Goma : inhumation sur ordre du gouvernement de plus de quarante corps malgré l’opposition des familles et de la société civile

Goma : inhumation sur ordre du gouvernement de plus de quarante corps malgré l’opposition des familles et de la société civile

Au moins 40 corps ont été enterrés lundi 18 septembre 2023 sur ordre du gouverneur de la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo, malgré l’opposition farouche des membres de leurs familles qui exigeaient une enquête indépendante avant l’inhumation. Le 30 août dernier, plus de 50 personnes ont été tuées par l’armée congolaise lors d’une manifestation contre la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations-Unies en RDC). (SOS Médias Burundi)

Dans la foulée, les mouvements citoyens et groupes de pression, ont annoncé une marche manifestation pour rendre hommage à toutes les personnes ayant perdu la vie durant le carnage du 30 août. Selon des habitants de Goma, la mairie a interdit cette manifestation.

Le gouverneur de la province du Nord-Kivu a ordonné l’inhumation lundi malgré l’opposition des familles des victimes qui exigeaient certains préalables avant tout enterrement. Elles accusent l’autorité provinciale d’avoir refusé toute collaboration.

Selon des sources militaires, le tribunal militaire garnison de Goma s’investit toujours pour trouver les vrais auteurs de ces massacres des populations civiles en plein chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Au cours de son séjour en province, Peter Kazadi, le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur a profité de cette occasion pour échanger avec les familles des victimes quelques heures avant la mise en terre des corps.

« Sur les 57 morts, il y a une quarantaine dont les familles se sont manifestées et d’autres dont les familles ne se sont pas manifestées pour réclamer les corps », a-t-il déclaré.

Des membres des familles des victimes se sont vivement opposés à cet enterrement organisé par le gouvernement de la province du Nord-Kivu.

« Moi je ne suis pas d’accord avec nos autorités qui viennent d’enterrer nos proches sans pour autant nous consulter. Ça veut dire qu’elles veulent faire disparaître des traces qui montrent comment nos frères, sœurs, parents ont été tués. Nous demandons que ceux qui sont dans les maisons carcérales ici à Goma soient libérés puis procéder à un enterrement digne », a indiqué à SOS Médias Burundi un frère d’une des victimes.

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La société civile de sa part pense que les autorités militaires en complicité avec le gouvernement central de Kinshasa, ont usé de leur pouvoir pour bafouer les droits des Congolais.

« Notre gouvernement n’est vraiment pas sérieux. Comment il peut enterrer un mort sans consulter sa famille biologique? C’est vraiment violer les droits des Congolais et nous demandons à la justice congolaise si elle n’est pas complice dans ce dossier d’ouvrir encore une fois des enquêtes sérieuses pour que le gouverneur militaire Constant Ndima Kongba et les membres de son gouvernement puissent répondre farouchement de ces actes barbares », estime Denis Cicéron, président de la société civile républicaine du Congo dans la ville de Goma.

Rappelons que le carnage du 30 août dernier a coûté la vie à plus d’une cinquantaine de civils dont un grand nombre était composé de jeunes membres d’une secte mystico-religieuse locale.

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Photo : des hommes mettent des cercueils de victimes des massacres du 30 août 2023 dans un véhicule avant leur inhumation

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