Grâce présidentielle : Ndayishimiye ne veut plus de cachots clandestins

Grâce présidentielle : Ndayishimiye ne veut plus de cachots clandestins

Ce lundi, le président burundais a lancé une campagne de désengorger les prisons. Il a lui-même participé à la cérémonie de libération des prisonniers qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle début mars dernier. Il en a profité pour mettre en garde des policiers qui profitent du week-end pour détenir des gens illégalement tout en ordonnant aux responsables de la police de veiller à ce qu’il n’y ait plus de personnes qui soient détenues dans des cachots non officiels. (SOS Médias Burundi)

Évariste Ndayishimiye a choisi la prison centrale de Bujumbura (capitale économique) où 944 prisonniers dont 23 femmes ont été relâchés ce lundi. Il a appelé tous les acteurs du secteur judiciaire à être caractérisés par les valeurs de bonne gouvernance. « La constitution me confère le statut de juge suprême. Je vous invite tous à commencer à être caractérisés par la bonne gouvernance dans le domaine de la justice. Cette décision a été prise il y a plusieurs jours mais ça nous a pris beaucoup de temps pour élaborer de bonnes listes. Nous nous sommes rendus compte qu’il n’y a pas de fichier de prisonniers qui renseigne sur les informations de chaque détenu. Je demande à l’autorité pénitentiaire de s’y pencher. Dans la bonne gouvernance, normalement quand on évoque le nom d’un prisonnier, tout ce qui le concerne tels que le temps passé en prison et celui qui reste pour être acquitté doivent apparaître », a-t-il dit.

Policiers corrompus et cachots clandestins

« À commencer par les OPJ (officiers de police judiciaire), si une personne est arrêtée, il faut veiller à ce qu’elle soit inscrite dans un registre. Nous devons être capables de prouver que tel individu est détenu dans un tel lieu et déterminer la durée de sa détention. Il n’est pas du tout bon que quelqu’un soit détenu pendant longtemps avant qu’il ne soit jugé. Nous souhaiterions qu’il n’y ait aucun détenu qui passe plus de trois mois en prison sans être jugé. Une autre chose : évitez de mettre des gens en détention abusivement. Je fais un clin d’œil aux OPJ, certaines personnes viennent les week-ends leur proposer d’arrêter des gens et les détenir tout le week-end pour les relâcher lundi quand leurs responsables reviennent au bureau. Nous sommes au courant de ça. Le gouvernement ne pratique pas du terrorisme, il punit conformément à la loi. Évitez de détenir des gens arbitrairement », a insisté M. Ndayishimiye qui a ordonné à la hiérarchie policière de faire des tours à différents cachots durant les week-ends afin de se rendre compte de la situation.

Une prisonnière reçoit des mains du président Évariste Ndayishimiye un billet d’élargissement

Des détenus à l’instar de Godelieve Niciteretse qui était poursuivie pour « collaboration avec des bandes armées » ont remercié le chef de l’État. « Nous lui remercions beaucoup pour cette mesure de libérer des prisonniers. Nous plaidons pour ceux qui restent ici. Nous nous engageons à intégrer les coopératives de développement comme il nous l’a conseillé pour participer au développement de notre pays et à celui de notre famille », a-t-elle manifesté sa joie.

Dans les 11 prisons du Burundi, 5255 prisonniers vont être libérés par grâce présidentielle sur plus de 12000 qu’elles comptent. Dernièrement, un rapport du département d’État américain a dénoncé des conditions de détention « inhumaines » dans des maisons d’arrêt dans la nation de l’Afrique de l’est. Des activistes quant à eux dénoncent « une mesure qui ne se soucie pas de prisonniers politiques ».

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Photo : un camion de la police prêt à ramener des prisonniers libérés à leurs communes d’origine

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