Mahama (Rwanda) : les réfugiés congolais Tutsis de Mahama ont rejoint leurs pairs pour alerter le monde

Mahama (Rwanda) : les réfugiés congolais Tutsis de Mahama ont rejoint leurs pairs pour alerter le monde

Ce mercredi, c’était le tour des réfugiés congolais Tutsis du camp de Mahama situé dans le district de Kirehe, de joindre leur voix à celle d’autres Congolais exilés au Rwanda pour réclamer le retour à la paix dans leur pays, ce qui permettrait leur rapatriement. Ils s’insurgent contre le gouvernement de la RDC ainsi que le silence de la communauté internationale, selon eux, qui contribue à la dégradation de la situation dans l’est du Congo. (SOS Médias Burundi)

Au camp de Mahama, ces réfugiés congolais ont fait le tour du camp empruntant la grande route qui contourne ledit site. Ils avaient des pancartes, bien faites et confectionnées, avec des écrits en français et en anglais. Mais la plupart d’entre eux ne parlent pas ces deux langues, a-t-on appris.

Les manifestants avaient aussi un microphone que leurs leaders utilisaient pour porter la voix très loin.

Cette grande manifestation dite pacifique etait dirigée contre la République démocratique du Congo qui, selon eux , continue de bafouer leurs droits et ceux des membres de leurs communautés restés au pays.

Ces réfugiés réclament l’arrêt immédiat des massacres pour pouvoir rentrer chez eux.
Ils ont dénoncé également ce qu’ils qualifient de l’inaction de la communauté internationale qui assiste indifféremment aux massacres perpétrés contre les Tutsis du Nord-Kivu , les Banyamulenge du Sud-Kivu et les Hema de l’Ituri dans l’est du vaste pays de l’Afrique centrale.

”Cela dure longtemps et nous en avons suffisamment assez. Nous nous insurgeons contre ce génocide qui se commet contre nos proches. Nous condamnons également le silence complice de la communauté internationale’’, pouvait-on entendre scander les leaders de réfugiés, des slogans repris en cœur par les manifestants.

La plupart des Congolais récemment transférés vers ce camp initialement construit pour les réfugiés burundais, ont fui la RDC depuis 2010.

”Moi je m’impatiente de cet état de fait. Pourquoi la communauté internationale ne réagit pas pour nous sauver. Les massacres se commettent au vu et au su de tout le monde, mais ils gardent le silence. Nous demandons à la communauté internationale d’agir sans tarder pour que s’arrêtent ces tueries’’, a déclaré à la presse locale, un manifestant.

Encadrés par la police rwandaise, les réfugiés contestataires sont ensuite rentrés à l’intérieur du camp.

Là aussi, ils ont continué à scander leurs slogans dans les rues des différentes zones du camp de Mahama de manière rythmée, disent des témoins.

”Nous nous insurgeons contre les tueries perpétrées contre nos familles Tutsi restées au Congo. Nous exigeons le retour à la paix au Congo pour que nous puissions rentrer. Nous protestons contre le génocide en cours, nous sommes fatigués d’être réfugiés’’, pouvait-on aussi lire sur leurs pancartes.

De telles manifestations ont été entamées lundi dans les camps de Kiziba et Nkamira à l’ouest du pays, une région frontalière avec la RDC.

Un réfugié congolais du camp de Mahama tient le drapeau national du Congo dans sa main droite en marge d’une manifestation contre les abus commis contre les Tutsis, les Banyamulenge et les Hema à l’Est du Congo, le 6 mars 2024 à Kirehe

D’autres réfugiés, burundais, avec qui ils vivent ensemble au même camp, sont restés avec beaucoup d’interrogation sur cette “manifestation pacifique”.

“Ici au camp on n’a pas d’imprimerie pour confectionner ces panneaux et banderoles. Et puis on n’a pas des moyens pour le faire. Ce qui laisse à penser qu’il y a une main invisible et puissante derrière ces marches ”, analyse un intellectuel du camp de Mahama, dénonçant une réaction de deux poids deux mesures.

“Je suis sûr que pour nous, de telles manifestations ne seraient pas autorisées. On a tenté en 2020 pour s’insurger contre des rapatriements forcés en quelque sorte, notre mouvement a été étouffé avant même la fin des préparatifs et certains leaders ont été emprisonnés”, se souvient-il.

LIRE AUSSI :

Le camp de Mahama, érigé dans le district de Kirehe, plus à l’Est du Rwanda est le plus vaste des camps de réfugiés existant au pays des mille collines.

Il compte plus de 63 mille réfugiés. Les Congolais sont estimés à 20 mille, le reste étant constitué de Burundais. Ces derniers ont fui la crise de 2015 qui a été déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza.

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Photo : des centaines de réfugiés congolais protestent contre le génocide visant leurs pairs à l’est du Congo à l’extérieur du camp de Mahama, le 6 mars 2024. (Note : les photos utilisées ont été prises par nos collègues de Igihe.com)

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