Giharo : un jeune homme battu à mort par des Imbonerakure
Josué, 22 ans, a été passé à tabac ce mercredi après-midi par des Imbonerakure (membres de la Ligue des jeunes du parti CNDD-FDD) dirigés par Bernard Nibizi. Ils l’ont laissé pour mort dans un état comateux tout près de son domicile. Il a aussitôt succombé à ses blessures. La famille de la victime qui a alors exigé une enquête avant de l’inhumer est intimidée par l’administration et les responsables locaux du parti présidentiel. (SOS Médias Burundi)
Tout a commencé lorsque Josué a demandé à un autre jeune d’acheter un pantalon que celui-ci vendait à 20 000 francs burundais.
Après négociations et partage d’un verre, selon des témoins, les deux jeunes hommes sont tombés d’accord.
Il a été décidé que l’acheteur récupère le pantalon chez Josué sur la colline Kabingo, voisine de la colline Butezi où le drame a eu lieu.
Un malentendu a éclaté en cours de route. L’acheteur est alors allé chercher des Imbonerakure dirigés par Bernard Nibizi, leur représentant dans la nouvelle commune Musongati (sud-est du Burundi), qui n’ont pas tardé d’acourir.
Ils ont trouvé Josué et ont commencé à le rouer de coups, indiquent des habitants de la colline Butezi.
Quand les parents et le frère de Josué ont appris qu’il était en danger, ils sont vite allés sur place avec les 20 000 francs pour tirer Josué des mains de ses bourreaux.
Malgré l’argent remis à l’acheteur, cela ne l’a pas calmé. Il a décidé que ses amis continuent de tabasser Josué.
« Ils l’ont couché dans une position de crucifié, les bras et les jambes écartées », indiquent des témoins.
Bernard Nibizi a ordonné aux Imbonerakure de laisser le corps inerte de la victime tout près de son domicile.
Josué est décédé quelques instants plus tard.
« Le père de la victime a exigé ce jeudi matin une enquête sur la mort de son fils avant son enterrement. Mais tous les responsables du CNDD-FDD et administratifs se sont ligués contre lui », ont rapporté des habitants.
Le responsable du parti CNDD-FDD dans la nouvelle province de Burunga, Sylvain Nzikoruriho et Lydia Nihimbazwe, administratrice de Giharo, ont ordonné au père de Josué non seulement de l’inhumer immédiatement dans sa propriété mais aussi de quitter la province de Rutana, accusent des témoins.
Les voisins de la famille se demandent comment les auteurs du crime ajoutent le drame au drame « dans un État supposé de droit ».
Dans cette commune Giharo, Josué est la sixième personne morte dans les mains des Imbonerakure depuis 2020. Les suspects n’ont jamais été inquiétés.
Depuis juin 2023, quatre personnes ont été tuées par des Imbonerakure dans cette seule commune Giharo.
Le cas le plus choquant fut l’assassinat de Jean Claude Niyongabo, militant du CNL (principal parti d’opposition), assassiné la veille d’une visite du président Ndayishimiye le 19 mai 2023.
Il a été tué par des Imbonerakure qui faisaient une patrouille nocturne dans le cadre de sécuriser la route Muzye-Giharo. Cette visite du président Neva n’a pas eu lieu.
La famille de Jean Claude Niyongabo a imploré le chef de l’État d’intervenir pour que justice soit faite, sans succès.
Au Burundi, les Imbonerakure participent aux côtés des services de sécurité pendant les patrouilles nocturnes. Lors d’une journée leur dédiée, le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo a récemment remercié les jeunes affiliés à son parti pour « leur apport dans la sécurisation des frontières ».
Le président burudais a aussi loué samedi le 26 août 2023, le rôle des Imbonerakure dans la sécurisation des frontières de son pays. Évariste Ndayishimiye les a par ailleurs appelés à multiplier les rondes nocturnes estimant que » là où se trouve Dieu se trouve également le diable ». C’était en marge de la célébration du 7ème anniversaire de la journée dédiée aux Imbonerakure.
Selon le président burundais, les Nations-Unies et l’Union européenne ont terni l’image des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir pour avoir résisté à l’invasion du Burundi et aux massacres de Burudais.
Qualifiée de milice par les Nations-Unies, les Imbonerakure sont souvent cités dans des abus contre des opposants et supposés opposants dans la petite nation de l’Afrique de l’est.
Plusieurs rapports des organisations de défense des droits humains locales et internationales chargent les Imbonerakure d’agir impunément malgré les promesses du président Neva de « ramener l’ordre ».
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Photo d’illustration : un rassemblement des Imbonerakure dans le sud du Burundi, août 2023
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