d’un discours donné devant plusieurs milliers de personnes à l’occasion du 30e triste anniversaire du génocide dont les plaies ne se sont pas encore refermées chez les rescapés.

Paul Kagame, qui dirige d’une main de fer le pays depuis la fin du génocide, s’était recueilli dans la matinée, aux côtés de plusieurs dignitaires étrangers, avait déposé une gerbe de fleurs et allumé une flamme de souvenirs au Mémorial de Gisozi dans la capitale Kigali.

« La façon de notre leadership et mode de gouvernance est super-expliquée. Cela se comprend par le fardeau que nous avons posé sur les épaules des rescapés et des victimes pour accepter de vivre et cohabiter avec leurs bourreaux dont certains refusent encore de reconnaître ce qu’ils ont commis », dira-t-il pour répondre implicitement à ses critiques étrangères.

Cette responsabilité ou complicité est d’abord reconnue par la France. Emmanuel Macron, président français s’est exprimé via une vidéo même s’il a envoyé une forte délégation conduite par son ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné avec le secrétaire d’Etat français chargé de la mer, Hervé Berville. Ce dernier étant rwandais rescapé du génocide qui sera adopté par un couple français à 4 ans.

« La France aurait pu arrêter le génocide des Tutsis en 1994, avec ses alliés occidentaux et africains mais elle n’en a pas eu la volonté », a estimé Emmanuel Macron.

Et d’ajouter : «quand la phase d’extermination totale contre les Tutsis a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d’agir, par sa connaissance des génocides que nous avaient révélé les survivants des Arméniens et de la Shoah ».

La France dont les relation avec le Rwanda commencent à peine à renaître a, selon les deux capitales, aidé le gouvernement génocidaire, avant pendant et après le génocide.

« Personne, personne, pas même l’Union africaine (UA), ne saurait se disculper de son inaction face à la chronique d’un génocide annoncé. Ayons le courage de le reconnaître, et de l’assumer », a également affirmé le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.

Plus de 30 présidents et chefs de gouvernements africains et européens avaient répondu à l’invitation de Paul Kagame.

Grands absents

Parmi les grands absents, deux voisins avec qui les relations diplomatiques ne sont pas au beau fixe avec le Rwanda et son président. Il s’agit du Burundi et de la RDC.

Le président Kagame n’a pas pourtant oublié de les remercier pour le refuge qu’ils ont accordé aux Rwandais qui parvenaient à échapper ce génocide de proximité d’avril 1994.

«Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le rôle des voisins. C’est notamment l’Ouganda qui sera d’ailleurs critiqué pour nous avoir abrité pendant de longues années. Il y a la Tanzanie, le Burundi, la RDC, le Kenya et d’autres nations qui nous ont accueilli à bras ouverts », a-t-il souligné.

Au Rwanda, pendant sept jours, la musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics, ni à la radio. Evénements sportifs, loisirs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s’ils sont liés aux commémorations.

Le génocide contre les Tutsis a été déclenché ou du moins accentué au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Hutu Juvénal Habyarimana, qui périra avec son homologue burundais Cyprien Ntaryamira dans un même crash.

Les auteurs n’ont pas encore été clairement identifiés. Les experts et juristes français ont avancé deux thèses différentes : que l’avion aurait été abattu par des Hutus extrémistes qui ne voulaient pas le partage du pouvoir avec la rébellion Tutsi du FPR, ou que les missiles qui l’ont abattu auraient été tirés par les rebelles de Paul Kagame.

La période de commémoration qui commence par le deuil national d’une semaine, se poursuit jusqu’au 4 juillet, une période de 100 jours que les génocidaires ont utilisé pour exterminer plus d’un million de Tutsis et de Hutus modérés.

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Photo : Paul Kagame et la première dame Jeannette Kagame au milieu des présidents du Congo- Brazzaville ,de la Centrafrique et du Premier ministre éthiopien et son épouse au Mémorial de Gisozi, le 7 avril 2024, DR

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