Rwanda-RDC : la communauté internationale rend hommage à la paix du bout des lèvres (Paul Kagame)
Pour la première fois, le président rwandais Paul Kagame a pris beaucoup de temps à parler d’une situation en dehors de son pays et s’exprimant en Anglais alors qu’il s’adressait aux Rwandais principalement. Il a affirmé que « les génocidaires FDLR sont devenus une milice auxiliaire des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) » parlant d’une situation « inacceptable » pour le Rwanda. Dans son message de nouvel an 2023 prononcé samedi 31 décembre, le président rwandais a accusé une partie de la communauté internationale qui continue de « choyer les dirigeants congolais » alors qu’elle a échoué à trouver des solutions à l’insécurité qui prévaut dans l’est du Congo, même après avoir dépenses des milliards de dollars. Selon lui, la communauté internationale rend hommage à la paix du bout des lèvres. (SOS Médias Burundi)
Pour bien véhiculer son message à l’endroit des membres de la communauté internationale qui accusent son pays de soutenir le M23, le chef de l’État Paul Kagame s’est exprimé dans la langue de Shakespeare pendant une grande partie de son intervention.
« C’est décevant que la communauté internationale rende hommage à la paix du bout des lèvres et normalement finit par compliquer les choses, ce qui sape les processus régionaux », a-t-il déclaré, très calme.
Et de charger de plus « Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars sur le maintien de la paix au cours des deux dernières décennies, la situation sécuritaire dans l’est du Congo est pire que jamais. Pour expliquer cet échec, certains membres de la communauté internationale le reprochent au Rwanda même s’ils savent très bien que la responsabilité incombe au gouvernement congolais premièrement tout comme à ces acteurs externes qui refusent de s’attaquer aux problèmes de fond du problème- nulle part ailleurs ».
Pour le président Kagame, il s’agit d’un « mensonge coûteux qui n’a aucun sens logique ».
Choyer les dirigeants congolais pour protéger des intérêts
Pour le chef de l’État rwandais, la communauté internationale continue de gâter les dirigeants congolais pour « protéger ses intérêts ».
« Ils disent la vérité dans les murmures seulement, craignant de déplaire au gouvernement congolais et compromettre leurs propres intérêts. Mais en fait , ils enhardissent les dirigeants de la RDC à prendre de plus en plus de pas drastiques pour consolider sa base populiste dans le processus, faisant mal à leur propre peuple », a-t-il ajouté.
Et d’enfoncer le clou « Même si le groupe d’experts des Nations-Unies a établi la collaboration de l’armée congolaise avec les FDLR et d’autres milices, sans mentionner le discours de haine alarmant, ces éléments sont pratiquement ignorés comme s’ils n’avaient aucune conséquence ».
Pour M. Kagame, cette attitude est choquante mais non surprenante.
« Nous en avons assez avec cette hypocrisie », a-t-il insisté.
« Il est grand temps que la vérification injustifiée du Rwanda cesse », s’est révolté le président Kagame.
Le Rwanda affecté par la situation dans l’est du Congo
Pour Paul Kagame, son pays est affecté par la situation qui prévaut dans l’est du vaste pays de l’Afrique centrale, son voisin.
« Bien sûr que nous sommes directement affectés quand les restes des milices qui ont commis le génocide deviennent les forces auxiliaires de l’armée de la RDC et mènent des attaques au -delà de notre frontière », a-t-il expliqué.
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Et de continuer sur un ton posé « Aucun pays ne peut accepter cela. Le Rwanda n’acceptera jamais cela comme normal et répondra toujours de façon appropriée parce que notre sécurité et stabilité sont primordiales », rappelant qu’il y a plus d’une centaine de groupes armés actifs dans l’est du Congo, y compris les milices génocidaires rwandaises comme les FDLR.
« Ces groupes créent l’insécurité constante pour les civils en RDC et au Rwanda. Cette situation prévaut parce que la RDC ne veut pas ou n’est pas capable de gouverner son territoire », a assumé Paul Kagame.
« Le Rwanda devrait-il supporter le dysfonctionnement de cet immense pays ? », s’est-il demandé.
Sans nommer leur communauté, il a déploré la situation des réfugiés congolais qui se voient refuser leur droit fondamental d’avoir la nationalité par leur propre pays. Il parle de « cas d’espèce ».
« Il ne s’agit pas de question de discours de haine mais de persécution active sur des décennies », a-t-il rappelé.
M. Kagame a informé que le Rwanda est parmi les pays de la communauté Est-Africaine qui ont accueilli des centaines de milliers de réfugiés congolais.
« Nous avons plus de 70 mille enregistrés au Rwanda seulement. Et de nouveaux réfugiés continuent d’arriver même maintenant », a-t-il affirmé.
« Pourtant, la communauté internationale prétend que ces gens n’existent pas….Le plan semble pour eux qu’ils restent indéfiniment au Rwanda, ce qui sert seulement à blanchir le mensonge selon lequel ils sont normalement des Rwandais qui méritaient d’être expulsés. Ceci est un problème international qui requiert une solution internationale », a attaqué le président rwandais.
« Le Rwanda n’acceptera pas de supporter le fardeau des responsabilités de la RDC. Nous avons assez de fardeaux à porter », a-t-il conclu.
Les autorités congolaises n’ont pas encore réagi aux propos du président du pays des mille collines.
Mais mardi dernier, elles ont présenté aux médias deux ressortissants rwandais prestant pour l’organisation africaine de développement de la santé les accusant d’être des « espions » qui planifiaient d' »abattre un avion transportant le président congolais Félix Tshisekedi ».
Les relations entre les deux pays des Grands-Lacs d’Afrique ne cessent de se détériorer depuis la résurgence du mouvement du 23 mars, le M23.
L’ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants est composée de Tutsis congolais.
Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.
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Après avoir récupéré plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu à l’est de la RDC dont Bunagana, la cité frontalière avec l’Ouganda, et menaçant de prendre la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu depuis mi juin dernier, les rebelles du M23 ont cédé ses positions de Kibumba (territoire de Nyiragongo) à la force régionale de l’EAC, le 23 décembre 2022.
Le gouvernement congolais l’a récemment accusé d’avoir massacré 272 civils dans deux villages sous son occupation, l’ONU avançant un bilan de 130 morts.
Le M23 a nié ces allégations les qualifiant de « propagande » visant à « nous discréditer auprès de la population » et appelé à une enquête indépendante et impartiale.
Le Rwanda quant à lui a toujours accusé les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) de « collaborer avec les génocidaires FDLR » dans le but de « déstabiliser son territoire ».
Mais le président congolais Félix Tshisekedi qui ,à plusieurs reprises a chargé son homologue rwandais Paul Kagame de « soutenir les rebelles » estime que « les FDLR ne représentent plus de menace pour le Rwanda » les désignant comme « une force résiduelle réduite au banditisme ».
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Photo : le président rwandais Paul Kagame lors de la présentation de son message à la Nation, le 31 décembre 2022 à Kigali
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