Mahama (Rwanda) : des rumeurs de sorcellerie entrainent des abandons scolaires en cascade
A l’école maternelle Early Childhood Development, ECD, du village six, zone III du camp de Mahama à l’est du Rwanda, plus de la moitié des enfants ne vont plus à l’école. Les parents parlent de trois enfants déjà morts depuis septembre dernier suite à des pratiques de sorcellerie. (SOS Médias Burundi)
Les choses sont devenues sérieuses depuis le début du deuxième trimestre.
« Avant, on croyait que c’était de simples rumeurs. Mais quand on a appris que trois enfants de moins de cinq ans sont morts dans des circonstances floues, on a été surpris. J’ai directement contraint les miens d’abandonner cette école. Ils sont avec moi à la maison », raconte une mère.
Cette dernière affirme avoir participé à l’enterrement de l’un de ces jeunes enfants.
« Il s’agit de deux garçonnets et d’une fillette : ils sont respectivement des villages 6, 5 et 4. Ce sont tous des Burundais et de la même classe, ce qui est bizarre. Des rumeurs disent qu’ils auraient été empoisonnés ou ensorcelés », racontent des parents de la zone VI.
À ceux-là s’ajoute un quatrième qui a été emporté par des eaux de ruissellement dans cette même zone. Il était lui aussi de cet établissement. Une coïncidence qui fait douter plus d’un parent.
Des employés de cette école disent aussi craindre pour leur vie.
« Nous n’avons pas encore identifié les raisons de ce phénomène mais nous voyons qu’il y a quelque chose qui n’est pas compréhensible et qui tue malheureusement les jeunes enfants ici. Ils tombent malades et succombent dans un temps relativement court », s’inquiètent-ils.
L’école n’a pas encore fermé ses portes mais le risque est grand, comme le soulignent ces enseignants.
Les responsables de l’ONG World Vision et la direction de cette école ont tenu des réunions de pacification et ont qualifié ces rumeurs de «non fondées car il n’y a pas de preuves tangibles».
Ils regrettent que plus de la moitié des enfants de cet établissement ont abandonné l’école et recommandent à leurs parents de les inscrire dans d’autres établissements plus sûrs des zones voisines.
Ces responsables du volet éducation au camp de Mahama indiquent qu’ils ont entamé des enquêtes sur « un enseignant » qui est beaucoup cité dans cette affaire.
Ils craignent que ce mouvement d’abandons ne contamine les autres écoles et demandent aux responsables administratifs de s’investir dans la sensibilisation pour y mettre fin.
Le camp de Mahama héberge plus de 63.000 réfugiés dont plus de 40.000 Burundais, le reste étant des Congolais.
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Photo : l’établissement qui enregistre des abandons scolaires de façon inquiétante à Mahama, mars 2024
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