Sud-Kivu : plus de 4000 barrières illégales installées par les milices et les services de sécurité

Sud-Kivu : plus de 4000 barrières illégales installées par les milices et les services de sécurité

Plus de 4000 barrières ont été répertoriées en province du Sud-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo. Elles ont été installées par les milices locales entretenues par les autorités congolaises, l’armée et la police, selon un rapport d’une commission d’évaluation de ces barrières. Les transporteurs sont les premières victimes de ces barrières.

INFO SOS Médias Burundi

Personne n’est épargné par les gardiens de ces barrières qui sont visibles dans les 8 territoires et la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, qui composent la province du Sud-Kivu, frontalière avec le Burundi. Mais ce sont les transporteurs qui payent le lourd tribut. Ils disent que leur activité est très affectée par l’implantation de ces obstacles.

 » D’Uvira à Misisi et de Misisi à Uvira, nous sommes obligés de payer un montant allant jusqu’à 1.000.000 de francs congolais ( 357 USD). Nous travaillons à perte », a confié à SOS Médias Burundi un chauffeur congolais, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.

Il n’est pas le seul à se plaindre. E. R, est un sexagénaire de Bijombo. Il affirme qu’il doit payer au moins 10 dollars pour chaque déplacement quand il se rend en ville d’Uvira. Entre son domicile et Uvira, il y a 7 barrières. Elles sont installées à Mitamba, Buhondo, Biziba, Kirungu, Nyarubwe, Kijaga notamment.

 » Sur chaque barrière, nous payons 3000 francs », déplore le sexagénaire. Et de se plaindre de plus :  » même les enfants paient ». Dans cette contrée, les résidents sont rançonnés à la fois par l’armée et les groupes armés locaux.

Sur les territoires d’Uvira, Fizi, Mwenga, Shabunda et Kalehe, les habitants dénoncent » le pillage de nos biens par les militaires et policiers quand nous ne trouvons pas de l’argent à leur donner ». D’autres affirment que  » même après avoir donné ces frais pour passer, on se fait voler nos effets à proximité de ces barrières ».

 » Pire encore, les éléments des FARDC ( Forces Armées de la République démocratique du Congo) censés nous protéger, nous passent à tabac quand nous voyageons sans argent sur nous », se désole un homme de la région.  » Les plus chanceux sont obligés de retourner à la maison ou de passer toute une journée assis à une barrière sans rien faire ».

Sammy Kalondji, l’administrateur du territoire de Fizi est monté au créneau pour exiger la suppression de ces barrières.

 » Je demande à tous les Wazalendo ( nom attribué aux milices locales entretenues par les autorités congolaises), de supprimer les barrières implantées sur le tronçon Fizi-Uvira. Cela revient à maltraiter les gens », a-t-il dénoncé. Selon cet officiel, chaque véhicule ou moto qui passe par ce tronçon doit verser des frais de passage aux milices qui contrôlent ces obstacles.

En septembre dernier, le conseil de sécurité au niveau provincial, s’est réuni à Shabunda. Le ministre provincial en charge de la sécurité Albert Kahasha, a demandé à tous les administrateurs de s’investir pour qu’il n’y ait plus de barrières illégales dans leurs zones.

Conscient de la gravité de la situation, le Gouverneur du Sud-Kivu Jean Jacques Purusi, a mis sur pied une commission chargée d’évaluer ces barrières. Elle lui a récemment remis un rapport. Selon le document,  » la province du Sud-Kivu dans son ensemble compte 4200 barrières ».

Dans l’est du Congo, ce n’est pas dans le Sud-Kivu seulement où les milices locales et même les groupes armés étrangers dont les FDLR ( Forces démocratiques de libération du Rwanda) et les Forces démocratiques alliées ( ADF) d’origine ougandaise, installent des barrières. Dans le Nord-Kivu et en Ituri, les groupes armés locaux et étrangers ont implanté des barrières dans les zones qu’ils contrôlent et installé une administration parallèle.

Cette situation expose les habitants à des exactions et abus quotidiens, selon la société civile locale qui reproche au gouvernement central d’avoir  » échoué à sa mission de protéger les Congolais ». La situation persiste malgré l’instauration de l’état de siège depuis mai 2021, dans l’objectif d’éradiquer les groupes armés locaux et étrangers notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Dès activistes ne cessent de demander aux autorités congolaises de  » lever cette mesure impopulaire ».

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Un check-point des casques bleus de la Monusco à Uvira dans le Sud-Kivu ©️ SOS Médias Burundi

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