Dzaleka (Malawi) : l’insécurité, une affaire de tous
Un rapport issu d’une enquête du HCR sur les causes d’une criminalité grandissante au camp de Dzaleka a été rendu public au sein du camp. Le document suggère que les criminels doivent être recherchés et punis. Les réfugiés doivent aussi être séparés de la communauté Malawite avec laquelle ils vivent depuis un certain temps. (SOS Médias Burundi)
La restitution du rapport tant attendu au camp de Dzaleka a été faite jeudi dernier, au bureau du HCR situé dans la zone de « Kawale II ». Plusieurs réfugiés y étaient conviés.
Des représentants de toutes les agences onusiennes et humanitaires, du gouvernement du Malawi ainsi que ceux des services de sécurité ont identifié plusieurs facteurs qui causent l’insécurité dans le camp.
« Le fait que les réfugiés vivent avec les citoyens du Malawi dans les mêmes villages, des irréguliers qui se font passer pour des réfugiés, surtout des Éthiopiens, Somaliens et Soudanais, la consommation des drogues ainsi que le trafic humain vers les pays de la partie australe de l’Afrique…», ont-ils tour à tour déclaré.
A titre d’exemple, ont-ils affirmé, « sur plus de 1000 Ethiopiens, seuls moins de 50 détiennent des documents de réfugié ». « Nous devons être plus vigilants et effectuer des fouilles ou des rafles pour ne rester qu’avec ceux qui sont en règle », ont recommandé ces officiels.
Le camp de Dzaleka situé dans le district de Dowa dans la région centrale du Malawi est souvent confronté à des cas d’insécurité comme des vols à main armée, le vandalisme de magasins et des tueries incessantes depuis un certain temps.
L’administration, la police et le HCR veulent en découdre avec cette situation.
Parmi les mesures urgentes prises, il y a la relocalisation des citoyens qui vivent dans de villages des réfugiés, le rassemblement des demandeurs d’asile dans un seul lieu d’accueil ainsi que la responsabilisation des leaders dans chaque zone.
« En premier lieu, la sécurité concerne les occupants du camp, raison pour laquelle on va choisir une trentaine d’hommes qui doivent faire des rondes nocturnes dans chaque zone. Nous voulons aussi que les réfugiés renseignent sur tout fait et geste inhabituels dans les villages », ont-ils insisté.
Les réfugiés espèrent que la situation va s’améliorer.
« Nous sommes prêts à contribuer et nous nous réjouissons que la police, l’administration et le HCR s’y impliquent », indiquent-ils.
Ce travail porte déjà des fruits : lors d’une fouille perquisition opérée dimanche dernier, huit jeunes suspects dont des Burundais ont été appréhendés.
« Ces jeunes gens arrêtés n’ont pas de documents de réfugié. Certains d’entre eux ont reconnu qu’ils font partie des groupes de bandits qui sèment la terreur la nuit. Ils ont été directement conduits vers la prison du district de Dowa », a fait savoir un leader communautaire qui espère que la situation pourra être maitrisée vu la détermination des réfugiés et de l’administration locale.
D’autres restent sceptiques.
« Ce n’est pas la première fois que des mesures sont prises mais rien ne change, surtout que les auteurs ne sont pas punis sévèrement. Pour le moment, attendons et voyons ! » disent-ils.
L’idée de mélanger les réfugiés et la communauté d’accueil avait été introduite il y a trois ans pour transformer le camp en un lieu d’intégration communautaire. Mais, depuis lors, la sécurité est allée de mal en pis. En 2023, au moins une vingtaine de personnes ont été tuées dont des commerçants réfugiés, mais aussi des citoyens malawites.
Entre temps, le HCR a demandé aux réfugiés qui veulent rentrer de se faire inscrire pour un rapatriement volontaire trimestriel. Les Burundais y répondent plus que les autres.
Le camp de Dzaleka compte plus de 50 000 réfugiés dont plus de 11 000 Burundais.
_______________________________________________
Photo : deux jeunes hommes suspectés de faire partie d’un groupe de clandestins arrêtés au camp de Dzaleka , mars 2024
About author
You might also like
Rwanda-Tanzanie: des réfugiés burundais quittent la Tanzanie pour demander asile au Rwanda
Depuis le début de cette année, plus de 100 réfugiés burundais ont déjà quitté les camps en Tanzanie pour aller demander asile au Rwanda. Pour cause, les assassinats et enlèvements
RDC-Burundi : plus de deux cents réfugiés burundais rapatriés
Les concernés étaient installés sur le territoire de Fizi, en province du Sud-Kivu à l’est de la RDC. Des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi affirment avoir
Malawi : un tribunal mobile au camp de Dzaleka opérationnel
C’est un tribunal mobile composé de juges et d’officiers de police judiciaire qui a été installé dans le camp de Dzaleka au Malawi. Selon nos informations, ses membres sont chargés