Un Grand Homme comme le Général-Major Cyrille Ndayirukiye ne meurt jamais

Un Grand Homme comme le Général-Major Cyrille Ndayirukiye ne meurt jamais

Le Professeur Libérat Ntibashirakandi, porte-parole de MAP-Burundi buhire rend un vibrant hommage appuyé au Général-Major Cyrille Ndayirukiye.

(Les articles d’opinion ou d’analyse n’engagent pas la rédaction de SOS Médias Burundi)

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J’ai eu la chance exceptionnelle de connaître le Général-Major Cyrille Ndayirukiye au Petit Séminaire Notre Dame de Fatima de Kanyosha à Bujumbura. J’étais en 7ème année, lui en dernière année des humanités. Il était notre doyen et son vice-doyen était le Père Zacharie Bukuru si ma mémoire est bonne. Deux grands hommes de valeur.

Très jeune donc, pendant une année, j’ai côtoyé le Général-Major Cyrille Ndayirukiye car il était aussi notre chef au sein du Mouvement d’Action Catholique Xavéri.

Grand sportif et footballeur, il était dans l’équipe de football du Petit Séminaire de Kanyosha. Nous allions encourager notre équipe quand elle croisait le fer avec l’équipe du Saint-Esprit avec les Bucucu pour ceux qui l’ont connu.

Plus tard, le Général-Major Cyrille Ndayirukiye a rejoint l’ambassade du Burundi à Bruxelles et y est resté quelques années. Bien sûr, qu’il ne se rappelait plus de moi car je n’avais jamais eu l’occasion de le rencontrer depuis cette année passée ensemble au Petit Séminaire de Kanyosha. Nous nous sommes vus souvent à Bruxelles et dans nos échanges, on est revenu sur cette année-là passée ensemble au Petit Séminaire de Kanyosha. J’avais un surnom suite à mes gros yeux et j’étais le plus jeune de l’école sur 384 élèves. Naturellement, je m’étais fait un nom en tant qu’acteur comédien dans les pièces de théâtre, je jouais le rôle d’un petit gamin, un enfant d’une famille. Lui, il était le chef de famille dans « Semasunzu yasize araze » pour mes camarades anciens séminaristes de la même période. Et un certain Emmanuel jouait parfaitement bien le rôle de la maman. Depuis notre rencontre à Bruxelles, nous sommes restés en contact. Tout simplement, nous partagions certaines valeurs apprises dans « l’école de l’Ubuntu ».

Je connaissais donc quand même un peu le Général-Major Cyrille Ndayirukiye. Je tiens à lui rendre un vibrant hommage. D’où le Général-Major Cyrille Ndayirukiye tirait sa personnalité ? Certainement de ses parents que je n’ai jamais connu mais aussi de l’école de l’Ubuntu : le Petit Séminaire de Kanyosha. Cette école de l’Ubuntu est l’œuvre de Monseigneur Lazare Barumwansi. C’est bien lui qui a fortement inculqué des valeurs d’Ubuntu et d’Ubushingantahe aux anciens séminaristes. On nous racontait que Monseigneur Lazare Barumwansi prodiguait aux séminaristes des conseils en ces termes : « Nzobagira abantu hanyuma abakritsu, bishobotse naho abasaseredoti ». En français, « Je ferai de vous d’abord des hommes de valeurs puis des chrétiens et si possible des prêtres ».

Et cette Ubuntu était retransmise de génération en génération par les responsables du Petit Séminaire de Kanyosha (Abbés Nkanira, Murumba, Ruragaragaza et bien d’autres) mais aussi des anciens séminaristes. Le Général-Major Cyrille Ndayirukiye est bien de ceux-là.

Le Général-Major Cyrille Ndayirukiye fut un homme d’une simplicité extraordinaire, un véritable leader charismatique et très respecté, un patriote dévoué hors de commun, un véritable militaire courageux qui a mené une carrière exceptionnelle. Un homme engagé pas pour ses intérêts personnels mais pour la patrie et le bien-être des Burundais. Un homme ayant un sens du devoir patriotique, qui a assumé ses actes et qui n’a jamais regretté d’avoir tenté de sauver la Nation Burundaise en 2015.

Bref, le Général-Major Cyrille Ndayirukiye fait l’unanimité comme un patriote, un homme respectueux, super gentil et d’une humilité hors de commun, généreux et serviable. Des témoignages qui viennent de la prison de Gitega, le Général-Major Cyrille Ndayirukiye était un homme heureux, joyeux en fait du devoir accompli sur terre, mais qui a été peut-être trahi à la dernière minute comme Judas a trahi Jesus Christ.

Le Général-Major Cyrille Ndayirukiye (béret rouge) dans la rue de Bujumbura, le 13 mai 2015

Le Général-Major Cyrille Ndayirukiye restera dans les annales de l’histoire burundaise. Oui, vrai croyant, catholique convaincu, il a quitté cette planète terre, les Grands Hommes ne meurent jamais. Il nous laisse un héritage que nous avons le devoir de perpétuer, celui d’un patriotisme éclairé, d’humilité hors de commun, de courage sans nom et surtout d’aimer les autres comme Dieu l’a aimé. Il a rendu son dernier souffle comme un Grand Homme visionnaire, il a même publié une sorte de testament sous forme de plaidoiries dans un français simple et exceptionnel, héritage qui marquera l’histoire des Forces Armées burundaises : il fut un Grand Général-Major Cyrille Ndayirukiye des FAB qui a tenté sauver la Nation Burundaise de la dérive et du délabrement.

Je ne saurai terminé ce témoignage sans citer la conclusion de la plaidoirie de feu Général-Major Cyrille Ndayirukiye  : « Au terme de ce mémoire, je redis que mon seul souci fut le respect de la loi et du peuple burundais. Si la justice inéquitable de Gitega ne veut pas rendre compte de la loyauté de notre démarche, le jugement de l’histoire subsistera à tout jamais. J’ai servi mon peuple. Je veux être jugé sur mes actes ».

Vive le Burundi libre, vive le peuple burundais libre, vive les accords d’Arusha, vive l’Etat de droit et la démocratie .

Reposez-vous en paix mon général-major, vous resterez dans nos mémoires et les générations futures apprendrons qu’il fut un Général-Major Cyrille Ndayirukiye hors de commun. Nous nous retrouverons au delà sans doute quand mon tour viendra. Une troisième retrouvaille pour l’éternité.

Toutes mes condoléances à la famille du Général-Major Cyrille Ndayirukiye, à ses compagnons de lutte, à tous les patriotes burundais et à tous les anciens de l’école de l’Ubuntu.

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Photo : le Général-Major Cyrille Ndayirukiye devant la cour d’appel de Gitega

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