Burundi : HRW exige la libération de Floriane Irangabiye

Burundi : HRW exige la libération de Floriane Irangabiye

Selon Human Right Watch, la condamnation de la journaliste burundaise viole le droit à la liberté d’expression. Pour l’organisation de défense des droits humains, les autorités devraient libérer Floriane Irangabiye et mettre fin aux procès politisés. Clémentine de Montjoye , chercheuse au sein de la division Afrique de Human Rights Watch explique que la condamnation et la peine infligées à Floriane Irangabiye au Burundi reposent sur un crime vague et susceptible d’être utilisé arbitrairement pour poursuivre des personnes exprimant des avis critiques, en violation de la liberté d’expression. (SOS Médias Burundi)

La peine écopée par la journaliste burundaise Floriane Irangabiye viole ses droits à la liberté d’expression et à un procès équitable, a déclaré Human Rights Watch ce jeudi. Elle a été condamnée pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », le 2 janvier 2023 par la Haute Cour de Mukaza. Elle l’a condamnée à 10 ans de prison et à une amende d’un million de francs burundais (480 USD).
Les avocats de Floriane Irangabiye ont interjeté appel le 23 janvier.

D’après le verdict du tribunal, sa condamnation fait suite à une émission diffusée sur Radio Igicaniro dans laquelle elle a participé en août 2022, à côté d’un défenseur des droits humains et d’un journaliste en exil, qui ont tous deux critiqué le bilan du Burundi en matière de droits humains.

« La condamnation de Floriane Irangabiye met en lumière la manipulation du système judiciaire par les autorités burundaises pour faire taire les voix critiques », a déclaré Clémentine de Montjoye, chercheuse au sein de la division Afrique de Human Rights Watch. « Si les autorités burundaises sont sincères quant à leur volonté d’introduire des réformes, elles devraient mettre fin à leur vendetta contre les personnes qu’elles perçoivent comme des opposants au gouvernement, y compris les dizaines de journalistes et de défenseurs des droits humains qui ont fui après la crise politique du pays en 2015. »

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https://www.hrw.org/fr/news/2023/02/02/burundi-la-condamnation-dune-journaliste-viole-le-droit-la-liberte-dexpression

Lors du procès de Floriane Irangabiye le 16 décembre, le parquet a fondé ses accusations sur son travail de chroniqueuse et d’animatrice sur Radio Igicaniro, un média en ligne qui diffuse des contenus critiques ainsi que des débats sur la politique et la culture burundaises.

D’après le verdict rendu à l’issue du procès de Floriane Irangabiye, le parquet s’est fondé sur ses voyages réguliers entre le Rwanda , où elle était basée, et le Burundi, et l’a accusée de critiquer le gouvernement burundais et d’inciter les jeunes à renverser le gouvernement, notamment du fait de sa participation à des rencontres avec des jeunes Burundais en exil au Rwanda.

Le parquet a également cité des photos sur lesquelles elle apparaît avec le président rwandais Paul Kagame et l’ancien président burundais Pierre Buyoya (décédé des suites de Covid-19 à Paris en décembre 2020), qui a été jugé coupable par contumace de l’assassinat en 1993 de son successeur, Melchior Ndadaye, et condamné à la prison à vie un mois avant.

Le verdict du tribunal et la longue peine d’emprisonnement semblent être motivés par le travail de Floriane Irangabiye qui, en tant que journaliste, interviewe des invités critiques à l’égard du gouvernement dans le cadre d’une émission de radio. Le tribunal a rejeté les arguments fondés sur le droit à la liberté d’expression garanti par la Constitution du Burundi.

Floriane Irangabiye a été placée en détention le 30 août 2022, après avoir été interceptée par des agents du Service national de renseignements alors qu’elle se rendait aux funérailles d’un parent à Matana, dans le sud du Burundi, selon un membre de la famille.

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