Nyarugusu (Tanzanie) : reprise du rapatriement massif des réfugiés
Plus de 250 ménages ont été rapatriés ce jeudi, une première depuis plus d’une année. Certains réfugiés disent que « nous n’avons pas d’autre choix », blâmant les conditions intenables dans le camp de Nyarugusu. (SOS Médias Burundi)
Ils ont pris le chemin retour ce jeudi matin après avoir passé une nuit dans un hangar d’attente en plein camp de Nyarugusu.
Leur nombre est impressionnant.
“C’est la première fois depuis 2022 en tout cas. Plus de 250 ménages qui comptent plus de 1200 personnes en un seul convoi!! Le nombre était tellement grand qu’ils n’ont pas pu être contenus dans un seul hangar ordinaire d’attente, ils ont dû s’installer dans d’autres tentes nouvellement érigées”, raconte un leader communautaire.
Ces réfugiés sont originaires essentiellement des provinces de Makamba, Rumonge, Bururi, Ruyigi et Rutana dans le sud-est et sud-ouest du Burundi. Les rapatriés sont composés en grande partie de femmes et d’enfants ,a remarqué un reporter SOS Médias Burundi.
Raisons diverses…
D’après des témoins, beaucoup de ces réfugiés ne sont pas contents de retourner au pays. Certains ont pris la décision après avoir été rayés de la liste de distribution de la ration.
“Le mois dernier, plusieurs réfugiés ne se sont pas vus sur la liste de distribution des vivres, ils n’ont pas eu d’explications sauf qu’il y aurait eu des erreurs techniques, ce qui ne convainc personne ici. Alors, pour se retrouver sur la liste, ça peut prendre plus de six mois ou bien l’on peut ne jamais s’y retrouver”, expliquent des réfugiés ajoutant que plusieurs parmi les rapatriés sont de cette catégorie.
Pour d’autres, ils sont dépassés par les mauvaises conditions qui leur ont été imposées dont la fermeture des salles de classe, des marchés et des structures sanitaires.
“L’avenir est incertain, laissons-nous aller mourir chez nous”, a murmuré une mère d’enfants, rapatriée. Celle-ci tenait une boutique qui a été détruite au niveau de la zone 9.
Une autre raison est qu’une délégation burundaise s’est rendue dernièrement dans ce camp pour sensibiliser les réfugiés au retour volontaire.
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“Il y en a ceux qui ont indiqué qu’ils rentrent pour vérifier si les promesses des délégations envoyées ici sont réelles ou pas notamment quand à la sécurité et l’octroi des crédits pour se développer et lancer de petits commerces”, souligne une source sur place.
Enfin, la dernière catégorie est celle des gens qui sont accusés ou soupçonnés de n’importe quelle infraction.
“Rentrer tard dans la nuit, sortir sans permission, ne pas participer aux travaux conçus par l’administration ou tout autre soupçon, tout cela constitue un motif pour se voir infliger la punition de rentrer involontairement, ce qui est à déplorer”, regrettent des réfugiés burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
D’après un leader communautaire, les effectifs de ce jeudi sont très frappants, Nyarugusu étant connu pour sa résistance au rapatriement.
Nyarugusu compte plus de 110.000 réfugiés dont plus de 50 mille Burundais.
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Photo : des rapatriés composés par des femmes pour la plupart attendent un bus du HCR qui doit les ramener au Burundi, le 22 août 2024 à Nyarugusu © SOS Médias Burundi
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