Photo de la semaine-Diplomatie : le Rwanda rouvre ses frontières avec l’Ouganda , un espoir pour la région
Le gouvernement rwandais a annoncé que toutes ses frontières avec son voisin du nord seront ré-ouvertes le 31 janvier courant. Elles avaient été fermées il y a trois ans. A quand, une telle décision entre le Rwanda et son voisin du Sud, le Burundi? Des activistes burundais en exil espèrent une réouverture des frontières avec le voisin du sud aussi au moment où d’autres observateurs parlent d’une « bonne nouvelle pour la région ». (SOS Médias Burundi)
Kigali déclare que la ré-ouverture de ses frontières terrestres avec Kampala fait suite à la visite du fils du président ougandais Yoweri Museveni au Rwanda.
Le général Muhoozi Kainerugaba, commandant de l’armée de terre ougandaise qui a également le titre de haut conseiller du président Museveni, en charge des opérations spéciales a effectué un déplacement historique et a rencontré l’ancien ami de son père, le président rwandais Paul Kagame, le 22 janvier 2022.
Après les échanges, le ton était plutôt apaisant, après plus de trois ans de tensions diplomatiques.
« Nous avons eu des discussions cordiales, productives et tournées vers l’avenir sur les préoccupations du Rwanda et les mesures pratiques nécessaires pour restaurer les relations entre le Rwanda et l’Ouganda », ont tour à tour indiqué la présidence rwandaise et le général Muhoozi.
Chose promise, chose faite. Le ministère rwandais des Affaires étrangères a annoncé, la réouverture, dans trois jours, du principal poste-frontière avec l’Ouganda, Gatuna, fermé depuis février 2019.
“Après la visite au Rwanda du général Muhoozi Kainerugaba, le gouvernement du Rwanda a pris note qu’il existe un processus pour résoudre les problèmes soulevés par le Rwanda, ainsi que des engagements du gouvernement de l’Ouganda à lever les obstacles restants”, affirme le ministère rwandais des Affaires étrangères, dans un communiqué publié tôt vendredi matin, officialisant la réouverture de toutes les frontières terrestres entre les deux États.
L’espoir d’une normalisation des relations est donc « nourri ».
« Le gouvernement du Rwanda reste attaché aux efforts en cours pour résoudre les problèmes en suspens entre le Rwanda et l’Ouganda et estime que l’annonce d’aujourd’hui contribuera positivement à la normalisation rapide des relations entre les deux pays”, conclut le communiqué.
Et le Burundi…
Peu avant la visite de la délégation ougandaise à Kigali, c’est Gitega qui avait mandaté une délégation conduite par le ministre en charge des affaires de la communauté Est Africaine pour rencontrer le président Paul Kagame.
Après la rencontre qui a eu lieu au palais de la présidence rwandaise, M. Kagame a annoncé que la délégation burundaise était porteuse d’un message de son homologue burundais.
“La délégation était porteuse d’un message du président burundais, Évariste Ndayishimiye. Les discussions ont porté sur le renforcement des relations bilatérales”, a-t-il avancé.
Le ministre burundais Ézéchiel Nibigira a indiqué quant à lui que la visite s’inscrit dans la volonté de son pays de promouvoir les relations bilatérales et renforcer les liens historiques entre les deux pays.
D’après des sources dignes de foi, la question de la réouverture des frontières communes entre le Burundi et le Rwanda, fermées depuis près de 7 ans, a été aussi débattue.
Espoir…
Un activiste burundais de la société civile en exil espère que Kigali fera aussi la paix avec Gitega comme il vient de le concrétiser aussi avec Kampala.
“Avant l’envoyé spécial du président Museveni, c’est l’envoyé spécial du président burundais Évariste Ndayishimiye qui était reçu par Paul Kagame. Alors, si les frontières nord s’ouvrent, c’est un bon signe pour les frontières sud”, a-t-il réagi.
“En tout cas, le ministre burundais a murmuré dans l’oreille de Kagame ce que veut Ndayishimiye, et vice-versa. Et donc, c’est une question de temps, je suis confiant que les bonnes décisions n’attendront pas fin février d’autant plus que Kagame avait souligné que c’est le nord qui est plus qu’inquiétant que le sud”, a ajouté l’activiste burundais.
Rappel…
Le Rwanda avait brusquement fermé le poste-frontière de Gatuna en février 2019, coupant une importante route commerciale terrestre, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays. Kigali accusait l’Ouganda d’enlever ses ressortissants et de soutenir des rebelles cherchant à renverser les institutions rwandaises.
Kampala a accusé pour sa part le Rwanda d’espionnage et d’avoir tué deux hommes lors d’une incursion sur son territoire en mai 2019, ce que Kigali a contesté.
Coté Burundi, ce voisin du sud a maintes fois accusé le Rwanda de donner refuge à des putschistes qui avaient préparé le coup d’Etat raté de mai 2015 et d’héberger des rebelles burundais tout en permettant leur entraînement militaire sur son sol, des allégations que Kigali a toujours rejeté en bloc.
Les tensions avaient atteint le paroxysme, causant ainsi la fermeture des frontières terrestres.
Sur les réseaux sociaux, des Rwandais ont ironisé en disant que « […] le président Museveni a envoyé son fils unique pour que quiconque croit en lui puisse encore boire Waragi (une liqueur produite en Ouganda) et Highland (du lait ramené au Rwanda et au Burundi à partir de l’Ouganda) tranquillement ».
Pour d’autres, ils se demandent si le « président burundais n’a pas de fils qu’il peut envoyer au Rwanda pour négocier la réouverture des frontières ».
Un observateur congolais vivant aux États-Unis estime que « la réouverture des frontières entre le Rwanda et l’Ouganda va permettre une stabilité dans la région ».
« Toutefois, il est clair que la RDC va connaître une période de turbulence », se désole-t-il.
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Photo : le président Kagame avec le général Muhoozi à ma présidence rwandaise
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