Sommet de Bujumbura : le communiqué final a été signé tardivement pour un petit détail

Sommet de Bujumbura : le communiqué final a été signé tardivement pour un petit détail

Le premier ministre rwandais, Édouard Ngirente a insisté sur une précision concernant le pré-cantonnement des combattants du M23. Le représentant de la RDC ne voulait pas que le mouvement soit associé quand il sera question d’aller visiter les lieux. (SOS Médias Burundi)

Intervenant 4 fois, Édouard Ngirente s’est montré intransigeant. Le représentant du président Tshisekedi ne voulait pas que le M23 soit associé.

« Je me rappelle que le premier ministre du Rwanda a souhaité que le M23 fasse partie de l’équipe qui va aller visiter Rumangabo (ancienne caserne située sur le territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, à l’est du Congo) où se fera le pré-cantonnement. Mais il a été convenu que c’est plutôt le facilitateur qui les contacterait. (…) je ne vois pas pourquoi on associerait les rebelles du M23 ici, parce que tous ceux qui sont là c’est pour les sécuriser et créer les conditions d’un pré-cantonnement normal. C’est ce qui a été entendu j’espère par nous tous dans la réunion », a expliqué Antipas Mbusa Nyamwisi, ministre d’Etat en charge de l’intégration régionale.

Et M.Ngirente de contre-attaquer : « le M23 devrait être associé dans le processus. On ne s’est pas mis d’accord sur ce que le ministre congolais est en train de dire. Nous ne voyons pas comment le M23 peut être écarté de ce processus. Le facilitateur va communiquer la décision au M23 mais le mouvement est aussi acteur ».

Le président kényan a tempéré parlant de « progrès significatif dans ce processus ».

« Si on décide d’installer une personne ailleurs, celle-ci doit savoir le lieu. Il est facile de dire qu’il ne faut pas impliquer le M23, mais moi je pense qu’il faut associer le M23 quand les équipes de la Monusco, les représentants armées …vont visiter les lieux . C’est la meilleure voie », a insisté Édouard Ngirente lors de sa quatrième intervention.

Après des dizaines de minutes, le représentant du président sud-soudanais a tranché. Il a parlé de l’expérience de son pays. Pour lui, les concernés doivent être associés pour qu’ils soient sûrs qu’ils ne seront pas attaqués par les forces congolaises.

En clôturant cette discussion, le président Ndayishimiye qui est président en exercice de l’EAC a conclu que « la tâche de nommer qui sera invité à visiter les lieux incombe au facilitateur ».

Paradoxalement, toutes les discussions qui devraient avoir lieu à huis-clos ont été filmées et enregistrés par les journalistes. Le lien de l’intégralité du sommet est d’ailleurs sur YouTube.

L’ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants, bénéficie du soutien du Rwanda, selon les dirigeants congolais.

Les autorités rwandaises ont toujours nié ces allégations, reprochant au gouvernement congolais de collaborer avec les génocidaires rwandais FDLR en leur fournissant des uniformes, armes et munitions dans le but de déstabiliser le territoire rwandais.

Le président Tshisekedi considère de son côté les FDLR comme une force résiduelle réduite au banditisme, ne représentant plus de menace pour le Rwanda.

___________________

Photo : au milieu, le premier ministre du Rwanda Édouard Ngirente en marge du 21e sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’EAC à Bujumbura, le 31 mai 2023

Previous Guerre dans l’Est du Congo : où sera le lieu de cantonnement des rebelles du M23 ?
Next Nduta (Tanzanie) : huit réfugiés burundais enlevés