Tanzanie : aucun champ de haricots n’est plus acceptable dans les camps de réfugiés burundais
L’administration des camps de réfugiés burundais de Nduta et Nyarugusu en Tanzanie a interdit formellement la culture de haricots pour la saison culturale A.
La raison n’est autre que l’éventuelle fermeture de ces deux camps avant la fin de cette année. Les réfugiés sont indignés par cette mesure qui vient s’ajouter à une très longue liste d’autres décisions qui, selon les concernés, visent à » les pousser au retour forcé ».
INFO SOS Médias Burundi
Dans les camps de Nduta et Nyarugusu, des réfugiés s’activaient pour labourer et préparer leurs petits champs pour la culture des haricots, comme l’une des légumes les plus consommées dans ces camps des réfugiés burundais.
Du coup, l’administration dans ces deux sites a anticipé pour interdire le semis.
« Plusieurs réunions improvisées ont été tenues à l’endroit des chefs de zones et de villages. Ensuite, le bureau du président du camp est passé dans chaque village pour s’assurer que le message a été transmis et capté : la culture des haricots est désormais bannie », explique un réfugié burundais à Nduta.
Le même exercice a été conduit au camp de Nyarugusu, du côté des Burundais.
Quand les réfugiés ont voulu savoir le motif de cet acharnement » de plus » à leur encontre, la réponse a été on ne peut plus claire.
« Les haricots durent un peu plus de trois mois pour avoir les récoltes. Alors, comme convenu, les camps devront être fermés avant cette période même s’il peut y avoir des exceptions… », ont indiqué des représentants du bureau du président du camp de Nduta.
« Alors, nous ne voulons pas détruire des champs en décembre. On aura d’autres préoccupations que cela. Vaut mieux en empêcher au début, prendre des mesures en avance qu’attendre le dernier moment », ont-ils insisté, selon des chefs de ménage qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Étonné, le conseil des leaders des réfugiés a émis une requête.
« Qu’ils nous laissent au moins pour que nous puissions cultiver à l’intérieur de nos parcelles et profiter des feuilles de haricot sans attendre la saison de récolte proprement dite », ont-ils suggéré.
Malheureusement, ils n’ont pas eu de réponse favorable.
Notre reporter a sillonné plusieurs zones pour constater une exception au niveau de la zone 9 du camp de Nduta. Un ménage avait déjà semé un petit champ de haricot avant cette interdiction formelle. Alors, l’administration a eu la clémence de ne pas détruire ce champ mais lui a soumis à de lourdes injonctions.
« Ne refait plus cela, n’agrandit pas le champ et que tes voisins ne suivent pas ‘ton mauvais exemple’. Et on sera tout le temps ici pour suivre de près ton cas, au grand risque de te sanctionner sévèrement si tu ne respectes pas l’ordre », lui a indiqué une grande délégation qui lui a rendu visite, « pour aussi faire peur à ses voisins », apprend-on.
Dans les deux camps, plusieurs champs labourés sont visibles. Les propriétaires attendent que la mesure soit levée pour procéder au semis.
Cependant, des anciens administratifs à la base, très habitués aux agissements des autorités tanzaniennes, disent qu’elles ne vont pas revenir sur leur décision. Ils conseillent plutôt à leurs compatriotes de ne pas s’exposer à la fureur de l’administration des camps de Nduta et Nyarugusu qui n’est plus réceptive à la demande des réfugiés burundais.
Ces derniers voient un avenir incertain et attendent impatiemment « le malheur » qui va » nous tomber dessus à la fin du mois de décembre prochain ».
Ils appellent le gouvernement tanzanien et le HCR à songer à respecter les dispositions de la convention 1951 de Genève sur la protection des réfugiés.
Les camps de Nduta et Nyarugusu situés dans le nord-ouest de la Tanzanie abritent respectivement plus de 58 mille réfugiés burundais et plus de 110 mille réfugiés dont plus de 50 mille Burundais, le reste étant constitué de Congolais. Les occupants originaires du Burundi ont fui la crise qui a été déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza en 2015.
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Photo d’illustration : une réfugiée burundaise dans un champ en dehors du camp de Nduta en Tanzanie ©️ SOS Médias Burundi
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