Rwanda-RDC : pourquoi l’on ne soutiendrait pas le M23? (Paul Kagame)
Le président rwandais a défié lundi tous ceux qui l’accusent ou accusent son pays de soutenir le groupe rebelle M23. Pour Paul Kagame, ces gens devraient se demander d’abord les raisons de l’existence même du M23. Il affirme que le M23 est né suite aux persécutions que subissent les communautés rwandophones du Congo, surtout les Tutsis congolais. Pour M. Kagame, la question que l’on devrait se poser est plutôt : »pourquoi l’on ne soutiendrait pas les gens qui combattent pour leurs droits ? ». Il estime que le contraire revient à être d’accord avec l’injustice faite contre cette communauté. (SOS Médias Burundi)
Le président rwandais s’exprimait en conférence de presse dans la capitale Kigali ce lundi, en marge de la commémoration du 30ème anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda.
« Ceux qui nous accusent, je leur demanderais normalement pourquoi ils ne soutiennent pas le M23 eux aussi, l’AFP incluse comme journalistes, pourquoi vous ne soutenez pas le M23 ? Et pourquoi la question est toujours : vous soutenez le M23 ou pas ? Premièrement, c’est quoi le M23 ? Le M23 est une organisation qui est née à l’intérieur du Congo même. Deuxièmement, ce sont des Congolais. Et vous entendrez même le Congo l’admettre », a-t-il répondu à une journaliste de l’AFP qui voulait savoir si le Rwanda nie toujours les allégations selon lesquelles il soutient le M23 et les relations actuelles entre le gouvernement rwandais et la rébellion.
Simple question
Pour le président rwandais, les gens devraient d’abord se demander les raisons qui ont poussé le M23 à prendre les armes.
« Maintenant, pourquoi est-ce qu’ils existent ? Pourquoi ils sont en train de se battre ? Ça, c’est une autre question et c’est une simple question. Ils existent parce que leurs droits leur ont été refusés comme citoyens de ce pays. Ils sont appelés des Tutsis du Rwanda. […]. Nous avons des communautés rwandophones au Congo qui ne sont pas des Tutsis seulement d’ailleurs, c’est la même structure sociale de notre pays qui est également au Congo tout comme dans d’autres pays voisins où ils sont mais ce sont des citoyens à part entière de ces pays ! Nous avons 100 mille personnes issues de cette communauté qui vivent ici au Rwanda dans les camps de réfugiés durant les deux dernières décennies. Pourquoi ? Parce qu’elles ont été retirées de leur terre ancestrale et contraintes à l’exil. En effet, il y en a plus en Ouganda. Il y a des centaines de milliers en Ouganda », a continué l’homme qui se trouvait à la tête de la rébellion (le FPR) qui a stoppé le génocide des Tutsis au Rwanda , 30 avant.
Le M23 mérite d’être soutenu ?
Paul Kagame estime qu’il est absurde qu’une certaine opinion continue d’accuser le Rwanda de soutenir le M23. Selon lui, la question qu’il faut plutôt se poser est : pourquoi l’on ne soutiendrait pas le M23 ?
« Pourquoi sommes-nous en train d’être accusé en tant que le Rwanda de soutenir le M23 ? Même ceux qui nous accusent, normalement je les accuserais de ne pas soutenir le M23. Parce que c’est comme s’ils sont d’accord avec l’injustice faite contre cette communauté. Sinon, si normalement vous ne souteniez pas cette injustice, vous devriez être en train de soulever ces questions : pourquoi ces gens du M23 sont en train d’être traités ainsi ? Pourquoi abritons-nous des milliers de réfugiés ici au Rwanda ? Vous posez de mauvaises questions. La problématique ce n’est pas de savoir qui soutient le M23 ou pas, la question est plutôt : qui est cette chose que l’on appelle M23 ? Sont-ils des êtres humains ? Sont-ils Rwandais, sont-ils Congolais. Qui sont-ils ? Pourquoi existent-ils ? Pourquoi ont-ils des armes et sont en train de combattre dans leur propre nation ? C’est ça la bonne question qui devrait être posée », a-t-il conclu appelant la journaliste et d’autres personnes à lire l’histoire, à apprendre d’abord avant d’éduquer le public.
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 ,reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Depuis mi 2022, les rebelles ont récupéré plusieurs régions de la province du Nord-Kivu dont Bunagana, la cité frontalière avec l’Ouganda.
Les autorités congolaises restent persuadées qu’ils sont soutenus par le Rwanda. Ce que le gouvernement rwandais a toujours balayé d’un revers de la main. De son côté, le Rwanda accuse la RDC de soutenir les génocidaires rwandais FDLR. Mais le président Félix Tshisekedi les considère comme « une force résiduelle réduite au banditisme, ne représentant plus aucun danger pour le Rwanda ». Les relations entre les deux pays de la région des Grands-Lacs d’Afrique se sont détériorées au cours des trois dernières années suite à cette situation mais les autorités congolaises n’ont jamais fermé les frontières du vaste pays de l’Afrique centrale avec le petit pays des mille collines comme l’ont fait les dirigeants burundais en janvier dernier.
________________________________________________
Photo : le président rwandais Paul Kagame en conférence de presse dans la capitale Kigali, le 8 avril 2024, DR
About author
You might also like
Gitega : mort d’une star du cinéma burundais
Adrienne Nahimana s’est éteinte jeudi soir dans la ville commerciale Bujumbura, a appris SOS Médias Burundi de ses proches. Ses collègues tout comme le chef de l’État burundais Évariste Ndayishimiye
Burundi : l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni sanctionné de nouveau par les USA
Alain Guillaume Bunyoni revient de nouveau sur la liste des personnalités sous sanctions américaines. Les États-Unis l’accusent d’être impliqué dans de “violations graves des droits humains ». (SOS Médias Burundi) C’est
Bugabira : des actes criminels devenus monnaie courante
En moins de deux semaines, deux champs de bananes ont été détruits à la machette sur la colline de Ruhehe en commune de Bugabira (province de Kirundo, nord du Burundi).