Ngozi : mobilisation forcée des hommes pour des rondes nocturnes en commune de Kiremba

Ngozi : mobilisation forcée des hommes pour des rondes nocturnes en commune de Kiremba

En commune de Kiremba, située dans la province de Ngozi, au nord du Burundi, des hommes sont contraints par l’administration locale de participer à des rondes nocturnes. Une mesure qui suscite des critiques et ravive des souvenirs douloureux. (SOS Médias Burundi)

Selon des informations recueillies sur place, tous les hommes, sans distinction, âgés de 18 à 60 ans, sont sommés de prendre part à ces rondes nocturnes. Les femmes et les filles, quant à elles, restent à la maison. Cette mobilisation forcée a débuté il y a trois semaines et implique la participation de toute la population masculine, remplaçant ainsi les Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes affiliés au parti CNDD-FDD, qui étaient auparavant chargés de cette tâche.

« Nous étions habitués à voir ces rondes comme une responsabilité des Imbonerakure, mais aujourd’hui tout le monde est obligé de participer », confie un habitant impliqué dans ces rondes.

Une justification controversée

L’administration locale justifie cette mobilisation par la nécessité de faire face à une menace imminente.

« L’ennemi est à la porte du Burundi », déclarent les responsables administratifs et les cadres des Imbonerakure de Kiremba. Cependant, cette affirmation suscite des interrogations parmi la population, qui affirme n’avoir observé aucun signe tangible d’une menace.

Les hommes effectuent ces rondes à mains nues ou armés d’outils rudimentaires tels que des machettes et des matraques, ce qui alimente un sentiment d’insécurité. La population de Kiremba estime que ces tâches devraient être réservées aux forces de l’ordre, à savoir les policiers et les militaires.

Des souvenirs douloureux

Cette situation ravive des souvenirs tragiques pour certains résidents, qui évoquent les événements de 1993. À l’époque, après l’assassinat du président Melchior Ndadaye, premier Hutu à avoir été élu chef de l’État au Burundi, une mobilisation similaire avait conduit à des massacres de Tutsis contraints de participer à des rondes nocturnes également.

« Cela nous rappelle les années 1993. Tous les Tutsis de cette époque qui étaient allés aux rondes ont été sauvagement assassinés », témoigne un habitant de la commune.

Une demande pressante aux autorités

Face à cette situation, les habitants de Kiremba lancent un appel aux autorités pour qu’elles mettent fin à cette mobilisation et confient ces tâches aux forces de sécurité professionnelles. Ils dénoncent un fardeau injuste imposé à la population civile et craignent que cette situation ne dégénère.

Malgré les protestations, l’administration maintient pour l’instant sa position, insistant sur la nécessité de préserver la sécurité dans la région. Une tension palpable continue de régner au sein de la commune.

Dans la petite nation de l’Afrique de l’est, ce sont les Imbonerakure et anciens combattants de l’ancienne rébellion Hutu, le CNDD-FDD, qui participent dans les rondes nocturnes normalement, aux côtés des agents de la PNB ( Police nationale du Burundi) sur l’ensemble du territoire burundais ou en compagnie de militaires et policiers sur les frontières, surtout avec le Rwanda.

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Photo : un enfant issu d’une famille des militants du CNDD-FDD ( Igiswi c’Inkona) participe à une parade militaire au cercle Hippique de Bujumbura en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 . Les Imbonerakure étaient jusqu’à présent les seuls conviés aux rondes nocturnes à Kiremba © SOS Médias Burundi

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