RDC : une nouvelle Alliance anti-Tshisekedi voit le jour

RDC : une nouvelle Alliance anti-Tshisekedi voit le jour

La nouvelle Alliance est née ce vendredi. Elle est dénommée « Alliance Fleuve Congo ». C’est l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa qui en est responsable. L’organisation dit ne pas reconnaître les élections du 20 décembre prochain et prévient : « le président Tshisekedi ne sera plus considéré comme chef de l’Etat à partir de cette date, nous ferons tout pour restaurer la République ». (SOS Médias Burundi)

Son officialisation s’est déroulée dans la ville de Nairobi, la capitale du Kenya. Corneille Nangaa a informé que « les composantes ayant rejoint l’appel à ce jour sont nombreuses: la composante politico-militaire, les groupes armés partent de l’Ituri en passant par le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, la province orientale en général et jusqu’au niveau du Katanga. Bien entendu, à part les groupes armés qui sont déjà avec nous, nous comptons à ce jour autour de 17 partis politiques et trois regroupements politiques dont on tait les noms pour des raisons que vous connaissez. Au delà de ça, nous avons plusieurs plates-formes de la société civile, qui s’annoncent à nous et plus de 267 personnalités politiques déjà ensemble avec nous ».

La nouvelle Alliance accuse le pouvoir en place de tous les maux.

« […], l’insécurité généralisée, les tueries et les massacres massifs des populations, les idéologies génocidaires avec comme conséquences des déplacés congolais, des réfugiés principalement dans la partie orientale du pays, l’instabilité consécutive à l’absence de l’Etat, le déficit de gouvernance des institutions nationales et leur incapacité à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire congolais, la corruption, le détournement des deniers publics, la spoliation des biens publics et privés, le tribalisme, la discrimination, le mensonge et la chasse à l’homme, l’instrumentalisation des institutions et la justice, la manipulation tribalisée de la justice, les arrestations arbitraires, les assassinats, les crimes économiques, la sous-traitance de la sécurité nationale en utilisant la guerre comme fonds de commerce,… », la liste des accusations de l’Alliance Fleuve Congo contre le régime de Kinshasa est longue.

Élections

L’ancien président de la CENI juge le prochain scrutin du 20 décembre comme un « non évènement ».

« La question des élections ne nous concerne pas de toute façon. Nous savons qu’il n’y a pas élections et nous ne sommes pas concernés par cette démarche. Nous savons ce que Tshisekedi prépare, quant à ce, nous n’accepterons pas… et il sait que ce qu’il est en train de préparer, ce sont des ingrédients du chaos pour le Congo. Nous lui lançons cet ultimatum, à une échéance déterminée, à partir du 20 décembre il ne sera plus considéré comme président de la République », a mis en garde M. Nangaa.

Action salvatrice?

Lorsque l’on parle des mercenaires ou groupes armés, c’est la création de Tshisekedi, il a fait de la guerre un fonds de commerce, un business, et quand on parle de mercenaires, c’est lui qui a créé des mercenaires, poursuit celui qui est aujourd’hui en exil.

« Il faut reconnaître que la configuration des forces qu’il y a aujourd’hui à l’est, c’est un cocktail avec tout ce que vous pouvez vous imaginer : des forces invitées, des forces non invitées, des forces qui se sont créées elles-mêmes, des forces négatives et tout cela Tshisekedi le fait au détriment des Forces armées de la République démocratique du Congo », décrit-il.

Corneille Nangaa, responsable de l’Alliance Fleuve Congo s’adresse à la presse, le 15 décembre 2023 à Nairobi

Et d’enfoncer le clou : »il a humilié l’armée, il a tellement humilié l’armée que pour lui, il faut appeler les autres pour défendre le Congo. C’est ça notre logique, nous disons : il faut recréer l’Etat. Est-ce que notre action va déstabiliser l’Etat ? Non, nous sommes dans une déstabilisation et notre action a pour objet de créer la stabilisation, la stabilisation vient du vivre ensemble, la cohésion nationale ».

Rupture?

En 2018, Corneille Nangaa était à la tête de la commission électorale qui a installé Félix Tshisekedi. Des journalistes ont voulu savoir ce qui s’est passé, cinq ans après.

« La République démocratique du Congo est une démocratie, et en 2018, nous avons bénéficié de la toute première alternance du pouvoir. Malheureusement, force est de constater que celui qui était censé conduire cette première alternance nous a ramenés plus de 60 ans en arrière. C’est lui qui fait le coup d’État. Et nous sommes là aujourd’hui, l’Alliance Fleuve Congo est là pour sauver la nation de ce naufrage ».

Et de conclure sur le même ton.

« On fait un semblant d’élections au Congo sans un fichier électoral, statistiques fausses, il n’y aura pas d’élections au Congo. Les mouvements rebelles qui sont au Congo aujourd’hui sont une création de M.Tshisekedi en personne. Il a un contrat signé avec la plupart de ces groupes armés y compris surtout le M23. C’est quelqu’un qui ne respecte aucune parole. Il a échoué sur tous les plans M.Tshisekedi. Son échec a fait qu’il y ait non seulement faillite de l’Etat, faiblesse de l’Etat sinon absence de l’Etat, ce qui génère des groupes armés ».

Le week-end dernier, le chef de l’État qui est candidat à sa propre succession a reconnu sa collaboration avec les milices locales « dans le but de protéger le territoire congolais ».

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Plusieurs groupes armés installés dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu font déjà partie de la nouvelle Alliance, a appris SOS Médias Burundi des sources locales.

Un seul représentant d’un groupe armé était présent à côté de Corneille Nangaa lors de l’annonce de la naissance de cette Alliance. Il s’agit de Bertrand Bisimwa, leader politique du M23, l’ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants.

L’est du Congo est en proie à des guerres interminables depuis trois décennies, récemment les autorités congolaises ont mis fin à une mission de la communauté Est-Africaine, EAC,après un bilan mitigé sur le terrain. M. Nangaa qui a remercié entre autres le Kenya « pour nous avoir laissés organiser cette activité », a parlé de cette force sans trop s’y attarder.

Au début de l’année, lors de sa toute première visite en Afrique et dans le vaste pays de l’Afrique centrale, le pape François a déploré que « la communauté internationale s’est résignée à la violence qui dévore le peuple congolais ». Le souverain pontife a dit aux victimes des atrocités commises dans l’est du Congo « votre souffrance est ma souffrance ».

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Photo : de gauche à droite, Corneille Nangaa, président de l’Alliance Fleuve Congo et Bertrand Bisimwa, leader politique du M23 lors de l’officialisation de la nouvelle Alliance à Nairobi, le 15 décembre 2023

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