Nord- Kivu : timide manifestation contre l’arrivée du président Macron en RDC

Nord- Kivu : timide manifestation contre l’arrivée du président Macron en RDC

Une manifestation a été organisée à Goma ce jeudi depuis les heures matinales. Les mouvements citoyens et groupes de pression s’insurgent contre l’arrivée du président français Emmanuel Macron en République Démocratique du Congo. L’événement a été boycotté par des chefs de file des mouvements citoyens et de groupes de pression qui rappellent que la France a aidé pour que l’embargo sur les armes en RDC soit levé. (SOS Médias Burundi)

Sur les calicots des manifestants, on pouvait lire : « non à l’arrivée de Macron en RDC », « La France est un partenaire hypocrite », « Macron égal-Rwanda, Macron égal- M23 ».

Les manifestants sont descendus vers le cercle sportif de Goma (chef-lieu du Nord-Kivu) puis à l’Institut français.

Dans leurs mains, ils ont brandi un drapeau de la France qu’ils ont brûlé devant l’Institut français.

Selon Espoir Aspirine, militant au sein de la Lucha (Lutte pour le changement), l’arrivée du président français « constitue un danger pour la RDC qui fait face a l’agression rwandaise ».

« Nous ne sommes pas d’accord avec son arrivée car la France est une nation dangereuse. Vous savez ce que fait la France au Mali et partout. Alors ça peut être le tour de la RDC. Nous réitérons : non et non à l’arrivée de Macron en RDC », a insisté Espoir Aspirine.

Pour Aristote Amani de la Véranda Mutsanga, Emmanuel Macron a l’unique objectif: concrétiser la balkanisation au Congo.

« Tout le monde veut avoir le coltant, l’or, le diamant, la cassitérite, et les autres richesses de la RDC. La Balkanisation du Congo est un plan de la communauté internationale. Macron aussi est dans ce plan raison pour laquelle il est en train de chercher comment convaincre les dirigeants congolais. Nous n’allons pas accepter que notre pays soit divisé à jamais », a-t-il affirmé.

Des manifestants en train de brûler un drapeau français devant l’Institut français de Goma, le 2 mars 2023

S’agissant de la question sécuritaire qui se dégrade dans la province du Nord-Kivu, ces manifestants demandent aux autorités congolaises de « prendre leur responsabilité en main pour endiguer l’insécurité ».

« Tout ça, ce sont les méfaits de la guerre qui nous est imposée par le Rwanda et d’autres pays de la région. Des milliers de Congolais ont perdu leur vie dans les atrocités. Les autorités congolaises doivent prendre cette question en main puis finir la guerre dans la partie-Est de la RDC. Et s’il s’agit de vaincre la guerre , nous sommes prêts à aller même jusqu’au Rwanda pour mener une guerre sérieuse avec Kagame », a expliqué Héritier Nyamwami, un des organisateurs de l’événement.

Le président français a organisé un voyage dans plusieurs pays de l’Afrique centrale dont la RDC.

L’arrivée d’Emmanuel Macron en RDC divise les acteurs de mouvements citoyens

La manifestation contre l’arrivée du président français en RDC prévue pour ce jeudi a accouché d’une souris.

Des chefs de file de mouvements citoyens ont brillé par leur absence. Parmi eux, Sankara Bin Kartumwa.

Ce militant de la Lucha dans la ville de Goma trouve non fondé que les Congolais bravent la rue pour tourner le dos à un pays qui a aidé pour que l’embargo sur les armes en RDC soit levé.

« Certains d’entre nous pensent qu’il faut barrer la route à Emmanuel Macron parce qu’il finance un pays qui nous agresse. Nous, nous sommes de ceux-là qui pensent que c’est impossible parce que s’il y a eu l’embargo qui pesait contre notre pays, la France a joué un rôle capital en protégeant les intérêts de la RDC. Mais aussi on continue de croire que refuser à Emmanuel Macron d’arriver au Congo, c’est dédouaner le gouvernement de Félix de toutes ses médiocrités », a indiqué M. Kartumwa.

« Emmanuel Macron n’est que la fièvre. Il faut s’attaquer aux microbes. C’est le gouvernement congolais qui est microbe. Il faut rappeler au gouvernement que le respect de ses engagements pour l’amélioration de la situation des Congolais n’est pas négociable. Les autorités doivent au moins profiter de l’arrivée du président français pour prévaloir, ce qui est de droit, et faire de lui notre ambassadeur de tout ce qui se passe au pays. Nous devons négocier un partenariat gagnant-gagnant avec la France » a fait savoir ce militant de la Lucha.

Des manifestants devant l’Institut français de Goma, le 2 mars 2023

Le Rwanda a toujours nié les accusations selon lesquelles il soutient le M23. Cette ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants a récupéré plusieurs zones dans trois territoires de la province du Nord-Kivu à l’est du pays dont la cité de Bunagana , frontalière avec l’Ouganda. Les autorités militaires de cette province ont annoncé l’ouverture de certains axes importants dans les zones sous contrôle des rebelles.

« Les axes restent contrôlés par les rebelles. Si les autorités annoncent qu’ils sont de nouveau praticables, sans doute qu’il y a eu des négociations entre les rebelles et les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo », analyse un journaliste local.

Depuis la résurgence du M23, les autorités congolaises ont refusé de dialoguer avec ce mouvement qu’elles qualifient de « terroriste ».

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Photo : un manifestant anti-Macron dans une rue à Goma, le 2 mars 2023

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