Nakivale (Ouganda) : des enseignements à caractère ethnique inquiètent les réfugiés

Nakivale (Ouganda) : des enseignements à caractère ethnique inquiètent les réfugiés

Depuis quelques jours, des réfugiés burundais du camp de Nakivale en Ouganda disent être inquiétés par des enseignements ethniques. Ils reprochent à des individus assimilés aux espions du gouvernement burundais de s’activer en expliquant à la majorité Hutu que des Tutsis sont à l’origine de leur exil. Ils dénoncent une politique « divisionniste » dans un camp où les occupants ne sont préoccupés que par leur survie en exil. (SOS Médias Burundi)

Les villages les plus ciblés sont Kabazana et Kashojwa selon des témoins.
Des gens présentés comme des espions envoyés par le gouvernement burundais sensibilisent les familles Hutus. Ils font du porte à porte et expliquent que si les Hutus sont en exil c’est la faute aux Tutsis, disent des témoins.

« Il s’agit de certains réfugiés burundais comme nous. Ils ciblent des ménages où vivent des Hutus et leur expliquent que nous avons fui en 2015 parce que les Tutsis voulaient renverser le pouvoir Hutu. Ils essayent de nous convaincre que nous aurons bientôt une grâce présidentielle et qu’il faudra rentrer », révèlent des réfugiés qui ont été approchés.

Et de préciser, « par exemple, le responsable du village de Kashojwa nous a surpris. Il visite des familles Hutu et les appelle à se défaire des Tutsis qui, selon lui ont massacré des Hutus en 1972. Il ajoute aussi que c’est la même ethnie qui a tué Melchior Ndadaye, le premier président Hutu démocratiquement élu en 1993. C’est vraiment honteux de propager de tels enseignements », regrettent des familles Hutus qui disent que les tueries interethniques n’ont plus de place et sont à bannir.

Des réfugiés toute ethnie confondue indiquent être convaincus que les porteurs de messages sont des espions envoyés par les autorités burundaises ou des réfugiés recrutés pour semer la zizanie entre réfugiés pour pousser les Hutus à rentrer au Burundi.

Ils craignent que la sensibilisation ne s’accompagne d’assassinats ciblés. Ils demandent aux responsables du camp, des zones et villages et à la police de suivre de près la situation avant qu’elle ne dégénère.

Ils estiment que la crise de 2015 déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza n’est pas ethnique mais politique. C’est cette crise qu’ils ont fui.

Nakivale abrite encore plus de 41000 réfugiés burundais.

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Photo : pancarte indiquant le bureau de la police à Nakivale où est installé le camp de réfugiés burundais

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