Guerre dans l’Est du Congo : Kinshasa est allé se plaindre à l’ONU contre le Rwanda qu’il accuse d’avoir envoyé de nouvelles troupes en RDC
Ce dimanche, le Conseil de sécurité de l’ONU a convoqué une réunion en urgence sur la situation dans l’est du Congo. Les autorités congolaises ont accusé le Rwanda d’avoir envoyé des troupes sur le sol congolais en plein jour. Pour la première fois, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres a appelé le Rwanda à « retirer ses troupes » de la RDC. Ce lundi, Goma est tombée dans les mains des rebelles. (SOS Médias Burundi)
La ville de Goma est menacée par les hostilités entre les FARDC ( Forces Armées de la République démocratique du Congo) et ses alliés et les rebelles du M23. Selon un reporter de SOS Médias Burundi, l’eau, l’électricité sont coupées et presque tous les commerces fermés. C’est au moment où la mission onusienne au Congo, la Monusco a rapatrié une importante partie de son personnel. Cette mesure a été prise en réponse à la détérioration rapide de la sécurité dans la région.
Le personnel relocalisé inclut principalement des employés administratifs et d’autres équipes pouvant travailler à distance. Cependant, les agents essentiels aux opérations humanitaires et à la protection des populations restent en poste pour assurer la continuité des missions prioritaires, telles que l’aide alimentaire, l’assistance médicale, et l’hébergement des personnes en danger.
Cette décision intervient dans un contexte marqué par une intensification des affrontements dans le territoire de Masisi, notamment sur les routes reliant Mweso et Sake. L’ONU affirme que cette démarche vise à garantir la sécurité de son personnel tout en maintenant l’aide indispensable aux populations affectées.
La ministre congolaise des affaires étrangères Thérèse Wagner, s’est déplacée à New-York au siège des Nations-Unies pour participer à la réunion en urgence du Conseil de sécurité. C’est elle qui avait sollicité cette réunion, vendredi dernier. Alors qu’elle était prévue pour ce lundi, cette réunion a été anticipée à ce dimanche. La cheffe de la diplomatie congolaise a annoncé que les affrontements se poursuivent depuis ce dimanche matin au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

« L’armée rwandaise a pénétré en plein jour sur notre sol », a-t-elle accusé. « Une déclaration de guerre qui ne dit pas son nom », selon Madame Wagner.
« Alors que je me tiens devant vous, une attaque d’une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde . De nouvelles troupes rwandaises ont franchi les bornes 12 et 13 du poste frontalier séparant Goma et Gisenyi ( Rwanda), pénétrant sur notre territoire en plein jour dans une violation ouverte et délibérée de notre souveraineté nationale. C’est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques », s’est plainte Thérèse Wagner devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Sanctions
La cheffe de la diplomatie congolaise a appelé l’ONU à prendre des sanctions contre le Rwanda.
« Le Conseil de sécurité doit imposer des sanctions ciblées incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, non seulement contre les membres identifiés de la chaîne de commandement des forces armées rwandaises, mais aussi contre les décideurs politiques responsables de cette agression », a-t-elle déclaré avant de réclamer « un embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais, en particulier le coltan et l’or ».
« Le secrétaire général de l’ONU demande au M23 d’arrêter immédiatement ses actions hostiles et de se retirer des zones occupées. Il exhorte les forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire congolais », a annoncé la Monusco dimanche .
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Sécurité à la frontière
Les forces armées congolaises renforcent la sécurité sur les frontières avec le Rwanda.
C’est depuis la soirée de ce dimanche que les forces armées congolaises ont renforcé la sécurité sur les frontières avec le Rwanda . Selon la société civile du territoire de Nyiragongo, « les forces spéciales des FARDC sont nombreuses sur la frontière Borne 13 dans le groupement de Munigi en chefferie de Bukumu pour essayer de sécuriser la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo.»
Par ailleurs les dirigeants congolais ont fermé la petite barrière avec le Rwanda reliant les villes de Gisenyi au Rwanda et Goma au Congo.
« Toutes les activités sont suspendues depuis ce dimanche et aucune circulation sur la petite barrière n’est visible dans cette partie de la RDC », a remarqué un reporter de SOS Médias Burundi.

Plusieurs habitants ont traversé la frontière avec le Rwanda pour aller se réfugier dans ce pays, de même que des déplacés installés dans les sites de Kanyaruchinya et Don Bosco qui se sont dirigés vers la ville de Goma, déjà bondée de déplacés de guerre.
Réponse du Rwanda
Dans un communiqué sorti dimanche, le ministère rwandais en charge des affaires étrangères a signifié que les combats acharnés autour de Goma ont été déclenchés par la violation constante du cessez-le-feu par les FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) ,les génocidaires Hutus-FDLR, les milices locales entretenues par les autorités congolaises, les mercenaires européens et la FDNB ( Force de défense nationale du Burundi), la force de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et les troupes de la Monusco.
Le président kényan William Ruto qui dirige actuellement le bloc économique de l’Afrique de l’est, EAC, a annoncé qu’il convoquera une réunion des leaders de la région cette semaine pour discuter de la situation dans l’est du Congo.
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’il bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.
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Photo : un char de combat de la coalition de Kinshasa dans les environs de Goma © SOS Médias Burundi
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