Burundi : la CVR poursuit ses enquêtes controversées

Burundi : la CVR poursuit ses enquêtes controversées

Depuis ce lundi, la Commission vérité et réconciliation (CVR) lance des enquêtes dans six provinces du sud-est et du nord-est du Burundi. La très controversée commission en charge de la réconciliation entre Burundais, qui ne se penche jusqu’à présent que sur les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis, a annoncé vendredi dernier que son travail va concerner toutes les crises (1885 à 2008) selon son mandat. (SOS Médias Burundi)

Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR, a annoncé l’activité vendredi dernier lors d’un point de presse qu’il a animé dans la ville commerciale Bujumbura.

Les provinces concernées sont: Makamba, Rutana, Ruyigi, Karusi, Muyinga et Kirundo dans le sud-est et le nord-est du Burundi.

M. Ndayicariye souligne qu’il s’agit d’une seconde opération car la première a eu lieu l’année dernière dans les provinces de Cankuzo, Bururi et Rumonge dans l’est et le sud-ouest du pays.

« Cette opération vise à connaître les personnes assassinées ou disparues durant les crises cycliques qu’a connues le Burundi », a-t-il expliqué.

« Elle cherche aussi à identifier les auteurs de massacres, les personnes qui ont tenté de protéger les autres, les criminels qui ont déjà pris le chemin d’aller demander pardon et les familles des victimes qui ont déjà pardonné les bourreaux », a ajouté le président de la CVR.

La très controversée commission en charge de la réconciliation entre Burundais, indique qu’à travers son recensement, elle va essayer de donner le nom aux victimes et aux présumés auteurs des massacres. La CVR qui a déjà qualifié les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis de « génocide contre les Hutus du Burundi », affirme que l’activité va concerner toutes les crises cycliques qu’a connues le Burundi. Selon son mandat, elle doit se pencher sur les tragédies qui ont endeuillé le Burundi entre 1885 et 2008. C’est-à-dire entre la date de tenue de la Conférence de Berlin sur le partage de l’Afrique et l’année où le dernier mouvement rebelle a déposé les armes au Burundi.

LIRE AUSSI :

Pierre Claver Ndayicariye appelle les familles concernées par cette opération à se préparer en conséquence pour donner la vraie version de l’histoire.

La CVR fait partie des instruments prévus par l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha de 2000. Elle reste la plus décriée des commissions mises en place dans ce cadre. Elle est attaquée par les associations de défense des droits de Tutsis qui lui reprochent de ne se préoccuper que des massacres qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis.

Le 20 décembre 2021, le président de la très controversée commission a déclaré que les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis constituent « un génocide contre les Hutus du Burundi».
C’était en marge d’une présentation d’un troisième rapport d’étape aux deux chambres du parlement dans la capitale économique Bujumbura. Mais le président Évariste Ndayishimiye a indiqué en mai 2022 qu’il n’est pas encore temps de déclarer que « les tueries de 1972 constituent un génocide».

Le Burundi a la même composition ethnique que le Rwanda, son voisin du nord où le génocide contre les Tutsis en 1994 a été reconnu par l’ONU.

Au Burundi, malgré la reconnaissance des massacres de 1972 communément connus comme « les événements de 1972 » comme « un génocide contre les Hutus » par les Huts majoritaires au pouvoir aujourd’hui, les deux ethnies peinent encore à se mettre d’accord sur l’appellation des crises qui ont emporté les leurs.

Jusqu’à présent, les Tutsis restent convaincus que la tragédie qui s’est abattue sur les leurs à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye en 1993 est « un génocide contre les Tutsis »,ce qui préoccupe moins M. Ndayicariye et sa commission qui ont refusé dans certaines provinces d’aller visiter des sites où des fosses communes de Tutsis leur ont été signalées.

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Photo : le président de la CVR Pierre Claver Ndayicariye sur un site d’excavation de restes d’ossements humains dans le centre-est du Burundi © SOS Médias Burundi

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