Meheba (Zambie) : les permis de sortie se raréfient au grand dam des réfugiés

Meheba (Zambie) : les permis de sortie se raréfient au grand dam des réfugiés

Des réfugiés du camp de Meheba en Zambie déplorent le manque de permis de sortie depuis plus d’un mois. Cette situation met à mal des réfugiés qui vivent dans des centres urbains car ils doivent faire face à des amendes exorbitantes. (SOS Médias Burundi)

Au camp de Meheba, le «Gate-Pass », permis de sortie du camp, est devenu un casse-tête. Le service d’immigration au camp ne fournit pas d’explications, alors que les conséquences sont multiples.

«Des commerçants qui doivent sortir du camp pour s’approvisionner, des malades qui veulent aller se faire soigner en dehors du camp, des travailleurs journaliers qui se rendent dans des centres urbains les plus proches ou encore des gens qui doivent participer dans des cérémonies familiales. Tout ce monde est coincé ici et ils font la queue toujours devant les bureaux des services en charges de ces permissions », fait savoir un Burundais qui vient d’y passer des semaines en attente de ce document pourtant «facile à donner en moins de 30 minutes, car c’est juste un simple formulaire à remplir ».

Les services de l’immigration expliquent que « le système informatique est trop lent à cause de l’actualisation des données dans tout le pays », ce qui ne convainc pas les réfugiés.

Et les conséquences pour ceux qui vivent dans les centres urbains comme la capitale Lusaka sont encore plus dures.

«Nous avons des contrôles policiers chaque jour. Nous risquons de payer des amendes allant jusqu’à 10 mille kwacha zambien (près de 400 USD) ou encore des emprisonnements car nous devenons du coup des sans-papiers. Et puis nous devons nous déplacer vers nos camps chaque mois car la permission est mensuelle, tout cela nous inflige des pertes », expliquent-ils.

Début novembre dernier, les services de l’immigration en Zambie avaient procédé à une campagne de distribution de trois certificats de réfugiés nécessaires pour circuler librement. Il s’agit d’un certificat de réfugié, d’une carte orange pouvant aussi servir de mutuelle de santé dans certains cas et d’un permis de sortie du camp pour ceux qui le souhaitaient.

Les réfugiés s’en étaient réjouis et réclamaient que la validité du permis de sortie du camp soit prolongée pour durer un trimestre au moins.

Mais pour l’immigration, pas question de « se faciliter la vie”. Des mises en garde avaient d’ailleurs été données par l’immigration qui décourage toute sortie non autorisée des réfugiés à qui “il est strictement recommandé de rester dans les camps”.

«Nous voulons vous assurer qu’après cette campagne, il n’y aura plus de tolérance car vous aurez eu tous les documents d’identification nécessaires. Sinon, ceux qui seront pris seront punis conformément à la loi car ce sera de la négligence », avait-elle recommandé.

Raison de plus pour le moment, d’après des réfugiés, de s’inquiéter.

«Qu’ils délivrent alors à temps ces permis, pour que nous ne tombions pas dans cette situation d’irrégularité, sinon, on comprendra qu’ils le font exprès. Car en ce qui nous concerne, nous nous présentons pour demander ce document. La réponse que le système est lent ne suffit pas », laissent entendre des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Ces derniers temps, l’immigration zambienne avait arrêté de nombreux réfugiés dans les centres urbains et contraint d’autres à retourner dans les camps. Elle avait expliqué que c’était une façon de préparer un programme de ramener l’ordre dans la gestion des réfugiés.

Le camp de Meheba compte plus de 27 mille réfugiés dont trois mille originaires du Burundi.

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Photo : le document exigé pour sortir d’un camp de réfugiés en Zambie

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