Burundi : les relations diplomatiques entre exploits et déceptions

Burundi : les relations diplomatiques entre exploits et déceptions

Ce jeudi, le ministre burundais des affaires étrangères et de la coopération au développement a rencontré les représentants des chefs des missions diplomatiques et consulaires ainsi que les représentants des organisations régionales et internationales accrédités au Burundi. Dans cette session dite de ‘’briefing’’, Albert Shingiro a vanté les réalisations du gouvernement en matière des droits humains et de la renormalisation des relations avec d’autres pays et organisations. Se réjouissant de la récente levée des sanctions américaines, M. Nshingiro déplore que l’Union européenne ait maintenu ses sanctions contre le Burundi. Il a indiqué toutefois que son gouvernement ne permettra jamais au rapporteur spécial de se rendre au Burundi pour enquêter sur les abus rapportés. (SOS Médias Burundi)

Selon Albert Nshingiro, l’état d’avancement des pourparlers avec le Rwanda sont au beau fixe et la situation des droits de l’homme a positivement été améliorée.

Il a salué la récente décision des États-Unis de lever les sanctions contre le Burundi. D’après lui, c’est un bon signe de reconnaissance de la situation qui prévaut au Burundi actuellement.

Il regrette toutefois que l’UE ait maintenu ses sanctions contre le Burundi malgré « des avancées significatives en matière des droits de l’homme ».

Des diplomates européens à l’instar de l’ambassadeur du Royaume des Pays-Bas se sont montrés préoccupés par la situation des relations entre le Burundi et ses voisins. Il a aussi voulu savoir si le Burundi envisageait un jour de donner accès au rapporteur spécial des Nations-Unies récemment mis en place en remplacement d’une commission d’enquête pour se rendre sur son sol dans le cadre des enquêtes sur la situation des droits humains dans le pays.

Des diplomates accrédités au Burundi lors de la session de jeudi 9 novembre à Bujumbura

M.Shingiro s’est montré optimiste quant aux relations du Burundi avec ses voisins, particulièrement avec le Rwanda. Les deux sœurs nations de la région des Grands-Lacs d’Afrique se regardent en chien de faïence depuis plus de six ans malgré des initiatives de renormalisation des relations depuis l’accession au pouvoir du président Évariste Ndayishimiye en juin 2020.

 » […] on s’est même récemment remis des malfaiteurs. Le seul obstacle qui reste pour la reprise des relations bilatérales concerne des présumés putschistes.
Les relations que le Burundi avait avec le Rwanda de 2015 à 2020 étaient des relations tendues. Comme on ne choisit pas son père et sa mère, on ne choisit pas non plus son voisin. Comme vous l’avez vu, en 2020, j’ai moi-même brisé la glace et suis allé rencontrer mon collègue Vincent Biruta du Rwanda. Je pourrais dire que toutes les étapes ont été franchies, il ne reste que la remise par le gouvernement rwandais des putschistes qui sont sur son territoire », a-t-il déclaré.

Le patron de la diplomatie burundaise ne veut toutefois pas entendre parler de la venue d’un rapporteur spécial au Burundi.

« On ne peut pas comparer tous les pays au même titre. Le respect des droits de l’homme est un concept idéal. Dans certaines vieilles démocraties, et dans les nouvelles, on ne peut pas prétendre être au même niveau. Mon pays ne pourrait jamais permettre au rapporteur spécial d’enquêter sur le Burundi. Même celui qui a été désigné l’a été par forcing », a-t-il catégoriquement répondu tout en implorant l’Union Européenne de lever les sanctions contre le Burundi à l’instar de la première puissance mondiale.

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Photo : au milieu, le chef de la diplomatie burundaise lors de la session de jeudi 9 novembre 2021 à Bujumbura

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