Nord-Kivu (RDC) : des dizaines de femmes déplacées ont été violées dans le Rutshuru et Nyiragongo

Nord-Kivu (RDC) : des dizaines de femmes déplacées ont été violées dans le Rutshuru et Nyiragongo

On rapporte 28 cas récents de femmes qui ont fui les combats dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo et qui ont accusé les milices locales entretenues par les autorités congolaises dites Wazalendo et les rebelles du M23 de les avoir violées.Ces viols se sont déroulés lorsqu’elles allaient chercher de la nourriture dans les camps de Kanyarutchinya et de Don Bosco à Nyiragongo. (SOS Médias Burundi)

Ce sont des femmes dont l’âge varie entre 28 à 60 ans qui ont été victimes des violences sexuelles dans différents endroits du territoire de Rutshuru.

SOS Médias Burundi les a jointes par le biais de l’Organisation des femmes et des enfants déplacés ayant subi des violences sexuelles dans le territoire de Nyiragongo.

Presque toutes sont des déplacées venues du groupement de Rugari à Rutshuru, d’autres de la commune rurale de Kibumba en territoire de Nyiragongo. Elles sont hébergées dans le camp de Kanyarutshinya-Don Bosco.

En raison de mauvaises conditions de vie des déplacés dans ce camp, elles sont contraintes de retourner chez elles pour rechercher de quoi subvenir aux besoins de leur famille.

« Je suis partie chercher de la nourriture chez moi à Rugari dans le village Kanyabuhoho. En cours de route, j’ai rencontré quatre hommes en tenue militaire de couleur kaki. Ils m’ont demandé de me coucher par terre. Je l’ai fait et un d’entre eux m’a directement obligé de me déshabiller. Je me suis exécutée car un fusil était pointé sur ma tête. Ils m’ont violée l’un après l’autre. Ils parlaient le Kinyarwanda. J’ai perdu connaissance et je me suis réveillée quatre heures après. Ce sont des passants qui m’ont sauvée », a témoigné une femme victime.

Une autre femme affirme qu’après avoir subi des violences sexuelles, son mari l’a rejetée et n’a pas voulu qu’elle rentre encore une fois à la maison.

« J’ai été violée par une dizaine d’hommes lorsque j’étais allée chercher de la nourriture. Quand je suis revenue, mon mari n’a pas voulu que je rentre dans la maisonnette au camp de Don Bosco où je me suis déplacée depuis avril 2023. Jusqu’à maintenant, je n’ai aucun contact avec mon époux qui ne veut plus me voir », a insisté la victime.

Ces femmes disent avoir subi de graves séquelles physiques dues au manque d’assistance médicale.

Un des plus grands problèmes auxquels sont confrontées les femmes est le manque de soins médicaux adéquats surtout dans les zones où elles se sont déplacées depuis plus de deux ans.

Libérata Buratwa Rubumba, directrice de l’Organisation des femmes fuyant la violence dans divers camps, a signalé que le nombre de femmes victimes d’abus a considérablement augmenté par rapport au passé.

« Ici nous avons réussi à identifier plus de 70 femmes déplacées qui ont été violées en l’espace d’un mois seulement. Ce n’est pas le nombre exact car plusieurs victimes sont dans le camp et ne veulent pas en parler. Depuis la reprise des affrontements dans le Rutshuru et Masisi, les cas de violences sexuelles ont sensiblement augmenté contrairement à d’autres jours passés. Ce qui est déplorable est que le gouvernement ne cherche pas des pistes de solutions pour encadrer ces femmes », a-t-elle regretté.

Des rebelles du M23 et des Wazalendo pointés du goigt

Le groupement de Rugari en territoire de Rutshuru où la plupart des actes de viols ont été enregistrés est entre les mains des rebelles du M23 qui contrôlent toutes les localités et villages.

Dans la commune rurale de Kibumba à Nyiragongo, une partie est sous le contrôle des milices locales communément appelées Wazalendo, une autre est dirigée par les éléments du M23.

Des victimes ont déclaré avoir été violées par des Wazalendo et des rebelles-M23.

«Ce sont les rebelles du M23 et Wazalendo qui nous violent car certains nous appellent des Rwandais, les autres disent que nous sommes des Nyatura, FDLR ainsi ou des Maï-Maï. Il n’y a pas d’éléments FARDC dans la zone », a affirmé une victime.

Cependant, le M23 rejette ces accusations. Il accuse plutôt des Wazalendo et les FARDC d’être les auteurs des viols contre les femmes.

Les milices Wazalendo réfutent à leur tour ces allégations et pointent du doigt le M23.

En mars dernier, des organisations de défense des droits de l’enfant et de la femme ont publié un rapport attestant que depuis le début de la guerre en RDC, plus de 25.000 femmes ont été violées et 50.000 ont été victimes de diverses formes de violence.

Des organisations internationales de défense des droits de l’homme ont exprimé leur préoccupation par rapport à ce qu’elles qualifient de « plus grandes violences sexuelles contre les femmes » dans l’est de la RD Congo depuis que les combats ont éclaté entre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC qui luttent contre l’armée congolaise.

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Photo : des femmes protestent contre les violences sexuelles au Congo, le 1er mars 2024

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