Muyinga : les habitants contribuent pour la semaine du Combattant, les collectes finissent dans les poches des individus
En province de Muyinga (nord-est du Burundi), des habitants se disent en souffrance. En cause, des militants du parti présidentiel qui les obligent à contribuer soit en nature ou en argent. Ces contributions destinées à la semaine dédiée au combattant du CNDD-FDD (ancien mouvement rebelle Hutu) ont fini dans les poches des responsables du parti présidentiel dans la province. (SOS Médias Burundi)
Des militants du parti CNDD-FDD spécialement les jeunes affiliés à ce parti se sont lancés dans une opération de collecte de contributions forcées des denrées alimentaires (comme le haricot, riz, maïs, la farine de manioc…) ou de l’argent.
« On nous obligeait de donner soit du riz soit de la farine de manioc que nous consommons chaque jour », a déclaré une cinquantaine vivant au quartier Swahili au chef-lieu de province.
« D’autres préfèrent qu’on leur donne de l’argent. On ne nous donne aucun reçu ou quittance attestant que tel ou tel a contribué », a expliqué un habitant.
D’autres sources indiquent que dans le milieu rural la contribution était forcée contrairement au centre- urbain.
« La contribution ou la collecte en vivres est donnée de porte à porte. La majorité offre entre 2 à 5 kgs soit des haricots soit du riz ou même de grains de sorgho. Si on préfère donner de l’argent, on s’acquitte d’une somme allant de 2000 à 5000 francs burundais par ménage. Des commerçants donnent plus que ça », disent des habitants.
Un certain Shabani , représentant de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD au niveau provincial exigeait chaque jour des rapports pour savoir qui n’a pas répondu à cet appel, a signalé un sympathisant du parti au pouvoir dans la zone de Cumba en commune de Muyinga où habite le responsable provincial des Imbonerakure.
Quant aux fonctionnaires de l’État ayant été nommés par décret ou ordonnance ministériels , les contributions varient selon les postes occupés.
Certains ont contribué à hauteur de millions de francs burundais, d’autres en centaines de mille, selon des témoins.
Certains opposants et militants du CNDD-FDD disent que cet événement est l’un des plus géants que le parti présidentiel utilise pour « rançonner la population ».
La semaine dédiée au combattant s’est clôturée pour cette année le 19 novembre. La cérémonie a eu lieu dans la commune et province de Ruyigi (est). Cette semaine, un événement décrié par les anciens combattants issus de différents groupes rebelles Hutus qui ont combattu l’armée burundaise à l’époque dominée par des Tutsis durant plus d’une décennie après l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président Hutu démocratiquement élu en 1993 débute chaque année le 16 novembre. C’est la date à laquelle le CNDD-FDD a signé un cessez-le-feu avec le gouvernement de l’époque . C’était en 2003.
Les autres anciens combattants non membres du CNDD-FDD parlent d' »un événement qui nous exclut ». Ils estiment que la cérémonie devrait être organisée par le ministère en charge des anciens combattants pour « revêtir un caractère inclusif ».
Dans plusieurs provinces, les habitants ont dénoncé des contributions forcées en marge de cette semaine, ce que les représentants provinciaux du parti au pouvoir ont nié.
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Photo : la province de Muyinga
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