Tanzanie : un recensement qui inquiète les réfugiés

Tanzanie : un recensement qui inquiète les réfugiés

Depuis un peu près de deux semaines, le HCR procède à un recensement de tous les enfants nés des mères réfugiées burundaises depuis 2015 dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie. Tous les enfants sont enregistrés comme Burundais, mais des réfugiés parlent d’une procédure entachée d’irrégularités. Des enfants nés de pères de nationalité tanzanienne ou congolaise se voient coller la nationalité burundaise. Le HCR lui, parle d’une activité d’actualisation de ses données. Les réfugiés ne sont pas convaincus. (SOS Médias Burundi)

Le recensement a commencé mi-octobre aux camps de Nduta et Mtendeli. Il est organisé pour le moment dans le camp de Nyarugusu. « Tous les enfants nés depuis 2015 dans les camps en Tanzanie sont enregistrés. Ils reçoivent des cartes de naissance avec automatiquement la nationalité burundaise. Mais il y a plusieurs irrégularités dans l’attribution de la nationalité », dénoncent des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Ils donnent des exemples des enfants nés de mères burundaises et de pères tanzaniens ou congolais. « Ma sœur a eu une grossesse non désirée avec un Tanzanien. L’enfant issu de l’union devrait d’office être enregistré comme Tanzanien, mais on lui a collé la nationalité burundaise. Il y a plusieurs cas, mais nous constatons qu’il y a d’autres calculs dans l’enregistrement des enfants nés dans les camps », s’inquiètent-ils. Ils pensent que la procédure se réfère aux récentes déclarations des autorités tanzaniennes qui ont annoncé que la Tanzanie n’accordera plus de nationalité à des réfugiés burundais qui le désirent.

Le HCR quant à lui explique qu’il s’agit d’une activité d’actualisation des données. 

Toutefois, une source bien informée affirme que la Tanzanie voudrait baliser pour qu’aucun Burundais, enfant soit-il, ne reçoive plus de nationalité de ce pays. “Même les enfants tanzaniens reçoivent de telles cartes de naissance. Ces dernières servent normalement à obtenir des documents comme la carte d’identité, le permis de conduire ou encore la carte de baptême ou un document délivré par des Imams chez les musulmans. Pour le cas des cartes décernées à ces enfants nés dans les camps, il est bien mentionné qu’ils sont de nationalité burundaise. C’est pour éviter à l’avance que l’un ou l’autre puisse se réclamer de nationalité tanzanienne dans l’avenir », explique notre source.

Des réfugiés demandent au HCR de faire plus d’attention. Ils estiment que l’organisation onusienne « est tombée dans un piège de la Tanzanie ». « Même la présidente de la Tanzanie l’a reconnu dernièrement à son homologue burundais que ce pays n’accordera plus de nationalité à des réfugiés burundais. Nous sommes victimes d’un harcèlement coalisé entre les autorités burundaise et tanzanienne qui veulent nous rapatrier par force », s’indignent-ils en colère.

La Tanzanie compte plus de 140 mille Burundais. Les données du HCR montrent qu’au moins 30% sont des enfants de moins de cinq ans.

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Photo : des réfugiés burundais sur un centre de recensement des enfants nés dans les camps depuis 2015

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