Décès de Pierre Buyoya : l’héritage mitigé (réactions)

Décès de Pierre Buyoya : l’héritage mitigé (réactions)

L’ancien président burundais Pierre Buyoya est décédé à Paris la nuit dernière alors qu’il venait d’être transporté depuis Bamako pour une hospitalisation en urgence. L’ancien haut représentant de l’Union Africaine au Mali et au Sahel a succombé à des complications diabétiques avancées, aggravées par une autre maladie, selon des proches. Plusieurs Médias ont parlé à ce sujet de la Covid 19. (SOS Médias Burundi)

Les réactions au décès de celui qui a présidé le Burundi à deux reprises (de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003) sont nombreuses. SOS Médias Burundi a donné la parole ce vendredi à des Burundais sans fonction officielle et vivant au Burundi.

Bujumbura (Ouest Burundi)

Comme tout dirigeant, le président Buyoya a connu des hauts et des bas. Je noterais qu’il a initié la charte de l’unité nationale après les massacres de Ntega-Marangara et que c’est sous son régime qu’ont commencé les négociations pour l’Accord d’Arusha sur la paix et la réconciliation. Toutefois, ce sont sous ses régimes que le pays a perdu ses fils et filles en 1988, ainsi que durant la guerre civile qui s’est éternisée sur une dizaine d’années.

Un habitant de Bujumbura, cinquantenaire

Un fonctionnaire, la quarntaine se souvient de l’époque Buyoya. « J’ai fait mon service militaire obligatoire quant il était aux commandes. C’était comme si on se préparait à une guerre contre des puissances. Dans l’armée d’alors, on nous disait qu’il ne fallait jamais minimiser l’ennemi, petit soit-il », rappelle-t-il.

Bubanza (Nord-Ouest Burundi)

Je vois en Buyoya un héros car il a accepté de signer l’Accord d’Arusha. Il a aussi reconnu le multipartisme. Autre chose, il n’a pas voulu s’éterniser au pouvoir. Sinon, il n’aurait pas accepté le résultat des urnes comme le font tant de présidents africains.

Un habitant retraité.

Kirundo (Nord-Burundi)

Buyoya, c’était un vrai politicien, intelligent, qui a pu mener à bien le processus de réconciliation de la population après les massacres de Ntega et Marangara.

Un fonctionnaire du temps de P. Buyoya.

Un rescapé des tueries de Ntega et Marangara déplore le fait que le Président Buyoya a tardé de donner l’ordre d’intervenir afin de stopper le pire. « Il a pris à la légère ce qui se passait », se remémore-t-il. Mais pour d’autres témoins de la période, P. Buyoya, a accompagné après les tueries les proches des victimes sans distinction d’ethnie.

Makamba (Sud-Burundi)

Des habitants de Makamba saluent l’action politique du défunt. « Il était encore utile pour donner des éclaircissements sur l’histoire du Burundi depuis la période coloniale jusqu’aujourd’hui », note l’un d’entre eux. Et d’ajouter : « Il a dirigé le pays à deux reprises durant des périodes cruciales pour notre patrie. Il a aussi cédé le pouvoir deux fois et dans la douceur ». Et de conclure : « Il a bien sûr commis des erreurs, mais reconnaissons tout de même qu’il a posé des actes louables pour ce qui est de la réconciliation des Burundais ».

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Photo : Pierre Buyoya, ancien président du Burundi

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