Tanzanie-Burundi : la police tanzanienne extrade plus de 60 Burundais dont des mineurs pour la plupart
La police tanzanienne a remis une quarantaine d’enfants burundais aux autorités burundaises au poste- frontière de Mugina en commune de Mabanda de la province de Makamba (sud du Burundi) mardi dernier.29 autres Burundais dont 16 mineurs ont été refoulés le lendemain.Selon des sources policières, ces Burundais ont été arrêtés et mis en détention avant d’être chassés. (SOS Médias Burundi)
Tous les refoulés ont été interceptés lors d’une rafle policière visant les ménages qui emploient des mineurs dans le district de Kasuru dans le nord-ouest de la Tanzanie, selon nos sources. Les intéressés s’étaient retrouvés en Tanzanie après avoir été trompés par des ressortissants burundais qui leur avaient promis de leur trouver du travail.
« Pour entrer en Tanzanie, nous avons emprunté différents points d’entrée clandestins », témoigne un mineur qui a été refoulé mardi dernier. Une fois arrivés en Tanzanie, ce sont les passeurs et trafiquants qui organisent le dispatching.
Les 40 mineurs ont rejoint la frontière étant très affamés, fatigués, désespérés, a révélé à SOS Médias Burundi une source policière.
Pour cause, ils ont été chassés après trois jours de détention dans des conditions insupportables dans les geôles tanzaniens.
La commune de Mabanda qui fait frontière avec la Tanzanie, a aidé dans le déplacement de ces mineurs jusqu’au commissariat communal de police.
Là aussi, l’administration de Mabanda « n’a pas pu prendre en charge ces enfants suite au manque de moyens suffisants dans cette situation improvisée », selon une source administrative locale.
Les provinces d’origine des 40 mineurs ont été identifiées. Il s’agit de Gitega et Karusi (centre-est), Ruyigi et Ngozi (nord-est) et de Bururi dans le sud.
Des sources policières disent que les passeurs et trafiquants perçoivent des sommes colossales en franc burundais et en shilling tanzanien quand ils envoient ces enfants en Tanzanie.
« Aucun d’entre eux n’avait un centime sur lui », regrette un policier qui fait partie de l’équipe qui a acceulli ces mineurs au poste-frontière de Mugina.
Le lendemain, 29 autres Burundais dont 16 mineurs sont arrivés à Mugina vers 22h 30, dans les mêmes conditions que le premier groupe. Les expulsés ont passé la nuit à la belle étoile.
Des sources policière et administrative ont déploré que « les services tanzaniens nous les envoient sans nous avertir ».
Les membres de cette deuxième équipe proviennent essentiellement des provinces de Karusi, Ruyigi et Ngozi. Selon un document des services de l’immigration tanzanienne du 18 septembre dernier vu par SOS Médias Burundi, tous les 69 extradés ont été accusés de « séjourner illégalement sur le sol tanzanien ».
« Après avoir été informés de leur infraction, les individus ont juste quatre jours pour quitter le territoire tanzanien, sur leurs propres fonds ».
Il n’est pas encore clair si les personnes qui ont été chassées récemment, ont payé des amendes ou versé des pots-de-vin. Une pratique devenue monnaie courante dans le nord-ouest de la Tanzanie ces derniers temps, dans le cadre des interpellations de ressortissants burundais.
Quand les Burundais sont chassés par la Tanzanie, les responsables administratif et policier des zones frontalières procèdent à l’identification des extradés avant de les transférer dans leurs régions natales.
La Fédération nationale militant pour les droits des enfants FENADEB salue l’extradition de ces mineurs.
Elle déplore néanmoins les conditions dans lesquelles ils sont chassés.
Quand à l’Observatoire national pour la lutte contre la criminalité transnationale, « ONLCT où est ton frère ? », il est temps que les autorités burundaises prennent le taureau par les cornes.
Son représentant, Prime Mbarubukeye leur demande notamment de « donner l’ordre aux comités mixtes de sécurité de toutes les provinces frontalières de la Tanzanie de doubler de vigilance pour contrecarrer l’action des trafiquants d’enfants burundais à destination de la Tanzanie ». Cet observatoire exhorte aussi le gouvernement burundais à « simplifier les formalités exigées pour l’obtention des documents de voyage », estimant que plus les procédures de demande de ces documents de voyage deviennent longues et fatigantes, plus elles deviennent des facteurs favorisant la traite des personnes et les migrations irrégulières.
Selon le Consul général du Burundi à Kigoma (nord-ouest de la Tanzanie), Jérémie Kekenwa, au moins 600 ressortissants burundais étaient en détention dans la région de Kigoma jusqu’à fin mai dernier.
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Photo : des 40 mineurs qui ont été expulsés par la Tanzanie le 17 septembre 2024, DR
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