Kigoma-Lemera (RDC) : plus de 4000 Banyamulenge déplacés

Kigoma-Lemera (RDC) : plus de 4000 Banyamulenge déplacés

Ils ont fui les groupements de Kigoma et Lemera. C’est sur le territoire d’Uvira, en province du Sud-Kivu à l’est de la RDC. C’est suite à des attaques de groupes armés Maï-Maï (local) et Red Tabara (originaire du Burundi). En moins d’un mois, au moins 16 individus ont été tués et plusieurs vaches pillées. (SOS Médias Burundi)

Les familles qui ont fui ont choisi la plaine de la Rusizi comme abri. Elles ont été accueillies ce dimanche à Bwegera, sur le territoire d’Uvira.

Selon Budito Bigwegwe, responsable administratif local de Kahololo, les chefs de famille et autorités locales ont décidé de fuir du fait qu’il n’avait plus d’autre solution. « Les rebelles burundais de Red Tabara et les Maï-Maï Ilunga ont brûlé les villages de Kahundwe, Kageregere, Rwibuko, Goshen, Birindiro, Mugono, Marungu, Murambi, Kitembe, Bibangwa, Bijojwe, Gogwe, Mibande, Kashama et Remezo », détaille-t-il.

Des sources locales affirment que certains enfants ont été séparés de leurs parents en fuyant. « Il nous a fallu deux jours pour arriver à Bwegera. Plusieurs enfants sont arrivés ici agonisant. Ils n’avaient rien à manger, c’était très difficile de trouver de la nourriture. Cela fait trois semaines qu’on ne dormait pas dans nos maisons. On se déplaçait de village à autre sans répit », racontent des déplacés.

Un enfant est mort au cours du chemin, a remarqué notre reporter.

Des femmes et enfants Banyamulenge se reposent après deux jours de marche

Un pasteur d’une église locale a indiqué à SOS Médias Burundi qu’en plus « des vies humaines emportées, des milliers de vaches et petit bétail ont été pillés par les rebelles ». « C’est très déplorable d’assister à de telles tueries pendant des semaines sans que les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Monusco n’interviennent. Ce n’est ni moins ni plus un génocide contre des Banyamulenge », se désole-t-il.

Joint par téléphone, le porte parole des Maï-Maï Ilunga a indiqué que « Nous ne sommes pas en train d’attaquer des civils, mais nous combattons le colonel Makanika et son groupe Twirwaneho ».

Principalement composé de combattants Banyamulenge, le groupe Twirwaneho a été formé par des membres de la communauté Banyamulenge pour se défendre contre des attaques des groupes armés locaux et étrangers.

Le colonel déchu Michel Makanika a quitté l’armée congolaise pour aller organiser et renforcer le mouvement estimant qu’il ne peut pas servir « une armée complice des massacres de sa communauté ». C’est en janvier 2020 qu’il a quitté la province d’Ituri où il était affecté pour se rendre au Sud-Kivu.

Un autre colonel, Charles Sematama qui commandait le régiment 3411 opérant à Kitchanga dans le Nord-Kivu a rejoint le groupe fin février dernier. Des autorités locales disent être choquées par le comportement de la Monusco. « Il y a un mois que l’antenne de la Monusco Sud-Kivu a promis d’installer une position à Kahololo mais cela n’a jamais été réalisé. C’est très dommage. Voilà que tous ces villages viennent d’être brûlés », se lamentent-elles.

Une femme réconforte un membre de sa famille

Jusqu’à ce matin, aucune organisation humanitaire n’était venue en aide aux déplacés de Bwegera.
L’armée congolaise s’est contentée de sécuriser seulement les voiries par lesquelles ils sont passés.

Ce dimanche, une militante de la communauté Banyamulenge, elle-même rescapée des massacres qui ont coûté la vie à plus de 160 réfugiés Banyamulenge à Gatumba (Ouest du Burundi) dans la nuit du 13 août 2004 écrivait « Nous ne demandons que de nous laisser vivre. Rien que ça. Est-il si difficile? Le gouvernement n’a construit aucune infrastructure pour nous. Nous ne sommes pas trop exigeants je suppose. Laisser nous vivre seulement ».

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Photo : une colonne de déplacés Banyamulenge se rendent à Bwegera

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