Photo de la semaine : pénurie d’eau au centre urbain de province
L’eau manque cruellement au chef-lieu de la province Cibitoke (nord-ouest du Burundi).Depuis plus d’une semaine, aucune goutte dans les robinets.La population craint la résurgence des maladies des mains sales dans un contexte marqué par la variole du singe.La Regideso* parle d’extension de la ville où les besoins en eau montent en flèche. (SOS Médias Burundi)
La situation est devenue intenable ces derniers temps et les habitants, d’après des sources concordantes, sont obligés de parcourir plusieurs kilomètres pour se procurer quelques litres d’eau potable au chef-lieu de la province Cibitoke.
Entre temps, des files d’attente sont visibles partout devant quelques fontaines publiques encore fonctionnelles.
Des taxis vélos chargés de bidons vides errent partout à la recherche de l’eau.
Une source locale indique que l’eau manque à telle enseigne qu’on observe une hausse généralisée du prix d’un bidon de 20 litres qui est passé de 500 à plus de 700 francs burundais , voire même plus.
La même source fait savoir que partout dans les habitations, l’eau pour les travaux ménagers, comme la propriété des maisons, la lessive et la cuisine, fait défaut.
La sévère pénurie d’eau se fait également sentir sur les lieux de travail et à travers les structures sanitaires.
Pour ce dernier cas, les services de l’hôpital du centre Cibitoke souffrent énormément du manque d’eau potable.
Du coup, l’hygiène laisse à désirer notamment au niveau du bloc opératoire, de la maternité et de la pédiatrie.
Tous les services de la médicine interne, d’après l’un des membres du personnel soignant, font face à un déficit croissant de l’eau potable.
« On risque d’assister à une recrudescence de maladies, y compris celles des mains sales, comme le choléra et la dysenterie bacillaire », insis -t-il .
La variole du singe hante les esprits
Un jeune médecin, lui non plus ne cache pas ses inquiétudes.
D’après ses dires, l’actuelle pénurie d’eau potable vient envenimer une situation déjà délétère suite à la récente apparition de la variole du singe.
Pour lui, cette épidémie dont la prévention exige le lavage des mains et la propreté des lieux publics pourrait être aggravée par ce défit d’eau potable.
Le risque de propagation de la variole du singe est aussi souligné par un spécialiste de la santé publique qui ajoute que les habitants du centre cibitoke, notamment de la commune de Rugombo, font actuellement recours à l’eau très sale des rivières Nyamagana, Nyakagunda et Rusizi.
En outre, insiste-t-il, « ces cours d’eau servant pour l’irrigation des périmètres rizicoles contiennent des substances chimiques nuisibles à la santé humaine. Par ailleurs, les bureaux disposant de toilettes à siège laissent dégager une odeur nauséabonde ».
Les occupants et les bénéficiaires de divers lieux d’aisance ne fréquentent plus de tels endroits marqués par la saleté suite à cette sévère carence de l’eau potable.
Devant tous ces problèmes, l’administration semble être dépassée par les évènements. L’une des autorités locales contactée ne cache pas sa peur et se contente uniquement d’appeler la population à ne pas utiliser l’eau des rivières.
Selon le responsable de l’antenne de la Regideso à Cibitoke, « le tarissement de la plupart des fontaines publiques est dû à cette longue saison sèche ».
Bien plus, continue-t-il, « l’extension du centre Cibitoke et ses alentours font que les besoins en eau potable deviennent grandissants ».
Georges Icintije indique que pour y remédier, « de nouvelles sources d’eau sont en instance d’être mises en valeur », avant d’appeler la population à bien entretenir les infrastructures hydrauliques existantes.
Mais d’autres sources au sein de la Regideso expliquent que la plupart des installations de cette entreprise de production et de commercialisation de l’eau sont vétustes et ne sont pas remplacées à temps.
Certains intellectuels vivant dans cette province fustigent le travail de la Regideso qui d’après eux « manque d’expertise technique et de moyens financiers à la fois pour acheter de nouveaux équipements et entretenir les anciennes installations ».
La persistance de la pénurie de l’eau au centre urbain de cette province du nord-ouest du Burundi inquiète plus d’un. Un expert en hygiène et assainissement exhorte enfin de compte à la Regideso d’exploiter les eaux souterraines obtenues par forage pour « approvisionner le minimum de ménages et les services de l’Etat ».
Regideso*: la seule entreprise étatique en charge de la distribution de l’eau et de l’électricité au Burundi
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Notre photo : un robinet encore fonctionnel pris d’assaut par des conducteurs de taxis vélos et des femmes à la recherche d’une goutte d’eau potable, septembre 2024 © SOS Médias Burundi
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