Burundi : les conditions de retour exigées par les réfugiés sont-elles réalistes ?

Burundi : les conditions de retour exigées par les réfugiés sont-elles réalistes ?

Les représentants des réfugiés burundais installés dans la sous-région ont envoyé une note de plaidoyer au gouvernement du Burundi dans laquelle ils posent leurs conditions pour leur retour. Parmi les désidératas des réfugiés, le dialogue politique entre le gouvernement et ses acteurs politiques, la réouverture des médias détruits et des organisations de la société civile radiées, ou encore la libération des prisonniers politiques. Le document est signé et paraphé par les représentants des réfugiés burundais au Rwanda, en Ouganda, au Kenya et en RDC. (SOS Médias Burundi)

La coalition des représentants des réfugiés burundais en exil met en exergue les actions jugées réalisables à court terme, conditions «sine qua none », pour permettre à ceux qui veulent rentrer « d’avoir un minimum de dignité, de sécurité et de garanties de leurs droits et libertés de prendre une décision difficile, vu le contexte actuel au Burundi ».

Parmi ces conditions non négociables, d’après ces représentant des réfugiés, figurent le dialogue politique et social inclusif entre le gouvernement et les acteurs politiques et apolitiques, l’ouverture de l’espace politique et la réhabilitation des partis politiques, des associations de la société civile « injustement radiées ou divisées » et des médias indépendants détruits.

Plus encore, ces réfugiés veulent que le gouvernement du Burundi mette en exécution le jugement de la Cour de justice de l’EAC « pour un retour à la légalité constitutionnelle et une démocratie effective ».

Pour rappel, la cour d’appel de l’EAC a jugé inconstitutionnel le troisième mandat de feu président Pierre Nkurunziza, à la base de la crise politique qui a poussé près de 500 mille Burundais à se réfugier dans les pays limitrophes.

Lourds chantiers des droits humains

Ces représentants des réfugiés exigent aussi la libération des prisonniers politiques et d’opinion qui ont manifesté contre un autre mandat controversé de feu président Nkurunziza en 2015, de mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires, de poursuivre en justice les auteurs des violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité, l’arrêt des « activités paramilitaires des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir), les désarmer, et sanctionner toutes les formes de violence dont ils sont responsables ».

Plus loin dans ce document, ces réfugiés en arrivent à exiger la révision de la composition et des missions de la CVR « pour les rendre conformes à l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha ».

Ils ont particulièrement plaidé pour l’amélioration des conditions de vie de leurs compatriotes réfugiés en Tanzanie et en RDC.

« Leur situation est alarmante. D’une part ces réfugiés sont victimes des conflits armés, d’autre part (en Tanzanie) leurs biens sont vandalisés, les femmes et les filles sont violées, les cultures confisquées. La responsabilité incombe à certaines autorités administratives des pays d’accueil, aux militaires burundais et leurs acolytes Imbonerakure en action en RDC, qui veulent contraindre les réfugiés au rapatriement forcé », dénoncent-ils.

Réponse du berger à la bergère…

Fin décembre 2022, le gouvernement burundais a envoyé une délégation au Rwanda pour sensibiliser les réfugiés au rapatriement volontaire massif. Dans les mois qui ont suivi, des actions similaires ont été menées aussi en Tanzanie , en Ouganda et au Congo.

De ce fait, le document semble servir comme une fin de non-recevoir que les délégués des réfugiés adressent au régime burundais.

« La main tendue du gouvernement burundais n’a pas été repoussée, au contraire, nous voudrions tout simplement prendre à témoins tous ceux qui ont contribué à la paix au Burundi depuis le 28 août 2000 (signature de l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha) que les causes de notre exil sont toujours là, et le ton s’est même durci », déclarent-ils.

Un statut vague…

Dans leur déclaration, ils se disent délégués des réfugiés de 1993, 2010 et 2015.

« C’est le plaidoyer des centaines de milliers des victimes des évènements sanglants au Burundi depuis 2010, 2015 jusqu’à nos jours, les réfugiés, les exilés mais aussi des rapatriés, les déplacés de guerre depuis 1993, les citoyens en insécurité à l’intérieur du pays dont nous nous faisons les porte-paroles du fait qu’ils ne peuvent pas plaider par eux-mêmes à cause de la situation d’insécurité généralisée au Burundi », justifient-ils.

Leur note vient d’être envoyée au président burundais avec copie notamment aux présidents des pays de l’EAC, au secrétaire général de l’ONU, au président de l’Union Africaine, au HCR et au rapporteur spécial des Nations Unies pour le Burundi.

Selon les chiffres du HCR, plus de 300.000 réfugiés burundais sont encore en exil, principalement en Tanzanie, au Rwanda, en Ouganda, en RDC, au Kenya, en Zambie ou encore au Malawi.

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Photo d’archives : une réfugiée en provenance de Mahama au Rwanda reçoit le drapeau burundais de la part du Premier ministre Gervais Ndirakobuca, alors ministre en charge des affaires intérieures comme signe d’accueil sur le territoire burundais, août 2022

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