Burundi : les autorités burundaises ont déclaré une situation d’urgence suite à la montée des eaux du lac Tanganyika

Burundi : les autorités burundaises ont déclaré une situation d’urgence suite à la montée des eaux du lac Tanganyika

Le ministre burundais en charge de la sécurité a annoncé mardi après-midi que plus de 200 mille personnes sont affectées, plus de 20 mille étant sans abri. Il a appelé au soutien et à l’aide de la communauté internationale.Le système des Nations-Unies qui reconnaît la situation plaide aussi pour une aide d’urgence pour la petite nation de l’Afrique de l’est. (SOS Médias Burundi)

Didace Bikebuke* est parmi les victimes des inondations de ces derniers temps dans la ville commerciale Bujumbura. Il habite le sud de la capitale économique où les rivières Muha et Kanyosha ont débordé, cette dernière ayant causé beaucoup de dégâts.

« […], ici il y a un bébé qui est déjà décédé, emporté par les eaux de la rivière Kanyosha. Et il n’est pas le seul, non loin de chez nous , nous avons appris qu’il y a d’autres enfants qui ont disparu. Et ici dans nos ménages, nous n’avons rien sauvé dans nos misons, sauf notre vie et celle de nos familles », témoigne-t-il.

Le gouvernement dit être dépassé par la situation et appelle à l’aide de la communauté internationale « afin de faire face aux changements climatiques ».

« Entre septembre 2023 et le 7 avril 2024, 203.944 personnes ont été affectées par le phénomène El Niño », ont annoncé respectivement Violet Kenyana Kakyomya, Directrice résidente des activités opérationnelles du système des Nations-Unies au Burundi et Martin Niteretse, ministre burundais en charge de la sécurité en Français et en Kirundi.

Le document conjoint qu’ils ont lu , montre que le Burundi fait partie « des vingt pays au monde les plus vulnérables au changement climatique ».

Les impacts du phénomène El Niño deviennent de plus en plus ingérables d’autant plus que les fortes précipitations provoquent de graves inondations. Les rivières débordent et les eaux du lac Tanganyika montent.

Des habitants se déplacent à bord de petites barques au milieu des maisons envahies par les eaux de la rivière Rusizi à Gatumba

Comme le mentionne ce communiqué conjoint, les communautés sont exposées à différentes vulnérabilités entre autres des pertes en vies humaines et déplacements internes des populations qui sont à plus de 98.000 personnes ainsi que des biens détruits. Vu le contexte actuel, le gouvernement du Burundi à travers le ministère en charge de la sécurité qui a également la gestion des risques et catastrophes dans ses attributions, lance un cri d’alarme à la communauté internationale.

« Avec nos partenaires, nous avons besoin des ressources financières pour faire face aux défis croissants. Et ceci pour éviter une aggravation de l’impact des inondations, glissements de terrain, des vents violents et de la grêle », a déclaré M. Niteretse.

Il signale que « 306.000 personnes ont besoin d’assistance humanitaire ». Suzane Ndereyaha* est l’une de ces nombreuses victimes.

« C’est grâce à Dieu seul si nous sommes parvenus à sortir de nos maisons. Certains enfants ont été emportés par les eaux. Il y a une autre personne qui est morte dont nous n’avons pas encore retrouvé le corps. Nous sommes dans la désolation totale. Nous n’avons nulle part où aller. Ceux qui ont les moyens ont déménagé vers d’autres zones. Nous sommes laissés à nous-mêmes, nous n’avons aucune solution alternative », se désole Suzane Ndereyaha*, une habitante de la région de Bujumbura, la plus affectée ces jours-ci.

Des morts

Le ministre Niteretse parle d’au moins cinq personnes tuées par les hippopotames dans ces zones inondées.

« Les crocodiles ont fait aussi pas mal de victimes. Les inondations sont sans pitié et la seule façon de résister à la montée des eaux est de s’en éloigner. Mais malheureusement c’est comme s’il y a une sorte d’aimant qui attire les gens vers ces eaux », a regretté Martin Niteretse.

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Le budget nécessaire n’est pas précis

Violet Kenyana Kakyomya n’a pas été précise sur les montants dont le Burundi a besoin pour remédier à cette crise.

« […], le gouvernement du Burundi, les acteurs humanitaires et les partenaires entre autres le système des Nations-Unies et autres, nous avons besoin des ressources additionnelles pour faire face à tous ces défis croissants afin d’éviter une aggravation d’impacts des inondations, des glissements de terrain, des vents violents, de la grêle et toutes les autres conséquences », a-t-elle dit.

Et d’ajouter: « le présent communiqué que nous venons de signer avec le ministre est destiné à faciliter la mobilisation des ressources additionnelles pour appuyer la mise en œuvre du plan de réponse aux effets du phénomène El Niño qui cible 300 mille personnes en besoin d’une assistance humanitaire ».

Un journaliste d’une radio locale a voulu savoir le budget nécessaire exact. Le ministre Niteretse, connu pour ne s’exprimer qu’en langue locale (le Kirundi) seulement comme il l’a fait ce mardi également, a répondu que ce qui compte n’est pas de connaître le montant exact destiné aux besoins.

« Nous ne pouvons pas parler des montants exacts car nous n’avons pas encore fait les calculs précis. Nous, ce que nous disons est ceci : et le gouvernement et les partenaires, nous devons chercher les moyens pour éviter qu’il n’y ait plus de pertes en vies humaines », a-t-il répondu.

Un commerce menacé par les eaux du lac Tanganyika à Bujumbura, avril 2024

Le 12 avril dernier, le président de la plate-forme nationale de gestion des risques et catastrophes avait alerté que le Burundi doit appeler ses partenaires à intervenir en déclarant la situation d’urgence suite à la montée des eaux du lac Tanganyika. Le général de brigade de police Anicet Nibaruta a également signalé que des hippopotames et crocodiles sont sortis de leur milieu aquatique et attaquent les populations environnantes.

Les plus menacées par ce changement climatique sont situées dans la localité de Gatumba non loin de la frontière avec le Congo suite notamment au débordement de la rivière Rusizi (séparant le Burundi et la RDC), dans certains quartiers de la capitale économique Bujumbura, riverains du lac mais aussi dans une partie de la province Rumonge au sud-ouest du pays.

Le ministre Niteretse a indiqué qu’une partie des occupants de Gatumba allait être délocalisée pas plus tard que ce mercredi vers la zone de Mubimbi en province de Bujumbura.

« Nous avons trouvé des moyens et ils devraient être délocalisés maintenant. Nous n’avons pas voulu user de force mais avons privilégié l’entente. Eux-mêmes, ils se sont rendus compte que cette zone est inhabitable », a-t-il conclu.

Plus de 100 mille personnes ont été obligées de quitter leur ménage ces dernières années suite aux catastrophes naturelles dans la petite nation de l’Afrique de l’est.

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Photo : des maisons menacées par les eaux du lac Tanganyika dans la ville commerciale Bujumbura, avril 2024

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