Ruhororo : l’administration communale veut chasser les déplacés

Ruhororo : l’administration communale veut chasser les déplacés

Les déplacés internes du site de Ruhororo dans la commune de Ruhororo de la province de Ngozi (nord du Burundi) disent recevoir des menaces de la part de l’administratrice communale. Cette dernière les qualifie de fauteurs de troubles dans sa commune. (SOS Médias Burundi)

Les lamentations se multiplient au sein de ces déplacés majoritairement de l’ethnie Tutsi.

L’administration communale exige le retour forcé sur leur colline d’origine.

« Elle nous force de retourner sur les collines que nous avons fui . Nous y avons perdu les membres de nos familles. Ils ont été tués à la machette et matraque par des extrémistes Hutus en 1993 », disent des déplacés du site de Ruhororo.

Le 21 octobre 1993, le tout premier président Hutu démocratiquement élu a été tué. Des Tutsi ont été massacrés par des Hutu sur tout le territoire burundais sous prétexte de venger sa mort. Les rescapés vivent dans des sites éparpillés dans le pays.

Selon des témoins, Mamerthe Birukundi, administratrice de la commune de Ruhororo ne cesse de « qualifier les déplacés de sa commune d’extrémistes ».

Dans des réunions surtout de sécurité, elle pointe du doigt ces déplacés comme étant « la source d’insécurité ».

« Nous sommes des fois ridiculisés par cette autorité communale. Ça nous fait peur quand elle dit publiquement que nous sommes des extrémistes qui sont à l’origine de l’insécurité sur toute l’étendue de la commune », déplore un déplacé.

Et d’ajouter: « Autrement dit elle veut signifier à la population environnante que nous constituons un danger pour eux ».

D’autres sources parmi les déplacés disent qu’il est difficile pour elles d’avoir accès à des services qui émanent directement de l’administratrice communale.

« Nous rentrons sans être reçus si nous nous rendons au bureau de l’administratrice. Elle n’a pas envie de nous voir », se désolent-elles.

Selon des administratifs à la base, Mamerthe Birukundi dit ouvertement que le terrain où le site est érigé appartient à la population environnante.
D’ailleurs, certains habitants ont commencé à mettre des bornes jusque dans les parcelles de déplacés, selon des témoins.

« Nous risquons d’être envahis par la population. Il n’y a personne pour nous défendre », craint un des responsables des déplacés de Ruhororo.

Les habitants du site de Ruhororo disent avoir peur des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel, le CNDD-FDD).

« Ils nous menacent avec la complicité de l’autorité locale », accuse une vieille femme.

L’administratrice communale de Ruhororo n’était pas disponible pour réagir à ces allégations. Les autorités burundaises expriment depuis plusieurs années, le souhait de fermer les camps de déplacés estimant que « le calme et la sécurité sont revenus sur leur colline d’origine »

Mais les concernés et les associations de défense des droits de la minorité Tutsi parlent de « harcèlement de victimes ravivant les mauvais souvenirs ».

Pour certains observateurs, les autorités burundaises se contredisent car elles disent vouloir promouvoir « la mise en commun des terres agricoles et le regroupement des gens en villages » et en même temps veut « chasser les déplacés dont les camps sont déjà constitués en centres-villages improvisés ».

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Photo d´archives : vue partielle du camp des déplacés de Ruhororo

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