Cishemere : les longs délais d’attente, un obstacle majeur à la scolarisation des enfants demandeurs d’asile

Cishemere : les longs délais d’attente, un obstacle majeur à la scolarisation des enfants demandeurs d’asile

Le camp de transit de Cishemere, situé en province de Cibitoke ( nord-ouest du Burundi) accueille des demandeurs d’asile congolais fuyant la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en particulier originaires des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, depuis longtemps dévastées par la violence, les conflits et l’insécurité, alimentés par plus de 130 groupes armés locaux et étrangers. (SOS Médias Burundi)

Face à cette situation alarmante, de nombreux Congolais fuient vers le Burundi, espérant y trouver refuge et sécurité. Au camp de transit de Cishemere, les demandeurs d’asile vivent une attente prolongée avant d’obtenir le statut de réfugié, retardant considérablement la scolarisation de leurs enfants.

Le processus d’obtention du statut de réfugié, qui dépend de la Commission Consultative des Étrangers et des Réfugiés (CCER) sur proposition de l’Office National de Protection des Réfugiés et des Apatrides (ONPRA), implique des entretiens individuels et une évaluation approfondie de la situation de chaque demandeur d’asile. Ce processus prend des mois, voire plus d’un an, laissant de nombreux enfants demandeurs d’asile privés d’accès à l’éducation. Alors qu’ils séjournent dans ce site de transit en attendant leur transfert vers d’autres camps ou vers le site de Giharo (province de Rutana-sud-est), de nombreux enfants voient leur scolarisation compromise, voire totalement interrompue.

Pour mieux comprendre la réalité vécue par ces demandeurs d’asile, nous avons rencontré deux hommes qui ont fui la guerre dans la province du Sud-Kivu.

Un jeune homme devant des salles de classe au camp de transit de Cishemere dans le nord-ouest du Burundi ( SOS Médias Burundi)

Pierre, 45 ans, père de famille, est originaire de Kahololo , dans la chefferie de Bafulero, en territoire d’Uvira. Avec ses huit enfants, il raconte : « nous avons tout laissé derrière nous pour échapper à la guerre. Arrivés ici, nous espérions trouver un endroit sûr où mes enfants pourraient aller à l’école. Mais après plus de 11 mois dans ce camp de transit, ils n’ont toujours pas été scolarisés. Je me sens impuissant. L’éducation est essentielle pour leur avenir ».

Pierre explique que la vie au camp est difficile. Les ressources sont limitées et l’incertitude quant à leur avenir pèse lourdement sur sa famille. « Mes enfants passent leurs journées à ne rien faire. Ils devraient être à l’école, apprendre et jouer avec d’autres enfants. Au lieu de cela, ils sont confrontés à l’ennui et à la frustration ».

Luc est un autre chef de ménage. Il a quitté le territoire de Fizi avec ses six enfants après avoir été menacé par des miliciens Maï-Maï.

« Je suis venu ici avec l’espoir d’une vie meilleure. Mais la réalité est dure. Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école, et je ne sais pas combien de temps nous devrons encore attendre ici. Chaque jour qui passe est une lutte », explique-t-il.

Luc évoque également le sentiment d’angoisse qui règne dans le camp de transit. « Nous sommes entourés d’autres familles qui vivent la même détresse. Nous partageons nos histoires, mais cela ne change rien à notre situation. Nous avons besoin d’être transférés vers des camps où nous pourrons scolariser nos enfants et reconstruire nos vies. »

La non-scolarisation des enfants des demandeurs d’asile au camp de transit de Cishemere représente un défi majeur pour ces familles déjà éprouvées par la guerre.

Il est à noter que le Burundi a déjà accordé le statut de réfugié à près de 90 000 Congolais. Ils sont répartis pour la majorité dans cinq camps de réfugiés.

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Photo : une salle de cuisine dans le site de transit de Cishemere dans le nord-ouest du Burundi ( SOS Médias Burundi)

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