Cibitoke : polémique autour de l’interdiction de la vente de maïs grillé le long des routes

Cibitoke : polémique autour de l’interdiction de la vente de maïs grillé le long des routes

Une vive controverse oppose les agriculteurs de la province de Cibitoke, située dans le nord-ouest du Burundi, à l’administration provinciale, après la décision du gouverneur d’interdire la vente de maïs grillé sur les voies publiques. Les agriculteurs considèrent cette mesure comme un coup dur pour les petits commerçants, tandis que les autorités défendent une régulation nécessaire. (SOS Médias Burundi)

La décision est vivement critiquée par les agriculteurs.

Les cultivateurs de maïs de la province déplorent cette interdiction, qui, selon eux, menace directement les moyens de subsistance des petits commerçants et de leurs familles. Ils accusent le gouverneur Carême Bizoza de vouloir « freiner la concurrence et de favoriser ses propres intérêts ». À titre d’exemple, un cultivateur de la commune de Bukinanyana, affirme que «cette autorité veut monopoliser tous les marchés d’écoulement sous couvert d’arguments fallacieux tels que le vol et la saleté ».

Les agriculteurs des communes de Buganda et Rugombo, régions reconnues pour leur production de maïs dans la plaine de l’Imbo, se joignent aux critiques. Ils exigent la levée de cette interdiction, qu’ils jugent préjudiciable pour les petits producteurs et les commerçants ambulants.

Les motivations de l’administration

Pour justifier cette mesure, l’administration provinciale met en avant deux principaux arguments : la lutte contre le vol dans les champs et l’amélioration de la salubrité publique.

« Une partie importante de la production agricole de maïs commercialisée de cette manière provient de vols dans les champs », explique sous anonymat un responsable local.

Le gouverneur Carême Bizoza renforce cette position en insistant sur les enjeux sanitaires :
« le désordre régnant le long des routes en raison de la vente de maïs grillé ne garantit pas l’hygiène».

Malgré ces justifications, les critiques persistent. Les cultivateurs accusent le gouverneur de mettre en avant ces prétextes pour favoriser l’écoulement de sa propre production de maïs.

Une situation tendue

Face à cette fronde, le gouverneur reste inflexible. Il rappelle que cette mesure vise à protéger les champs de la déprédation et à améliorer l’ordre public. Il prévient que tout contrevenant s’expose à des sanctions administratives conformément à la loi.

Pendant ce temps, les cultivateurs maintiennent leur appel à l’annulation de la décision, estimant qu’elle pénalise injustement les petits paysans et les commerçants. À mesure que les tensions montent, cette affaire révèle les défis liés à la gestion des ressources agricoles et à la recherche d’un équilibre entre régulation et liberté économique dans cette région.

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Photo : un point de vente de maïs grillé dans la province de Bubanza, ouest du Burundi, décembre 2024 © SOS Médias Burundi

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