Rebondissement dans l’affaire-Bunyoni : la liste des accusations s’allonge au second degré

Rebondissement dans l’affaire-Bunyoni : la liste des accusations s’allonge au second degré

Le général Alain Guillaume a comparu au second degré en appel devant la cour suprême ce lundi. L’audience s’est déroulée à la prison centrale de Gitega (capitale politique). Le ministère public a soulevé une nouvelle accusation. Selon lui, l’ancien premier ministre burundais a essayé de convaincre le parti au pouvoir en Tanzanie CCM (Chama cha Mapinduzi ) pour l’aider à renverser les institutions. (SOS Médias Burundi)

Les juges de la cour suprême siègent en itinérance à la prison de Gitega. La cour est basée dans la capitale économique Bujumbura, à une centaine de kilomètres de Gitega. Ce lundi a commencé un autre procès en appel pour l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni, condamné en décembre 2023 à la prison à vie au premier degré.

Dans l’audience de ce 27 mai à laquelle au moins 70 personnes ont assisté, le ministère public a soulevé une nouvelle accusation : le général Bunyoni a essayé de convaincre le CCM au pouvoir en Tanzanie pour « comploter contre le régime actuel et renverser les institutions au Burundi ».

L’ancien premier ministre burundais a rétorqué que « la seule chose que j’ai envisagée est de conseiller le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo pour qu’il continue à entretenir de bonnes relations avec le CCM ». Le CCM est considéré par plusieurs observateurs locaux et étrangers comme parrain de l’ancienne rébellion Hutu, au pouvoir au Burundi grâce aux accords d’Arusha d’août 2000.

« Mais je n’ai pas eu l’occasion de le voir », a-t-il déclaré. Il a indiqué avoir fait parvenir ses souhaits au patron du parti présidentiel via un autre commissaire de ce parti.

Pourquoi Bunyoni a fui son domicile?

Lors de son arrestation en avril 2023, Alain Guillaume Bunyoni se cachait dans la localité de Mubone, en commune de Kabezi dans la province de Bujumbura (ouest du Burundi) , a annoncé le parquet général de la République à l’époque. Ce lundi, l’ancien premier ministre burundais a expliqué les raisons qui l’ont poussé à fuir son domicile, ce qu’il qualifie de « repli tactique ». Il a fait cette révélation sans que les juges le lui demandent.

« Le général de brigade de police Emmanuel Ndayiziga (chef de cabinet du SNR – Service national des renseignements) avait réuni les généraux et leur avait intimé l’ordre de me tuer , le lieutenant général Silas Ntigurirwa (chef de cabinet militaire au bureau du président Évariste Ndayishimiye) m’en a informé », a-t-il dévoilé.

Et de continuer: « Ayant l’expérience du lieutenant général Adolphe Nshimirimana qui a été assassiné en pleine journée par des hommes en uniforme et dont les assassins n’ont pas été appréhendés ainsi que celle de l’assassinat du colonnel Darius Ikurakure à l’état-major de l’armée, toutes ces raisons m’ont poussé à quitter mon domicile pour faire un repli tactique ».

Le lieutenant général Adolphe Nshimirimana, ancien chef des renseignements burundais et pillier du CNDD-FDD et le lieutenant-colonel Darius Ikurakure, tous les deux cités dans des actes de répression contre les opposants au régime CNDD-FDD étaient d’anciens rebelles Hutus comme Bunyoni. Le premier a été assassiné dans un attentat à la roquette le 2 août 2015, le second le sera le 23 mars 2016 dans les enceintes de l’état-major de l’armée burundaise dans la ville commerciale Bujumbura.

Ce lundi, l’ancien premier ministre burundais a rappelé avoir versé de l’argent en devises, à Bob Rugirika, directeur de la RPA (Radio Publique Africaine), émettant depuis l’exil depuis sa destruction au lendemain du coup d’État raté du printemps 2015. Il a insisté que « j’ai monnayé l’information mais Bob Rugirika n’a jamais été mon ami car je sais que c’est un ennemi de notre système, un système pour lequel je me suis battu pendant dix ans au nom de la démocratie ».

Fouille

Au moins 70 personnes ont assisté à la séance de ce lundi. Il s’agit des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) mobilisés pour simuler un public, de l’une des filles de Bunyoni à savoir Joy Akimana, de quelques journalistes, des agents des services secrets burundais, un représentant de la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme) et un représentant du conseil national de la magistrature notamment. Si les participants n’ont pas été contraints de se déshabiller comme ça a été le cas pour Joy Akimana le 22 mai dernier quand elle rendait visite à son père comme l’a révélé le célèbre activiste burundais Pacifique Ninihazwe en exil, ils ont été minutieusement fouillés jusqu’à enlever leurs chaussures.

« Aucun objet n’était permis dans la salle où s’est déroulée l’audience », ont constaté des témoins qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

L’audience se poursuivra ce mardi à la même prison de Gitega.

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Photo d’illustration : l’ancien premier mistre du Burundi Alain Guillaume Bunyoni dans une cérémonie officielle

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