Cankuzo–Cibitoke : des contributions exigées pour financer la croisade du couple présidentiel

Cankuzo–Cibitoke : des contributions exigées pour financer la croisade du couple présidentiel

Dans une lettre adressée au directeur provincial de l’enseignement dans la province Cankuzo (est du Burundi), le gouverneur demande à tout le personnel de l’enseignement comme à d’autres fonctionnaires de l’Etat, ainsi qu’aux agents des ONG œuvrant dans sa province de contribuer pour soutenir la croisade d’action de grâce du président organisée chaque fin d’année.A Cibitoke (nord-ouest), c’est le parti CNDD-FDD qui se charge de cette collecte auprès de la population et des commerçants en particulier.L’ONG locale Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités, PARCEM, demande la suppression immédiate de cette mesure pour l’intérêt de la population. (SOS Médias Burundi)

Les cotisations sont réparties en tenant compte des catégories.

« Le directeur provincial doit payer 5000 francs burundais, les enseignants cotisent 3000 tandis que les veilleurs paient 1000 francs », a-t-on appris auprès des enseignants.

L’organisation Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités, PARCEM, s’inscrit en faux contre cette mesure du gouverneur de Cankuzo.

Faustin Ndikumana, directeur national de cette ONG fait savoir qu’aucune autorité ne devrait s’adonner à collecter de l’argent auprès de la population alors que cette dernière paie déjà des taxes et impôts.

Cet activiste fait savoir en passant que le budget alloué aux croisades du couple présidentiel est estimé à trois cent millions de francs.

Pour M.Ndikumana, cette mesure est contre la loi régissant les finances au Burundi . Il ajoute que de telles autorités qui prennent ces mesures sont considérées comme « des courtisans de la cour royale ».

« Ces autorités, dont ce gouverneur, font semblant d’ignorer que la population croupit dans la misère », déplore-t-il tout en demandant au gouverneur de Cankuzo de surseoir à cette mesure.

La croisade du couple présidentiel est prévue du 26 au 28 décembre dans la province de Cankuzo.

Mêmes plaintes à Cibitoke

A Cibitoke, les habitants en général et particulièrement les commerçants de cette province (nord-ouest du Burundi) se lamentent suite aux contributions exigées par le parti présidentiel pour cette croisade d’évangélisation.

La collecte a été confiée aux responsables du CNDD-FDD qui sillonnent maison après maison et commerce après commerce pour lever des fonds de force.

Une somme allant de 3.000 à 10.000 francs est exigée à tout habitant aussi bien au chef-lieu que dans les communes de cette province.

Un responsable du parti d’opposition CNL à Cibitoke fustige le comportement du parti au pouvoir et appelle à « l »arrêt définitif de cette forme de vol ».

Pour lui, de « telles collectes n’engagent pas les membres et sympathisants de l’opposition. Le CNDD-FDD au pouvoir depuis bientôt 20 ans devrait exiger des contributions uniquement à ses membres », s’insurge-t-il.

Contacté à ce propos, le gouverneur de cette province affirme ne pas être au courant de cette information. Personne n’est encore venue se plaindre auprès de lui, dit-il.

Carême Bizoza compte tout de même « rencontrer les responsables provinciaux du parti au pouvoir pour s’enquérir davantage de la situation ».

Les responsables provinciaux du parti présidentiel rejettent ces accusations de collecte forcée et font savoir que « seuls les membres et sympathisants de notre parti cotisent pour faciliter l’organisation de cette croisade d’évangélisation ».

Des députés de l’opposition ont appelé le ministre en charge des affaires intérieures à « redresser ses subalternes » et exigé au ministre en charge des finances de réduire le budget de trois cents millions destiné à l’organisation des croisades du couple présidentiel chaque année, des événements qui se transforment souvent en propagandes de l’ancienne rébellion Hutu.

Mais pour certains hauts responsables du pays et du CNDD-FDD dont Daniel Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée nationale, « c’est normal que les autorités locales collectent des fonds pour mieux organiser des événements ».

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Photo : le président burundais Évariste Ndayishimiye et la première Dame Angeline Ndayishimiye dans une croisade d’évangélisation

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