Burundi : être femme leader, une tâche difficile en milieu rural
Les 7 et 8 octobre s’est tenue à Bujumbura, la ville commerciale du Burundi, la 5ème édition du forum de haut niveau des femmes leaders organisée par l’Office de la Première Dame pour le développement au Burundi sous le thème « Investir dans la petite enfance pour bâtir un capital humain solide tout au long de la vie » Quand on parle de femmes leaders, on pense directement aux femmes qui ont marqué l’humanité, leur entourage, qui ont accompli des tâches remarquables…etc.
Ces femmes existent en milieu rural et urbain. Force est de constater que les femmes rurales rencontrent plus d’obstacles pour accomplir leur rêve de leaders.
INFO SOS Médias Burundi
Marie leader (Imboneza) de la commune de Mayuyu, en province de Bujumbura( ouest du Burundi) évoque sa situation.
« En milieu rural, c’est difficile, il y a des préjugés…quand on est une femme leader on te considère comme une femme qui domine son époux alors que c’est faux, dans certaines localités on te donne des casquettes différentes…comme quoi tu es un membre du parti au pouvoir parce que des fois tu es obligée d’aller suivre des séminaires ou d’autres formations auxquels même les membres (femmes) du parti au pouvoir ne participent pas », indique-t-elle
Les femmes leaders dans le milieu rural dans certaines régions ne sont pas comprises.
Dorothée Butana de la colline de Makamba en commune de Rusaka, province de Mwaro ( centre du Burundi) explique elle aussi qu’être une femme leader n’est pas du tout facile.
Elle insiste sur les difficultés ne résidant pas à l’accomplissement de ses tâches quotidiennes-comme femme leader, elle oriente et guide sans problème ses sujets femmes ou hommes de sa localité.
« À la maison, mon mari me maltraite. Si j’ose défendre mes droits à la maison, mon mari me lance des injures en disant qu’être femme leader de ma colline, j’ai voulu me moquer de lui. Partout où il passe on parle du mauvais comportement de sa femme, ne cesse-t-il de me le rappeler », évoque-t-elle.
Ces deux femmes saluent le thème de cette année.
En investissant dans la petite enfance surtout en sensibilisant les jeunes filles rurales de faire de l’école leur priorité, le pays pourra au moins bannir tous ces problèmes.
D’après Dorothée, il y a des filles rurales qui , même aujourd’hui, pensent directement au mariage dès l’âge de 16 ans. Elles abandonnent par la suite l’école.
Monique Kanyange de la colline de Nyabibondo en commune de Nyabiraba ( Bujumbura), fait savoir que les hommes ne tolèrent pas des femmes rurales qui prennent la parole ou des décisions importantes dans leur entourage.
Peu d’hommes comprennent que la femme peut être un leader de développement.
Ils considèrent encore de telles femmes comme des femmes qui veulent dominer les hommes.
« Même si ça ne se dit pas à haute voix, nos hommes ont besoin d’être sensibilisés sur le sujet. La conception qu’ils ont d’une femme leader est encore fausse. Ils devront comprendre que dans les milieux ruraux, il y a des femmes qui ont impacté ou qui impactent même aujourd’hui leur entourage par leur parole, leur comportement, leur façon d’être ou avec leur façon de faire », ajoute-t-elle.
Sulvane Nyawakira de la colline de Nyabibondo en commune de Nyabiraba, avec un petit sourire sur son visage indique quant à elle que « la majorité des femmes burundaises sont des leaders de développement. Par exemple en milieu rural, la majorité des hommes passent leur temps dans des bistrots, peu sont des femmes qui fréquentent ces endroits. On sait tous que les boissons coûtent très chères aujourd’hui, mais les hommes fréquentent ces bistrots tous les jours. La femme rurale n’a pas droit au repos, après les tâches champêtres, d’autres tâches ménagères l’attendent », insiste-t-elle.
« La femme se donne corps et âme pour le développement de sa famille alors que son compagnon passe tout son temps dans des bistrots », martèle -t-elle.
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Des femmes rurales au Burundi lors d’une formation de sensibilisation sur l’importance de leur indépendance financière( SOS Médias Burundi )
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