Tanzanie-Education : suspension de l’examen d’État dans les camps de réfugiés burundais

Tanzanie-Education : suspension de l’examen d’État dans les camps de réfugiés burundais

Normalement, l’examen d’État de fin d’études secondaires se fait en Juillet-Août de chaque année dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie. Il est supervisé par le « Conseil national des examens » dans ce pays. L’année prochaine l’examen d’État pour ces Burundais n’aura pas lieu, les autorités tanzaniennes l’ont décidé ainsi, ils expliquent que les élèves doivent se préparer pour aller passer ces tests au Burundi. Les réfugiés y voient une énième façon de les contraindre de rentrer. (SOS Médias Burundi)

L’annonce a été faite pour la première fois en novembre dernier par Sudi Mwakibasi, directeur des services des réfugiés au ministère tanzanien de l’intérieur. Il l’a dit lors des descentes organisées dans les camps de Nduta, Mtendeli et Nyarugusu, trois camps de réfugiés burundais.

D’après lui, en 2021, il n’y aura pas d’examens d’État dans les camps. “Préparez-vous pour aller passer ces épreuves chez vous. L’année prochaine, la Tanzanie ne supervisera pas ces tests ici. C’est mieux que vous le sachiez en avance pour bien se préparer en conséquence. La Tanzanie ne veut plus garder les réfugiés burundais sur son sol. Et d’ailleurs, à la fin de 2021, vous serez tous chez vous, raison pour laquelle nous n’allons pas laisser les élèves passer ces tests ici”, a-t-il répété, mot par mot, à Nduta et à Nyarugusu.

Ces déclarations commencent à produire des effets négatifs dans les écoles. “Il se remarque plus d’absences prolongées et d’abandons scolaires dans les classes terminales, et visiblement les élèves n’ont plus de courage de suivre les cours, alors que nous ne sommes qu’au premier trimestre”, souligne un enseignant à Nduta.

“Ces cas sont peut être liés au rapatriement. Soit ce sont des élèves ou des enseignants qui rentrent. Cela perturbe sensiblement les cours. Et puis, d’autres voient qu’ils ne vont pas passer des tests et voilà qu’ils perdent le courage de continuer les cours”, tentent d’expliquer des enseignants à Mtendeli, un camp qui enregistre plus de réfugiés qui rentrent ces derniers temps.

Au camp de Nyarugusu, c’est plutôt le manque de matériel scolaire et didactique qui s’observe. Les Burundais lient cette situation au fait que les examens d’État sont suspendus en 2021. “Voilà, le HCR et ses partenaires ne veulent pas donner des cahiers, stylos et d’autres matériels aux élèves et écoliers. De même pour le matériel didactique qui n’est pas encore distribué alors que le premier trimestre touche à sa fin. Ce n’est pas parce que ce matériel manque dans leur stock, c’est plutôt pour nous montrer qu’il est temps qu’on rentre suivre les cours chez nous comme les autorités l’ont déjà dit”, laissent entendre certains Burundais.

Les réfugiés burundais demandent au responsable du HCR de plaider en faveur de ces jeunes qui risquent de perdre plus d’une année scolaire. “Il n’est pas encore trop tard. La Tanzanie peut revenir sur sa décision. Que le HCR plaide pour nous. Même s’il reste un seul réfugié, nous demandons que son droit soit respecté. Cette mesure viole nos droits que le HCR est censé protéger”, insistent des réfugiés contactés par SOS Médias Burundi.

Depuis que le Burundi ait refusé d’envoyer des tests nationaux dans les camps de réfugiés surtout en Tanzanie en 2015, le HCR, l’UNICEF et la Tanzanie avaient décidé de superviser le choix et la passation de ces épreuves dans les camps. Le programme suivi dans les écoles étant burundais.

La Tanzanie compte actuellement plus de 149.800 réfugiés burundais dont plus de la moitié sont des élèves et écoliers.

_______________

Photo : des élèves burundais réfugiés en Tanzanie suivent les cours dans une classe aménagée dans un camp.

Previous Maramvya (province de Bujumbura) : six jeunes opposants détenus arbitrairement selon le CNL
Next Mpanda (Bubanza) : des Imbonerakure malmènent un député CNL