Nduta (Tanzanie) : huit réfugiés burundais enlevés

Nduta (Tanzanie) : huit réfugiés burundais enlevés

Trois semaines viennent de se passer sans nouvelle de huit réfugiés tirés de leurs ménages dans la nuit par des éléments de la police tanzanienne. Leurs familles s’inquiètent de leur sort. (SOS Médias Burundi)

Le vendredi 12 mai dernier, des individus non encore identifiés, certains en tenue de la police tanzanienne, d’autres en tenue civile, tous armés, ont opéré une rafle dans huit ménages du camp de réfugiés de Nduta en Tanzanie.

« C’était pendant la nuit, on était déjà au lit, on a entendu des gens qui frappaient fort sur la porte et mon mari a ouvert. Du coup, mon mari n’est pas revenu en arrière. Il a été vite arrêté et enlevé », explique la femme de l’un des huit hommes dont « on n’a plus de nouvelles ». Elle est de la zone 13.

Les mêmes personnes se sont présentées dans la zone 15 et 18 pour « faire disparaître d’autres jeunes ». Ils ont été embarqués dans un pick-up policier.

« Aucune femme n’a été touchée. Et on ne sait pas encore de quoi ils sont reprochés car certains sont d’anciens étudiants, d’autres sont des gens simples qui ne font que gagner péniblement leur vie ici », expliquent des voisins.

Les familles des concernés soulignent qu’elles ont sillonné tous les cachots du camp sans trouver la moindre trace de ces « victimes de la disparition forcée bien planifiée », selon les réfugiés.

Un des huit réfugiés qui ont été enlevés par les services de sécurité tanzaniens

La police a expliqué qu’elle ne sait pas le lieu de détention de ces gens car « l’opération a été faite par des policiers venus du chef-lieu du district de Kibondo », ce qui ne convainc pas les réfugiés.

« Comment des policiers de l’extérieur pouvaient connaître les villages et les numéros d’habitation, sans être guidés par ceux d’ici ? Ils ne veulent pas nous livrer l’information tout simplement. Et nous craignons pour leur sécurité. Tout peut leur arriver sans mettre de côté des tortures ou des déportations alors qu’ils sont innocents », font savoir leurs amis et voisins.

Les réfugiés burundais qui sont arrêtés ou enlevés sont souvent accusés de collaborer avec des rebelles ou des opposants au régime burundais.

Pourtant, les enlèvements semblaient avoir cessé au camp de Nduta depuis l’année dernière. Les réfugiés demandent au HCR et au gouvernement tanzanien de « garantir notre sécurité ».

En 2020, au moins huit autres réfugiés burundais avaient été kidnappés par les services de sécurité tanzaniens avant de se retrouver dans des prisons burundaises. Soupçonnés de « collaborer avec des groupes rebelles », ils ont été libérés en février dernier.

Le camp de Nduta compte plus de 76.000 réfugiés burundais.

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Photo d’illustration : une réfugiée burundaise devant sa maison en Tanzanie

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