Gitobe-Bwambarangwe : la police a saisi de l’or, des orpailleurs reprochent aux autorités de vouloir monopoliser l’extraction

Gitobe-Bwambarangwe : la police a saisi de l’or, des orpailleurs reprochent aux autorités de vouloir monopoliser l’extraction

Ces derniers jours, la police organise des fouilles non loin des sites d’extraction d’or de Baziro en commune de Gitobe ainsi que Kabuyenge en commune de Bwambarangwe (province de Kirundo, nord du Burundi). Des lingots d’or ont été saisis lors de l’opération. L’autorité provinciale met en garde des orpailleurs qui opèrent clandestinement. (SOS Médias Burundi)

Une grande quantité d’or produite dans cette partie nord du Burundi proche du Rwanda est normalement vendue chez ce voisin du Burundi.

Depuis plus de cinq ans, les individus qui font ce commerce sont considérés comme des ennemis du pays.
Des commerçants concernés par la vente de l’or et exploitants accusent quant à eux les autorités d’exclure les anciens extracteurs au profit d’autres personnes.

Selon des sources locales, tout a commencé quand des centaines de grammes d’or ont été saisis par la police chez un orpailleur de Gitobe.

« Au début, il y avait de soupçons de probables ventes d’une grande quantité d’or vers le Rwanda. La police est allée fouiller le ménage d’un orpailleur et a saisi une certaine quantité d’or. Depuis, l’autorité provinciale a ordonné des fouilles dans différentes localités de Gitobe où vivent beaucoup d’orpailleurs », expliquent-elles.

Des commerçants menacés

Selon des témoins, des commerçants dans les provinces de Kirundo et Muyinga (nord-est) sont constamment menacés par les autorités qui les accusent de s’enrichir illégament en exportant de l’or au Rwanda.

« Nous risquons la vie dans la mine, mais il suffit d’être surpris avec un seul gramme d’or pour être taxé d’ennemi de la nation avec tous les risques autour d’une telle accusation », se plaignent des orpailleurs contactés par SOS Médias Burundi.

Et d’ajouter, « Des hommes forts invisibles veulent s’approprier l’exploitation de l’or en nous excluant alors que c’était une activité qui faisait vivre plusieurs familles. Nous demandons qu’on nous laisse continuer à opérer pour que l’activité profite à tout le monde ».

En province de Muyinga, des commerçants ont dû fuir le pays, de peur d’être tués. Des orpailleurs regroupés dans des coopératives ne sont plus autorisés de commercialiser l’or comme avant.

À Kirundo comme à Muyinga, deux hommes d’affaires proches du CNDD-FDD ont le monopole de collecte et de vente de l’or.

L’autorité locale explique que la décision s’inscrit dans la logique de respecter les conventions de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) sur la traçabilité des minerais dans la région.

D’autres orpailleurs dénoncent le fait que le prix de l’or est dérisoire, ayant été fixé par les commerçants ayant le monopole, les exploitants et leurs intermédiaires n’étant pas capables d’accéder au marché d’écoulement. Ils doutent aussi que toutes les productions collectées ne soient pas acheminées au guichet unique ouvert par le gouvernement.

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Photo : des hommes sur un site d’extraction d’or dans la commune de Mabayi en province de Cibitoke, nord-ouest du Burundi, Avril 2010

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